THE PRESENTATION MADE BY CASIMIR OYÉ MBA DURING THE CITIZEN FORUM. LA PRÉSENTATION FAITE PAR CASIMIR OYÉ MBA LORS DU FORUM CITOYEN

M Casimir Oyé Mba, Vice-président de l'Union Nationale a présenté le propos introductif du 4eme thème du forum citoyen (photo: J. P. Rougou)





Monsieur le Président de l’Union Nationale,

Mesdames et Messieurs les membres du Bureau national de l’UN,

Madame et Messieurs les Membres du FRONT de l’opposition pour l’Alternance,

Mesdames et Messieurs les Représentants des Partis politiques,

Militantes et militants de l’UN,

Mes chers compatriotes,

La situation politique qui prévaut dans notre pays depuis le retour du multipartisme, aggravée en 2009 par le coup d’état électoral qui a porté M. Ali Bongo Ondimba à la tête du Gabon nous interpelle tous. Elle appelle à une réflexion urgente et partagée sur les moyens à mettre en œuvre pour parvenir à l’Alternance au Gabon et mettre fin au régime Bongo-PDG.

En effet, depuis la restauration du multipartisme au Gabon, à l’issue de la Conférence nationale de 1990, notre pays n’a jamais pu faire l’expérience de l’Alternance. En dépit de la volonté de changement maintes fois exprimée dans les urnes par les gabonaises et les gabonais, malgré la qualité et la popularité des différents candidats de l’opposition à ses différents scrutins, malgré l’usure d’un pouvoir sclérosé par une longévité excessive, par la corruption et plombé par un bilan économique et social catastrophique, toutes les élections organisées au Gabon depuis cette date ont été frauduleusement « remportées » par le Parti au pouvoir .

Le phénomène de l’abstention que l’on observe depuis plusieurs années à ces différentes consultations indique que les gabonais ne sont plus dupes, et qu’ils ne croient plus en la vertu des élections dans une démocratie sans possibilité d’alternance. Un pays où ne survient jamais d’alternance n’est pas un pays démocratique.

La partialité des institutions et organismes en charge des élections, la dispersion des forces du changement et les influences extérieures ont, hier favorisé l’enracinement dans notre pays d’un régime rétrograde et obscurantiste, se nourrissant du tribalisme et reosant sur la corruption, la concussion et le maintien des privilèges d’un clan, voire d’une famille.

Ces mêmes causes ont favorisé en 2009 l’émergence d’une dictature brutale et arrogante, s’appuyant sur l’armée, confisquant les médias publics, malmenant l’Etat de droit et portant des atteintes graves et répétées aux libertés publiques, le tout agrémenté par un discours populiste, démagogique ; mystificateur, et pour tout dire, mensonger.

L’élection présidentielle anticipée du 30 août 2009 était déterminante pour notre pays à plus d’un titre. Après le règne long de plus de 42 ans, la grande majorité de nos compatriotes ont appréhendé cette échéance comme un tournant décisif de l’histoire politique de notre pays, une occasion de réconciliation nationale, le début d’une ère nouvelle et l’espoir d’un engagement patriotique qui devait déboucher sur l’alternance tant souhaitée. Mais l’alternance ne s’octroie pas, elle se construit, elle se conquiert.

A travers sa participation massive à ce scrutin, le peuple gabonais visait un double objectif :

- Placer à la tête de l’Etat un homme ou une femme qui saurait l’écouter, le comprendre et qui serait capable d’impulser un développement harmonieux du pays, dans un environnement de liberté, de paix, de stabilité et de justice sociale ;

- Se réconcilier avec son élite politique et ses institutions à travers l’organisation d’une élection présidentielle libre et transparente.

Mais la conduite ouvertement partisane de la transition, le parti pris avéré de l’ensemble des institutions en charge de la régulation de la démocratie et de la conduite du processus électoral ont tellement perverti cette élection que le fossé déjà existant entre les gabonais et les institutions de la République s’est creusé encore davantage.

