LA FIN TRAGIQUE DES RÉGIMES DICTATORIAUX: LEÇONS POUR ALI BONGO
Depuis quelques temps, les révoltes en série, parties du Maghreb arabo-berbère, et ayant déjà contraint á la démission des présidents Ben Ali de Tunisie et du jusque là très solide Moubarak d'Egypte, démontrent une chose capitale: que ces régimes policiers, autoritaires et dictatoriaux, qui étouffent et suffoquent leurs peuples dans un système "cocotte minute" qui ne permet qu'à une poignée de privilégiés de s'accaparer et de piller les richesses du pays; s'écroulent misérablement quand les peuples décident de se prendre en main, et leurs leaders ultimes finissent invariablement dans l'indifférence et l'abandon de leurs "amis" d'hier. La preuve, ces dictateurs ne survivent pas souvent longtemps à la déchéance.
1. Les dictateurs sont têtus et refusent d'apprendre de l'histoire des dictatures précédentes
Alors que les grandes puissances qui soutiennent souvent ces dictatures, comme tout le monde, peuvent sans peine entrevoir une image divisée, avec d'un côté les rues opprimées, et de l'autre, la volonté de continuer de traiter avec un allié autocratique dont le peuple réclame le départ. Alors qu'il est convenu qu'en démocratie, le pouvoir doit répondre á l'appel du peuple, et ce dans les plus brefs délais. Toutefois les dictateurs, même quand la détermination des peuples devient irréductible, refusent souvent de croire que les heures de leur régime politique sont comptées. Ils refusent jusqu'à la dernière minute la cession du pouvoir sous la pression de la rue. Nous sommes encore en train de voir à Bahreïn et en Lybie; et nous le verrons certainement au Gabon, où notre héritier de président se voit déjà avec un magistère d'au moins 25 ans. Nous avons vu la forme la plus caricaturale de cet entêtement à rester au pouvoir, dans la déchéance de l'ultime "roi africain", Joseph Désiré Mobutu, qui fut un des plus anciens, plus puissants et plus tenaces dictateurs issus de la guerre froide et de la décolonisation. Et pourtant á cause de son refus de savoir quitter les choses á temps, il finira dans l'indifférence quasi générale. Le cas Mobutu est une leçon dont doivent s'inspirer tous les dictateurs encore en service. Abandonné de tous, Mobutu est mort dans l'indifférence la plus absurde, car ignoré de tous ses pairs qui pourtant lui mangeaient dans la main pendant des décennies. Triste fin pour un homme considéré comme l'un de plus riches de la planète. Mobutu s'est effacé dans le plus grand désintéressement du peuple de son pays et de pseudos amis pourtant naguère nombreux à travers le monde. Sa déchéance précédée d'une dégradation pitoyable de sa santé avant sa mort, sont véritablement un signe et un présage pour les dirigeants comme Ali Bongo, pour qu'ils se souviennent que la gloire, le pouvoir, l'arrogance ne doivent jamais servir de prétexte pour mépriser les aspirations des peuples. Pour rappel, Mobutu a accédé au pouvoir à la suite d'un coup d'état militaire. Come pour Bongo au Gabon, il imposa à son peuple une "paix" fondée sur la peur, la violence, la répression. Comme Bongo au Gabon, il devient un des hommes les plus craints et les plus riches du monde. Comme Bongo au Gabon, il est l'allié de l'occident, il édifie la pyramide d'un pouvoir autocratique et prédateur, cimenté par l'argent. Comme Bongo au Gabon, il distribue faveurs et disgrâces, et règne sans partage sur les ruines d'un pays ravagé par la corruption.
2. Chaque dictateur se croit homme providentiel
Comme les faits sur le terrain sont souvent indéfendables et tragiques pour les populations, le dictateur fait systématiquement appel à la fabrication de l'information "dans le sens du poil". C'est ainsi qu'il est demandé par les ministres de l'Information à tous les employés de la télévision et de radio d'état, à venir à l'appui au dictateur-président. Alors qu'il a été clairement rejeté par le peuple; la presse d'état, dans une campagne de propagande à la faveur du régime, présente le dictateur comme l'homme providentiel, presque l'envoyé de Dieu pour sauver le pays, celui qui garanti la paix sociale face "aux vendeurs d'illusions" (une expression très á la mode au Gabon). Mais souvent occupé à torturer leur peuple, ces dictatures ne voient même plus ni l'érosion, ni la fragilité de leur pouvoir. Alors, quand il y a révolte populaire, elles sont surprises par la rapidité des lâchages des capitales européennes et occidentales qui les ont toujours soutenues. Le plus tragique, ou amusant, dans l’histoire, est que ces lâchages dramatiques par les puissances occidentales qui leur déroulaient le tapis rouge et les considéraient comme les messies de la stabilité, sont sans état d'âme. Au crépuscule de leur vie, les "pères de la nation" se retrouvent désespérément seuls, au Maroc, en Arabie Saoudite, ou encore dans une chambre d'hôpital à Quiron à Barcelone.
C'est en réaction face au choc de l'abandon, que les dictateurs veulent faire leur mea culpa, mais il est souvent trop tard, car le peuple ne veut plus rien savoir. La maladie et la dépression prennent alors le dessus et la triste fin est proche. Ben Ali qui hier encore était à la cime de la société tunisienne se bat entre la vie et la mort aujourd'hui dans l'anonymat Saoudien, loin de sa terre. On nous dit aussi que Moubarak serait gravement malade. Ali Bongo apprendra t-il la leçon de l'histoire?
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