AN ENLIGHTENING ARTICLE ABOUT GABONESE PRISONS. UN ARTICLE ÉDIFIANT SUR LES PRISONS DU GABON



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Traduction française

February 26, 2019

LES PRISONS DU GABON ; UNE GRAVE REPRESENTATION DU PAYS


Le 29 septembre 2015, à 19 heures, j'étais libre de rentrer chez moi après avoir passé 83 jours dans la cellule d'une prison gabonaise construite en 1965 pour quatre cents détenus, et qui abrite aujourd'hui plus de deux mille personnes, dont beaucoup languissent sans inculpation ni représentation légale et sans espoir d'être un jour libérés. J'ai appris à connaître de nombreux détenus qui demeuraient incarcérés des années après avoir purgé leur peine, comme l’on confirmé les tribunaux. Certainement, j'étais l'un des rares chanceux. Pendant des mois, mes amis et ma famille, ainsi que plusieurs organisations internationales, m'ont présenté comme étant un prisonnier d'opinion - en raison de mon activisme et de mes critiques envers le gouvernement - et ont fait pression sur les autorités pour qu'elles me libèrent. À l'époque, on m'avait officiellement accusé de ce que l'on pourrait appeler « outrage au Président » - une accusation totalement fausse destinée à étouffer les critiques légitimes.

Bien que submergé d'émotion et désireux de quitter l’environnement de la prison, je fus rempli de tristesse pour les détenus que j'avais laissés derrière moi, ceux qui étaient devenus des amis pendant ma détention. Les « conditions d’existence », si on pouvait oser les appeler ainsi, étaient vraiment intolérables. L'eau potable n’était pas disponible. Les milliers de détenus incarcérés avec moi recevaient des aliments crus qu’ils devaient eux-mêmes cuisiner. Et le complexe infesté de rongeurs n’avait pas de médecin, ni infirmière, ni pharmacie. À ma connaissance, la situation reste aussi grave aujourd'hui qu'elle ne l’était à l'époque, sans réformes à l'horizon.

Ce jour-là, en 2015, les larmes aux yeux, j'ai dit au revoir et serré la main de chacun de ceux que je quittais. Je leur ai dit qu'en tant qu'athlète de haut niveau et personnalité publique, Dieu m'avait permis de vivre cette injustice pour une raison. J'ai promis à chacun d'eux d'utiliser ma voix et ma plate-forme pour informer le monde des conditions misérables dans les prisons gabonaises - beaucoup d'entre elles étant remplies de prisonniers d'opinion comme moi-même - et de violations des droits de l'homme et de la dignité humaine perpétrées à travers le pays. À bien des égards, en raison de la répression gouvernementale, le Gabon est devenu une prison à ciel ouvert pour beaucoup de mes concitoyens. Le fait que notre pays soit gouverné par la même famille depuis 1967 a tourné en dérision notre constitution et nos principes démocratiques fondateurs.

À ce jour, j'ai toujours des cauchemars et j'ai des flashbacks de mon temps en prison. Pour moi, cet endroit est l'enfer sur terre. Imaginez une trentaine de détenus vivant dans une cellule sordide censée accueillir au maximum six personnes. Pas de matelas, pas de ventilateur et pas d'accès à l'hygiène. En plus de toutes ces indignités, nous avons dû subir des abus quotidiens et la violence des agents des services correctionnels.

Réformer le système judiciaire gabonais - et les cellules pénitentiaires contenant les personnes injustement accusées, détenues et emprisonnées - n’est pas une priorité pour le régime actuel. Pour être clair, il est difficile de déterminer les priorités du gouvernement ces jours-ci, car le président n’a visité le pays que deux fois au cours des cinq derniers mois. Néanmoins, le préambule de notre constitution stipule que le gouvernement «affirmera solennellement son attachement aux droits de l'homme et aux libertés fondamentales découlant de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 et de la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948, consacrés par la Charte africaine des droits de l'homme et des droits des peuples de 1981 et par la Charte nationale des libertés de 1990. » Ces engagements n’existent que dans les textes. Ils ne sont ni pratiqués, ni respectés, par ceux qui sont au pouvoir.

Je ne peux pas terminer mon récit ici sans souligner une autre injustice spécifique perdurant à ce jour : deux citoyens Américano-Gabonais, Bertrand Nzibi et Amiang Washington, sont emprisonnés à tort depuis 2016. Leurs seuls crimes ont été d'avoir exercé la liberté d'expression en critiquant le gouvernement et d’appartenir à un parti politique d'opposition. Les deux hommes auraient été torturés, détenus au secret et en isolement, privés de tout contact avec leurs avocats. Bien que le gouvernement américain ait récemment attiré l’attention sur le bilan répréhensible du Gabon en matière de trafic d’êtres humains et du travail des enfants, il reste encore beaucoup à faire pour que le régime Bongo, au pouvoir, soit tenu pour responsable des innombrables violations des droits de l’homme perpétrées sous sa gouverne.

Les citoyens concernés, y compris les dirigeants Américains, peuvent améliorer la situation dans mon pays en interpelant haut et fort le régime pour ses excès et ses transgressions. Des leaders abusifs comme Ali Bongo et la coterie qui l’entoure se renforcent dans l’obscurité (et avec le pouvoir de leurs lobbyistes à Washington, DC). Éliminons ces couches d’abus et, avec elles, la façade de la dictature Bongo. Mes anciens compagnons de cellule, les activistes politiques et civiques du Gabon, et notre diminuée communauté de défense des droits de l’homme, ont besoin de toutes les aides possibles.



Christian Nkombengnondo est diplômé de l'Université de Stratford et membre dirigeant de la Diaspora Gabonaise pour la Démocratie et les Droits de l'Homme, groupe à but non lucratif qui mène des activités de plaidoyer auprès du public et entreprend des actions caritatives visant à autonomiser les citoyens Gabonais. C’est un athlète de classe mondiale, ayant remporté trois fois le titre de champion national de taekwondo au Gabon.

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