VINCENT HUGEUX IS LOOKING FOR ALI BONGO. VINCENT HUGEUX CHERCHE ALI BONGO
English version
Gabon: where is Ali? By Vincent Hugueux (L'Express)
April 30, 2019
A little tour and then leave. The "final" return to Libreville of president Ali Bongo Ondimba turned out to be short. After the provisional that lasts for ever, the final that does not last at all.
We knew of the collection of comic book albums " where is Charlie? ", a French declination of the " where is wally?" by Martin Hanford. Its principle is to find, in the heart of saturated double pages of small characters, an individual wearing glasses with a red and white pompom hat.
No doubt the time has come to launch a Gabonese version of the concept, entitled " where is Ali? ". This time it would be to locate on the planisphere a stocky and chubby head of state with dim eyes, dressed in a grey suit or a wide clear bubu. Victim of a severe stroke in Riyadh (Saudi Arabia) last October, Ali Bongo Ondimba has once again disappeared from radar screens on April 4th.
According to the weekly Jeune Afrique, the son and successor of the legendary Omar Bongo took off that Thursday from libreville aboard a jet of the presidential fleet, usually affected to the whims of his wife Sylvia. Set on stansted airport, about 50 kilometers north of London, from where the survivor would have gone to the residence of the charming London District of Mayfair which the first lady native of Paris, likes so much. On the menu of this new retreat, far away from the Seaside Palace: care and rest. Information corroborated since then by concordant sources.
Since his stroke, he who dreamed for a time, to have been a star of rhythm n blues, plays an intermittent show. There was, first, the tv vows recorded in Rabat (Morocco), theatre of a long recovery, and broadcasted on December 31, 2018, figure imposed by a random speech, an impaired gesture and a disturbing fixed Look. Then, this brief getaway in mid-January, eight days after a botched vintage style putsch, just the time to preside over the swearing-in of a revamped government and sign some decrees. Again at the end of February, just to host a few barons and marquesas of the regime.
So many appearances more disturbing than reassuring, both the physical and intellectual faculties of "ABO" seem, despite the scenes and the flattering coverage by the official media, sustainably anaemic.
March 23th, change of braquet. This time, advertise the poets of the local court, the country would celebrate the "final return" of the ghostly sovereign. Triumphant welcome at léon-mba airport, parades of excellences under the paneling of the palace, resurrection of a twitter account on hibernation... "the chief is in good shape", dares to say at the end of the council of ministers Jean-Marie Ogandaga, the holder of the economy portfolio. And in fact, the chief seems more alert than during his previous appearances.
Let's admit. But why in the devil’s name, he has to disappear two weeks later? On his agenda, on 17 April, was the Gabonese day of women's rights. That his own wife would host, in his noticeable absence. By the way, the people of Libreville are aware that the Republican guards ordinarily deployed between the palace and the private residence of the "boss" have deserted the landscape.
Albeit, the adventures of this dotted governance would only be anecdotal if the executive was working like a Maybach or Rolls’ engine, Ali's favorite limousines. We're far from that. If we believe insiders, it is to his Chief of Staff, Brice Laccruche Alihanga, that the rudder of a liner in the hesitant direction, has been given. And everything indicates that between socio-economic tensions, intrigues of corridors and family fights, this disputed captain is sailing haphazardly. A sign among others, the suspension a while ago, on the background of high-school demonstrations, of the decree supposed to harden the rules of awarding scholarships in secondary schools.
Gathered in a citizen collective called " a call to act ", opposition members and activists of civil society are asking the establishment of a " Medical Committee " called to rule on the real health state of the helmsman in eclipse. If-by bold hypothesis-this college of experts sees the light of day, it will have to answer two questions: is there a pilot in the plane and, if yes, is he able to take Gabonese vessel out of the area of turbulence that it never ceases to cross?
Version française
Gabon : Où est Ali ? Par Vincent Hugueux (L’Express)
Le 30 avril 2019
Un petit tour et puis repart. Le retour « définitif » à Libreville du président Ali Bongo Ondimba a tourné court. Après le provisoire qui dure, le définitif qui ne dure pas.
On connaissait la collection d’albums de BD « Où est Charlie ? », déclinaison française du « Where is Wally ?» de Martin Hanford. Son principe consiste à dénicher, au cœur de doubles pages saturées de petits personnages, un escogriffe à lunettes coiffé d’un bonnet à pompon rouge et blanc.
