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Traduction française

L’absence du président pourrait causer une lutte pour le pouvoir au Gabon, un pays riche en pétrole
Par Elie Smith et Katarina Hoije
13 novembre 2018


Trois semaines après que le président Gabonais, Ali Bongo, ait été conduit précipitamment à l'hôpital en Arabie saoudite et arrêté d’apparaitre en public, son absence risque de créer une vacance de pouvoir dans ce pays d'Afrique Centrale que sa famille dirige depuis un demi-siècle.

Bongo, âgé de 59 ans, est soigné pour une maladie non spécifiée à Riyad, où il assistait à un sommet économique le 24 octobre dernier. Deux semaines après avoir déclaré qu'il souffrait de fatigue sévère, le gouvernement a annoncé dimanche que Bongo se remettait d'un "saignement", sans en donner plus de détails. Le gouvernement n'a pas commenté le rapport de l'agence Reuters selon lequel il aurait eu un accident vasculaire cérébral.

L'incertitude entourant Bongo pousse les Gabonais à spéculer sur les réseaux sociaux quant à l'avenir du deuxième plus petit producteur de pétrole de l'OPEP. Il est au pouvoir depuis 2009, année où il a remporté une élection contestée pour succéder à son père, Omar Bongo, décédé des suites d’une insuffisance cardiaque au centre de santé de Barcelone après avoir été au pouvoir pendant plus de quatre décennies. En janvier, il a fait adopter par le Parlement des modifications constitutionnelles élargissant ses pouvoirs déjà étendus.

Les investisseurs étrangers sont également inquiets. Les euro-obligations du Gabon sont les moins performantes d'Afrique ce mois-ci, selon les données compilées par Bloomberg. Les rendements des 700 millions de dollars d’obligations de la nation arrivant à échéance en 2025 n’ont augmenté que de 4 points arrivant à 8,8% à 10h27 à Londres, leur taux le plus élevé depuis le 20 août.

Si le président est frappé d'incapacité, la constitution stipule que le président du Sénat assume ses fonctions jusqu'à la tenue d'élections dans les 60 jours. Cela s'est passé en 2009 pour permettre au parti démocratique gabonais au pouvoir de nommer Ali Bongo comme candidat à l’élection.

Les figures clés qui seraient susceptibles de jouer un rôle important dans l’orchestration de la succession sont : Frederic Bongo, demi-frère d'Ali, qui est à la tête des services de renseignement de la Garde Républicaine, et le Premier ministre Emmanuel Issoze-Ngondet, selon l'activiste de l'opposition Michel Ongoundou.

Les enfants Bongo

"Tout ce qui se passe en ce moment, ne sont que des rumeurs véhiculées par la famille Bongo", a déclaré Ongoundou par téléphone depuis la capitale, Libreville. "Les communications concernant Ali Bongo sont contrôlées par sa famille et non par le gouvernement".

Les candidats potentiels de la famille Bongo qui pourraient être nommés à la tête du parti au pouvoir sont le fils aîné d'Ali, Noureddin, 25 ans, qui accompagne souvent son père lors des visites officielles, ou sa fille Malika, 32 ans. Si la transition au sein du parti pourrait être relativement souple, une nouvelle élection pourrait déclencher des troubles généralisés, a déclaré Ryan Cummings, directeur de la société conseil de risques, basée à Johannesburg, Signal Risk.

Répression policière

L’élection présidentielle de 2016 a été entaché de violentes répressions policières contre des membres de l’opposition qui avaient protesté contre les résultats proclamés jugés peu plausibles. Bongo a battu son principal adversaire, Jean Ping, par moins de 6000 voix, en raison d'un taux de participation de 99% dans la province natale des Bongo. Le taux de participation dans les huit autres provinces du Gabon était en moyenne de 60%.

Les tribunaux ont rejeté les plaintes de Ping alors même que l'Union Européenne avait constaté le manque de transparence et que le gouvernement Français avait demandé un recomptage. Bongo a depuis lors fait des ouvertures à la Chine, qui importe du pétrole, du manganèse et du bois en provenance de cette nation de moins de 2 millions d'habitants.

Ping, que son profil Twitter décrit comme "le président élu" du Gabon, a organisé un rassemblement le 3 novembre dernier pour réitérer son affirmation selon laquelle il aurait gagné en 2016.

"S'il y a une déclaration de vacance de pouvoir et qu'un processus constitutionnel n'est pas suivi, Ping pourrait mobiliser sa base de soutien pour se placer au centre de toute succession", a déclaré Cummings. "Cela pourrait provoquer des troubles dans les grands centres urbains tels que Port-Gentil et Libreville."

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