Depuis lors tout dialogue est rompu et les gabonais se regardent en chiens de faïence.

Les élections de 2011 n’ont fait qu’accentuer cette situation.

Le taux d’abstention, d’une importance rarement atteinte, ainsi que les résultats qui ont produit une Assemblée nationale monocolore, ont consacré un net recul de la démocratie, sinon un retour de fait au système du Parti unique.

Les renouvellements du Conseil National de la Communication et de la Cour Constitutionnelle sont ensuite venus confirmer la collusion entre le Parti au pouvoir et les institutions de la République, avec la désignation à leur tête de personnalités très proches politiquement et familialement d’Ali Bongo Ondimba.

Dès lors aucun doute n’est plus permis quant à la partialité de telles institutions et à leur capacité à réguler la démocratie. En se mettant au service exclusif d’un clan, voire d’une famille, les institutions gabonaises actuelles ont perdu toute crédibilité. Comment faire pour les mettre hors d’état de nuire à la démocratie pour que les prochains scrutins soient libres, transparents et crédibles ?

Mes chers compatriotes,

A ce blocage politique et institutionnel qui rend la démocratie gabonaise inopérante, s’ajoute une crise économique et sociale d’une rare ampleur. Je sais bien que notre rencontre d’aujourd’hui s’inscrit dans un cadre essentiellement politique, puisqu’il s’agit de dégager notre feuille de route pour l’alternance. Mais comment séparer le politique de l’économie dans la gouvernance de l’Etat, surtout dans un pays où le pouvoir entretient des relations quasi incestueuses avec le monde des affaires ?

Depuis 48 ans, notre pays est englué dans les mêmes problèmes socio-économiques, alors que le Gabon ne manque ni d’atouts, ni de ressources financières.

Aujourd’hui, de nombreux fonctionnaires sont assis à la maison, le chômage dépasse les 30%de la population active, les entreprises hésitent à investir et licencient, la paupérisation de la population se généralise de jour en jour, sans qu’aucun espoir ne pointe à l’horizon. Tous les ingrédients d’un délitement de la société s’accumulent pendant que le pouvoir se distingue par une communication officielle coûteuse et démagogique qui vise à minimiser la gravité de la crise et la nécessité d’un sursaut national pour en sortir.

En dépit des nombreuses stratégies préconisées au long des décennies, l’économie gabonaise est restée une économie de rente qui tire l’essentiel de ses ressources du pétrole, donc tributaire des aléas de la conjoncture pétrolière internationale. Aujourd’hui, le pouvoir établi se gargarise des taux de croissance élevés, mais dans le même temps on constate une dégradation du niveau de vie des populations et un très fort taux de chômage qui frappe surtout les jeunes, même quand ils sont diplômés. A ces maux s’ajoute le fait que la richesse nationale ne profite qu’à une petite minorité de la population assimilable à un clan.



Mes chers compatriotes,

La situation catastrophique de notre pays aussi bien au plan politique, qu’au plan économique et social interpelle tous ceux qui aspirent au changement : L’opposition, les mouvements associatifs et même la communauté internationale. Nous devons dégager une stratégie commune face au blocage politique et institutionnel actuel, afin de rendre la démocratie gabonaise opérante et mettre fin au pillage des ressources de notre pays.

Le présent Forum nous donne justement l’occasion d’ouvrir des pistes de réflexion sur les préalables nécessaires avant d’envisager la tenue d’une quelconque élection au Gabon.

Il me paraît évident qu’avec le dispositif légal et institutionnel actuel, aucun changement ne peut sortir des urnes : Liste électorale savamment aménagée, biométrie tronquée, une CENAP et une Cour Constitutionnelle apprivoisées, une administration aux ordres, des médias publics en service commandé.

Tout cela conçu pour qu’à chaque élection le pouvoir en place gagne.