Sans doute le moment est-il venu de lancer une version gabonaise du concept, intitulée « Où est Ali ? ». Il s’agirait cette fois de localiser sur le planisphère un chef d’Etat trapu et replet à l’œil éteint, vêtu d’un costard gris ou d’un ample boubou clair. Victime d’un sévère accident vasculaire cérébral à Riyad (Arabie saoudite) en octobre dernier, Ali Bongo Ondimba a de nouveau disparu des écrans radar le 4 avril dernier.
Selon l’hebdomadaire Jeune Afrique, le fils et successeur du légendaire Omar Bongo décolle ce jeudi-là de Libreville à bord d’un jet de la flotte présidentielle, d’ordinaire affecté aux fugues de son épouse Sylvia. Cap sur l’aéroport de Stansted, à une cinquantaine de kilomètres au nord de Londres, d’où le rescapé aurait gagné la résidence du coquet quartier londonien de Mayfair que prise tant la First Lady native de Paris. Au menu de cette nouvelle retraite, bien loin du palais du Bord de mer : des soins et du repos. Information corroborée depuis lors par des sources concordantes.
Depuis son AVC, celui qui rêva un temps d’un destin de star du rhythm’n blues joue les intermittents du spectacle. Il y eut, d’abord, les vœux télévisés enregistrés à Rabat (Maroc), théâtre d’une longue convalescence, et diffusés le 31 décembre 2018, figure imposée plombée par une élocution aléatoire, une gestuelle empesée et la troublante fixité du regard. Puis, cette brève escapade à la mi-janvier, huit jours après une tentative foireuse de putsch vintage, le temps de présider la prestation de serment d’un gouvernement remanié et de signer quelques décrets. Rebelote fin février, histoire de recevoir en audience quelques barons et marquises du régime.
Autant d’apparitions plus inquiétantes que rassurantes, tant les facultés physiques et intellectuelles d’« ABO » semblent, en dépit de mises en scènes soignées et d’une couverture flatteuse par les médias officiels, durablement anémiées.
Le 23 mars, changement de braquet. Cette fois, claironnent les poètes de cour locaux, le pays fête le « retour définitif » du souverain fantomatique. Accueil triomphal à l’aéroport Léon-Mba, défilés d’Excellences sous les lambris du palais, résurrection d’un compte Twitter en hibernation… « Le chef est en superforme », ose à l'issue du conseil des ministres Jean-Marie Ogandaga, titulaire du portefeuille de l’Economie. Et de fait, l’intéressé paraît plus alerte que lors de ses sorties précédentes.
Admettons. Mais pourquoi diable s’éclipse-t-il derechef deux semaines plus tard ? A son agenda figurait, le 17 avril, la Journée gabonaise des droits de la Femme. Que présidera la sienne, en son absence remarquée. Au passage, les Librevillois relèvent que les gardes républicains d’ordinaire déployés entre le palais et la résidence privée du « Boss » ont déserté le paysage.
Au fond, les péripéties de cette gouvernance en pointillé ne seraient qu’anecdotiques si l’exécutif tournait comme un moteur de Maybach ou de Rolls, les limousines préférées d’Ali. On en est loin. A en croire les initiés, c’est à son directeur de cabinet, Brice Laccruche Alihanga, qu’échoit le gouvernail d’un paquebot au cap hésitant. Et tout indique qu’entre foyers de tension socio-économiques, intrigues de couloirs et bisbilles familiales, ce capitaine contesté navigue à vue. Un signe parmi d’autres, la suspension voilà peu, sur fond de manifs lycéennes, du décret censé durcir les règles d’attribution des bourses dans le secondaire.
Réunis dans un collectif citoyen baptisé « Appel à agir », opposants et activistes de la société civile réclament l’instauration d’un « comité médical » appelé à statuer sur l’état de santé réel du timonier à éclipses. Si -hypothèse hardie- ce collège d’experts voit le jour, il lui faudra répondre à deux questions : y a-t-il un pilote dans l’avion et, si oui, est-il en mesure de sortir le coucou gabonais de la zone de turbulences qu’il n’en finit plus de traverser ?
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