PRESS CONFERENCE OF THE NATIONAL EDUCATION’S UNION. CONFÉRENCE DE PRESSE DU SYNDICAT DE L’ÉDUCATION NATIONALE




Rentrée Syndicale du SENA


Déclaration



Mesdames et Messieurs, 

Chers parents, chers collègues,

Chers élèves,

Chers camarades,

L’école gabonaise va très mal, elle est même agonisante. Ces affirmations qui peuvent créer le doute dans les esprits de certains, ne traduisent que la triste réalité dans laquelle se trouve notre système éducatif aujourd’hui.

De mémoire de gabonais, c’est la première fois que nous assistons à une rentrée des classes à deux vitesses où l’argent prend le dessus sur la norme et le bon sens. En effet, n’autoriser l’ouverture que des seuls établissements privés laïcs révèle au grand jour l’objectif inavoué des autorités gouvernementales de favoriser l’enseignement privé laïc au détriment de l’école publique gabonaise. Oui, l’école gabonaise est en train d’être privatisée. De même que cette décision tend à montrer l’inexistence d’une égalité des chances de scolarisation et/ou de réussite entre jeunes gabonais, selon qu’ils fréquentent dans une école privée ou publique.

C’est également la première fois dans notre pays que nous avons entre les bras des milliers d’élèves (34 000) admis en classe de 6ème sans orientation parce qu’il manque des structures pour les accueillir. Toute chose qui met en lumière non seulement l’absence d’une réelle politique éducative dans notre pays, mais également l’amateurisme et l’improvisation qui ont pris racine au sein du Ministère de l’Education Nationale, ce malgré la tenue en 2011 des Etats généraux de l’Education et de la Formation. 

Mesdames et Messieurs, 

Notre école est malade. Le peu de considération pour l’école de la République conjugué à l’amateurisme et l’improvisation tous azimuts sont des facteurs de ce malaise. 

Oui, l’Etat gabonais est responsable de cette situation dramatique. Sinon, comment comprendre, en ce qui concerne l’importante question des structures d’accueil, que depuis 2009, le gouvernement n’a pas pu construire un seul établissement d’enseignement ou achever ceux dont les travaux avaient été initiés il y a plus de sept ans ? (CES Avorbam, CES Mikolongo, Lycée Montalier, lycée Excellence de Bitam etc…). 

De Séraphin MOUNDOUNGA à Florentin MOUSSAVOU, aucune nouvelle école publique n’a été construite à travers le pays, ce malgré les alertes sans cesse renouvelées du SENA et des autres partenaires sociaux. Conséquence, nos écoles sont surpeuplées d’élèves, ce qui dégrade davantage le climat d’apprentissage et participe fortement à l’échec scolaire. 

Dans nombre d’établissements scolaires de notre pays, la taille des classes avoisine les 150 élèves. Aussi, dans de nombreux cas, les apprentissages se font dans des salles de classe en déficit de table-bancs. Les enfants se trouvent ainsi obligés de suivre les enseignements à même le sol, tels est le cas notamment des lycées publics de Sibang, d’Oloumi, de Nzeng Ayong, Avaro (Port-Gentil) et des écoles publiques du PK8, de Sotéga, de Matanda (Port-Gentil). Dans pareille situation, quelle performance attendre des enseignants ou des apprenants ? Aucune, Mesdames et Messieurs !

Mesdames, Messieurs,

Les balbutiements du Ministre de l’Education Nationale sur la présente rentrée scolaire sont suffisamment révélateurs du malaise qui règne dans le secteur éducation. Il faut que cela cesse, car l’avenir de notre pays en dépend fortement

L’heure est donc grave et cette situation de confusion ne peut laisser notre syndicat sans réaction. C’est pourquoi le SENA condamne et rejette la mort programmé de l’Ecole publique gabonaise. Une mort programmée par des autorités ministérielles aventurières, lesquelles, au mépris des exigences des cartes scolaires locales, transforment des écoles primaires en Collège d’enseignement secondaire (CES). 

Cette fermeture aventureuse des écoles primaires condamne de nombreux parents à scolariser leurs enfants au privé. C’est le cas notamment, pour cette rentrée 2016-2017, des parents des élèves des écoles BELLE-VUE 3, DAMAS 1, ENS A, CAP ESTERIAS, OCTRA 1 et 2, GLASS, BATAVEA, Ecole Pilote du Centre. Une fermeture d’établissement qui condamne par ailleurs les élèves du Lycée d’Excellence d’Owendo à devoir subir les affres relatives aux effectifs pléthoriques qui caractérisent désormais leur nouvel établissement d’accueil, le complexe du Lycée National Léon MBA pour les uns et le Lycée d’Application Nelson MANDELA pour d’autres.