Il faut donc absolument réformer en profondeur ce dispositif. Cela signifie beaucoup de choses, dont je mentionnerai ici les principales :

- Réaliser un recensement de la population sur des bases techniques indiscutables, afin de dégager le vrai nombre de gabonais en âge de voter, c’est-à-dire le CORPS ELECTORAL ;

- Etablir une LISTE ELECTORALE fiable, en utilisant les techniques éprouvées d’une BIOMETRIE moderne et non pas biaisée et tronquée ;

- Prévoir L’IDENTIFICATION de chaque électeur à son bureau de vote ;

- Prévoir l’INTERCONNECTION des bureaux de vote, pour éviter les doubles ou multiples votes :

- Envisager de supprimer les procurations.

Comment comprendre qu’au Togo qui compte 7 à 8 fois plus d’habitants mais dispose de moins de moyens que le Gabon, qu’au Nigéria qui compte plus de 120 millions d’habitants, on a réussi à établir des listes électorales biométriques fiables, et qu’on ne puisse pas le faire au Gabon, un pays qui n’a même pas 2 millions d’habitants ?



LA CONSTITUTION

L’idée générale est de revenir à l’esprit de la Constitution de 1991 :

- Election à deux tours,

- Limitation du nombre des mandats présidentiels à deux,

- Expurger la Constitution des dispositions introduites par la révision de 2011 et qui permettent la prolongation des mandats au-delà du terme normal.

LES ORGANES IMPLIQUES DANS LES ELECTIONS



_ Le Ministère de l’intérieur

Le Ministre de l’intérieur est dans tous les pays une personnalité de confiance du Président.

Dans les pays où la démocratie est enracinée depuis longtemps dans les esprits et dans tous les compartiments de l’appareil d’Etat, le Ministre de l’intérieur ne peut pas poser des actes qui s’écartent grossièrement de la loi, car il sait qu’il est » regardé par tout le monde » et que ses actes peuvent être attaqués avec succès.

Dans un pays comme le Gabon, où la démocratie est encore balbutiante, on n’a pas les mêmes scrupules. C’est ainsi qu’en 2009, on a vu le Ministre de l’intérieur annoncer les résultats alors que la CENAP n’avait pas encore fini son travail de recollection.

On peut donc légitimement se demander s’il n’est pas préférable que le Ministère de l’intérieur soit mis à l’écart du processus électoral, au moins dans sa phase finale.

_ LA CENAP

Théoriquement elle est bâtie sur un modèle paritaire entre les membres issus de la majorité et ceux de l’opposition.

Mais nous savons tous que parmi ceux-ci se glissent de faux opposants, à la faveur d’artifices divers, souvent sonnants et trébuchants.

On peut aussi s’interroger sur le niveau élevé des indemnités servies par la CENAP, qui attirent certaines personnes mues non pas par la volonté de contribuer à des élections propres, mais simplement par des perspectives de gain ; ce qui les rend sensibles aux tentations.

La grande longévité des responsables de la CENAP est aussi un problème en soi.


_ La Cour Constitutionnelle

Le caractère monolithique de sa composition en fait en réalité un instrument de conservation du pouvoir et la décrédibilise.

On peut imaginer des formules faisant que la moitié ou le tiers de ses membres viennent de sphères politiques autres que celle du Pouvoir en place.

Enfin, les esprits sont de plus en plus acquis à l’idée qu’une durée excessive à des fonctions est source de problèmes. La Présidente de notre Cour Constitutionnelle est en place depuis la création de la Cour en 1991. Même si elle est pétrie de qualités, n’est-ce pas trop long ? Ne peut-on pas limiter à deux le nombre de mandats des membres de la Cour ?

Telles son, chers compatriotes, les quelques pistes soumises à votre réflexion. Il y en a certainement d’autres ; en tout cas dans le domaine des élections, nous devons nous atteler résolument à améliorer la transparence.

En organisant ce Forum, l’UNION NATIONALE a voulu surtout susciter le débat, vous donner la parole, vous associer à l’exploration d’une voie pouvant conduire à l’ALTERNANCE. Nous vous écoutons.



Merci de votre attention.

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