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Traduction française
Alors que sa dynastie dirigeante fane, le Gabon, un allié des États-Unis et gardien de l'influence française en Afrique, s'interroge sur son avenir
La fragilité de l’une des dynasties politiques les plus anciennes au monde a été mise en lumière lorsque l’armée a tenté un coup d’Etat au Gabon en janvier.
Le coup d'Etat, orchestré par de jeunes membres de l'armée gabonaise, n'a pas permis de renverser Ali Bongo Ondimba, dont la famille dirige ce pays d'Afrique centrale depuis la fin des années 1960. Et la prochaine élection présidentielle au Gabon ne se tiendra pas avant l’été 2023.
Le mandat de Bongo pourrait s’épuiser plus tôt.
L’homme fort âgé de 60 ans est effectivement incapable de gouverner depuis son apparent accident vasculaire cérébral en octobre 2018, en Arabie Saoudite ou il prenait part à l’Initiative pour les investissements futurs, souvent appelée « Davos du désert ».
Sa fragilité apparente lors de ses récentes apparitions à la télévision, associée à un coup d'Etat manqué et à l'absence d'un héritier évident, a créé un fort sentiment national que la dynastie Bongo des cinq dernières décennies du Gabon vit ses derniers jours.
L’un des derniers avant-postes néo-coloniaux français en Afrique
Les troubles politiques sont rares au Gabon, un petit pays d'Afrique centrale grand comme l'État du Colorado, avec une population de 2 millions d'habitants et une lucrative industrie pétrolière.
À l'exception d'un coup d'État militaire de courte durée en 1964, le Gabon a été considéré comme un bastion de stabilité en Afrique centrale, où se concentrent mes recherches. La richesse pétrolière et le soutien français de la dynastie Bongo ont contribué à la sécurité du Gabon et ces dernières années, Bongo a utilisé cette stabilité pour faire du Gabon un allié clé des États-Unis dans la région.
Mais la stabilité n'est pas la même chose que la démocratie.
Depuis son indépendance de la France en 1960, le Gabon n’a eu que trois présidents. Le premier était Léon M’ba, qui a gouverné de l’indépendance jusqu’en 1967. Le père du président actuel, Omar Bongo Ondimba, a pris le pouvoir après la mort de Mba.
Omar Bongo a ensuite dirigé le Gabon d'une main de fer pendant 42 ans. Pour rester au pouvoir, il a orchestré des ajustements garantissant que le système électoral naissant du pays ne devienne jamais indépendant, libre ou équitable.
Pendant son règne, Bongo père a contribué à maintenir l’influence politique et la puissance militaire françaises en Afrique en signant plusieurs traités de défense avec la France. Sa politique a bénéficié à la «Françafrique» - un terme désormais décrié décrivant la relation «spéciale» de la France avec ses anciennes colonies sur le continent, qui comprend le soutien de dictateurs qui en retour protègent ses intérêts économiques.
Omar Bongo veilla à ce que le Gabon reste une «enclave néocoloniale», comme l'a écrit l'anthropologue Michael Reed en 1987 dans le Journal of Modern African Studies.
"L’identité même du Gabon est indissociable de la France", a déclaré Reed, "et l’insistance persistante de celle-ci au statut de" puissance majeure ", dans laquelle l’Afrique est cruciale, nécessite l’assistance du Gabon."
Le président Ali Bongo Ondimba, qui a pris le pouvoir suite du décès de son père en 2009, grâce à une nouvelle élection marquée par des irrégularités ; a hérité de la fidélité de son père envers la France.
Le Gabon s’aligne toujours régulièrement sur les intérêts français en Afrique. Lors du bouleversement politique survenu en Libye en 2011, par exemple, Ali Bongo a rompu avec l’Union Africaine et a appelé à la destitution du président Muammar Kadhafi. La France et d'autres puissances occidentales cherchaient à déposer l'autoritaire Kadhafi, tandis que les nations africaines soutenaient Kadhafi dans le cadre de la promotion de la doctrine : « solutions africaines aux problèmes africains ».
Une non-démocratie stable
La montée en puissance d’Ali Bongo - qui était ministre de la Défense pendant la dernière partie du règne de son père – fut controversée même au sein de son propre parti, le Parti Démocratique Gabonais.
Bongo a subi un intense challenge de la part d’un ancien membre du PDG, lors de l'élection présidentielle de 2016, Jean Ping. Fort de l’échec du programme de réformes de Bongo pour transformer le Gabon en une économie émergente, Ping a presque convaincu le peuple Gabonais que la dynastie des Bongo devait s’en aller.
En définitive, Bongo a battu Ping, l’ancien Président de la Commission de l'Union Africaine, par moins de 6000 voix, avec 50,66% des suffrages. Ping, ainsi que de nombreux observateurs locaux et étrangers, considèrent les résultats de cette élection comme étant frauduleux.
L'élection présidentielle de 2016 a été dommageable pour la dynastie Bongo. C'était la première fois que l'opposition à la famille Bongo s'unissait autour d'une candidature unique et crédible.
Depuis lors, le Gabon, autrefois pacifique, a connu des crises politiques. La coalition de partis associés à Ping a boycotté les élections municipales de l’année dernière et sa moitié de l’électorat considère Bongo comme étant un président illégitime.
Riche et pauvre
Le Gabon est également en crise économique et fiscale depuis 2014.
Entre 2014 et 2016, les revenus du gouvernement ont considérablement diminué en raison de la chute des prix mondiaux du pétrole. L’année dernière, le Fonds monétaire international a accepté de renflouer le gouvernement gabonais en échange de réformes structurelles, notamment d’un gel de l’embauche pour trois ans dans le secteur public.
L'inégalité sociale est également très élevée au Gabon. Historiquement, sa richesse pétrolière n’a pas profité financièrement à la plupart de ses habitants, qui restent assez pauvres.
Le Gabon se place au 110 rang sur 189 pays, sur l'indice de développement humain des Nations Unies, qui évalue l’espérance de vie, les niveaux d'éducation, la pauvreté, l'égalité sociale, la mortalité maternelle et d'autres mesures de bien-être. C'est plus élevé que les voisins immédiats comme le Cameroun, le Congo et la Guinée équatoriale, mais bon du tout pour un pays à revenu intermédiaire dont le gouvernement fonctionne avec de l'argent du pétrole.
L’île africaine de Maurice, par exemple, dont le produit intérieur brut est similaire à celui du Gabon - qui était de 15 milliards de dollars américains en 2017 - se porte beaucoup mieux. Elle se classe au 65ème rang mondial de l’indice de développement humain des Nations Unies.
Un avenir qui reste à écrire
Les enquêtes démontrent que 87% de Gabonais estiment que le pays va dans la mauvaise direction. Ils en accusent Ali Bongo, bien que 71% d'entre eux rejettent toute tentative d'instaurer une dictature militaire.
Malgré les tentatives du Parti Démocratique Gabonais pour rassurer le public de l’amélioration de la santé de Bongo, il n’est pas certain qu’il récupère suffisamment pour pouvoir à nouveau diriger le Gabon.
Pour l’instant, un amendement de la constitution adopté par la Cour Constitutionnelle du Gabon en novembre 2018, a permis au président - au moins nominalement – de conserver les commandes de l’Etat tout en récupérant de son AVC.
Lorsque Bongo mourra ou deviendrait invalide - un scénario qui, à mon avis, est déjà bien engagé - la dynastie des Bongo prendra fin.
Gyldas A. Ofoulhast-Othamot
Professeur auxiliaire en sciences politiques et en études internationales à l'Université de Tampa
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