Fort de ce qui précède, Le SENA demande au Chef du Gouvernement d’annuler ces mesures inopérantes. De même, notre syndicat récuse pour le dénoncer le projet de Ministre Florentin MOUSSAVOU d’instituer la théorie du double flux (système de la mi-temps) au secondaire. Comme cela a été acté lors des Etats généraux de l’éducation de 2010, seules la construction de nouvelles écoles ainsi qu’une politique opérante de nouveaux enseignants peuvent favoriser la décongestion de nos écoles.

En ce qui concerne la construction de nouvelles écoles et la réhabilitation du bâti scolaire existant, c’est le lieu pour nous de dénoncer la pratique de l’Agence Nationale des Grands Travaux et Infrastructures, laquelle ne tient pas compte de l’urgence et du besoin réel en matière de constructions et d’équipements scolaires. 

Quant à la formation, relevons que, depuis deux ans, celle-ci connaît un coup d’arrêt préjudiciable à l’institution scolaire, avec notamment la suspension de fait des concours d’entrée dans les écoles normales (ENI, ENS). A quelques jours de la rentrée scolaire, si tant est qu’elle soit véritablement effective, des milliers d’enseignants gabonais attendent toujours d’être fixés sur l’organisation du concours d’entrée à l’ENS. Un concours renvoyé par la tutelle à une date ultérieure, sans explication. On ne peut mieux faire pour démotiver les postulants.

Mesdames et Messieurs ;

Le SENA qui a toujours œuvré pour le dialogue social constate que le gouvernement gabonais ne tient nullement ses engagements aussi bien en matière de formation et de gestion des personnels, qu’en matière de construction et d’entretien des infrastructures scolaires. 

A titre de rappel, le cahier de charge déposé sur la table du Ministre de l’Education Nationale le 9 décembre 2015 et sur lequel le gouvernement s’était engagé à trouver des solutions dans les meilleurs délais contenait les points suivants :

• La construction de nouvelles salles de classes ;
• L’équipement en tables bancs de nombreux établissements scolaires du pays ;
• La réhabilitation des structures d’accueil existantes et l’équipement des laboratoires ;
• La suppression de l’APC au regard des incohérences et des insuffisances observées dans sa mise en œuvre ;
• La réactivation de toutes les commissions ministérielles avec la participation des partenaires sociaux (examens, affectations, mise en stage…) ;
• La prise d’un Arrêté ministériel fixant l’organisation de la journée nationale de l’Enseignant, Martine OULABOU, chaque 23 mars ;
• Le recrutement et la formation des Enseignants, en quantité, surtout dans les matières scientifiques ;
• La finalisation du dossier des Enseignants du pré-primaire ; 
• La sécurisation des établissements scolaires ;
• Le paiement, désormais, des vacations après service fait, afin de lutter efficacement contre les fraudes, les omissions et la longue attente ;
• La liquidation des arriérés de la PIFE 2015 ;
• Le paiement de la PIP du 2ème trimestre 2015 ;
• Le paiement des rappels de solde.

Mesdames, Messieurs,

Pour être clair, aucun de ces engagements pris par le gouvernement n’a été satisfait tout au long de l’année scolaire écoulée. 

Aussi, face à ce mutisme, et ne pouvant plus continuer d’attendre indéfiniment la satisfaction des points de revendication pourtant négociés avec le Gouvernement, le SENA demande que tous ces préalables, auxquels s’ajoute la libération, sans conditions, des leaders syndicaux encore incarcérés, trouvent des solutions définitives avant la reprise éventuelle des cours fixée au 31 octobre 2016. Dans le cas contraire le SENA se réserve le droit de reconduire son mouvement de grève suspendu le 30 janvier 2016. 

En conséquence, le SENA lance un appel à l’unité d’actions des organisations syndicales autour des points ci-dessus évoqués.

Pour terminer, pour le mieux-être éducatif et la défense des libertés syndicales dans notre pays, le SENA appelle ses militants et sympathisants à la mobilisation en attendant la décision de l’assemblée Générale du samedi 29 octobre 2016.

Je vous remercie.

Fait à Libreville le 14 octobre 2016

Pour le BEN, le Secrétaire Général,
Fridolin MVE MESSA

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