UN AUTRE FORUM SUR L’ÉDUCATION AU GABON QUI EST UN FORUM DE TROP

Les experts venus d'outre mer



La cavalcade continue. Le défilé des experts venus de France, ces Raspoutine des temps modernes qui vendent aux africains des théories éducatives dont personne ne veut plus en France, devient une habitude. Le dernier bébé de ces rencontres qui permettent à des consultants français de venir jouer aux savants au Gabon, au frais des nègres, a pour titre « Le Forum des partenariats publics-privés pour une gouvernance universitaire innovante ». Beau titre n’est ce pas ? Mais si nous vous demandions ce que cela veut dire au concret, malin sera celui qui pourrait nous donner une réponse convaincante. Mais les brochures distribuée lors de ce forum organisé par le ministère de l’éducation nationale disent que ce forum serait un «fondement essentiel pour bâtir le capital humain nécessaire pour le Gabon Emergent». Après avoir lu ces lignes, le sourire narquois est de rigueur.

1. Pourquoi toutes ces inutiles réunions?
L’organisation de séminaires et rencontres est devenu un « big bizness » au Gabon. Les maitres du Gabon sont les propriétaires des entreprises prestataires lors de ces séances et comme il faut faire tourner ces entreprises, il faut organiser des symposiums tous aussi idiots les uns que les autres, à condition que les titres soient ronflants et que les experts viennent de France. Le Gabon est un tout petit pays. Les problèmes du système éducatif national sont connus de tous. Il n’y a que peu de mystères. Nous savons tous que dans les pays qui fonctionnent bien économiquement, l’éducation nationale prépare les jeunes dont l’économie et la société a besoin. C’est le modèle en vigueur dans les grandes économies de ce monde. Pas besoin d’un expert français pour venir nous l’apprendre, à grand frais. On ne peut pas s’attendre à un système éducatif performant dans un pays comme le Gabon, si à la base, nos enfants sont dans des conditions déplorables à partir de la maternelle. Nous savons tous que l’enseignement au Gabon n’est pas unifié, car l'offre éducative n’est vraiment pas équitable à tout point de vue quelque soit la situation géographique, les origines des élèves ou leur milieu social. Tout le monde n’est pas logé à la même enseigne, ce qui est un problème grave. L’égalité d'accès à l'éducation n’est qu’un vaine phrase, au Gabon, car il manque un large réseau national d'établissements scolaires, une politique de transport scolaire adaptée et gratuite, un système d’internats organisé avec des repas complet de bonne qualité nutritive. Alors, pourquoi faire venir des experts à la queue leu leu pour nous dire ce que nous savons déjà ? Même si cette fois, le forum se penche sur l’éducation universitaire, mais l’université gabonaise n’est que l’aboutissement d’un système éducatif qui a été suicidé depuis bien longtemps et si on ne rétabli pas la base, le supérieur continuera de souffrir.

2. Les trois quarts des gabonais suivant des études supérieures n’ont plus espoir de trouver un emploi au Gabon
Le paradoxe gabonais est énorme. On nous dit tous les jours qu’on veut former des gabonais, mais nous connaissons tous des nationaux bien formés et dans des domaines très recherchés, qui sont au chômage chez nous. Pourquoi ? Allez savoir ! Nous pouvons vous donner des exemples de gabonais qui sont ingénieurs dans le domaine du pétrole, qui ont été obligés de s’expatrier pour gagner décemment leur vie, car ils étaient employés au rabais à Port-Gentil ou à Gamba. Tous les gabonais ou presque le savent ; nos jeunes adultes universitaires l'ont très bien compris : la prospérité à la longue de notre pays reposera sur la connaissance. C’est inévitable. Nos grands parents et parents savaient déjà qu’en investissant dans le savoir, ils assuraient l’avenir de leurs enfants et contribuaient à la compétitivité de leur famille. Ils n’ont jamais eu besoin d’un forum quelconque pour savoir ce qu’ils devaient faire pour bien aiguiller leurs enfants. Même aujourd’hui, quand on discute avec des jeunes gabonais, ils veulent entreprendre des études débouchant sur un métier valorisant. A notre humble avis, ce ne sont pas les bons diplômés de l'enseignement supérieur qui manque sur le marché de l'emploi ; mais l’inverse, c'est-à-dire un marche de l’emploi incapable de valoriser les talents nationaux et ce n’est pas par des voies de forum que ce problème se réglera. Nous connaissons tous la situation qui étouffe les nationaux dans le secteur pétrolier, où les expatriés leurs sont toujours préférés, même quand les nationaux ont toutes les compétences et expériences requises.

Dans les séminaires organisés par les borgnes qui fourmillent au Gabon des Bongo qu’ils croient pays des aveugles, on entend souvent dire qu’il n’y a pas de bonnes compétences. Mais les pilotes d’air Gabon qui furent mis dans la rue suite à la fermeture de cette boite, étaient-ils incompétents ? Les ingénieurs de l’Octra ou encore ceux de Gabon-télécom, étaient-ils incompétents ? Qui pourrait en vouloir aux nationaux qui s’expatrient, quand ils ont vu leurs grands frères et grandes sœurs croire en ce Gabon, pour se faire licencier abusivement au bout de 10 ans de service, sans aucun autre débouché à leur disposition. Qui croirait encore en ce pays ? Au moment même où le fameux forum se tient à Libreville, des pères de familles ayant tous les diplômes requis et formations nécessaires, sont assis chez eux, parce qu’Ali Bongo à décidé de se débarrasser de l’ensemble des employés de tout un ministère et posé des scellés à cet édifice comme le ferait un bon propriétaire. Mais le Gabon n’est supposé être la propriété de personne. Nul ne peut avoir droit de vie ou de mort professionnel sur l’ensemble de la population. On ne peut pas d’un coté dire qu’on se plaint du manque de formation des gabonais, quand on réduit au chômage des gabonais hautement diplômés.