POUR LE WOLEU-NTEM, CE SERA QUELQUES CAROTTES, MAIS BEAUCOUP DE COUPS DE BATONS




Aux révisionnistes qui aiment rependre la galéjade selon laquelle Omar Bongo aurait réalisé l'unité nationale, je conseille la lecture d'un excellent document qui a pour titre: "La Géopolitique Du Pluralisme Culturel Au Gabon: Stratégies De Longévité Politique Et Techniques Gouvernantes Clientélistes", de Emmanuelle Nguema Minko, publié dans la revue "Enjeux" numéro 37, 2008 (http://geo-phile.net/IMG/pdf/LA_GEOPOLITIQUE_COMME_MODALITE_D.pdf). Ce document explique clairement, comment depuis la coloniale, le fait ethnique a toujours été exploité pour diviser, contrôler et soumettre les Gabonais. Le PDG, étant un parti état, se servait des postes administratifs pour élargir sa base à tout le pays, pendant que les partis d'oppositions n'ayant pas les mêmes moyens financiers, ni d'accès à l'administration, se retrouvaient souvent limites à des recrutements par affinité régionale. L'article conclu que l'unité nationale au Gabon n'en était qu'une de façade. Je partage sur tous les points cette conclusion.

Dans son livre "The Rentier State in Africa", Douglas Andrew Yates nous décrit à la page 100, comment un forestier, Roland Bru, devint le faiseur de rois au Gabon dans les années 50, déterminé qu'il était de préserver les intérêts des forestiers et par conséquents ceux de la France. Yates nous dit que Bru considérait comme un danger mortel, l'éventuel prise de pouvoir d'Aubame Eyeghe Jean Hilaire qui avait derrière lui une forte majorité Fang, une fois le Gabon indépendant. Bru soutint d'abord Ngondjout Paul en le présentant comme le paravent idéal à Aubame. Mais ce livre nous dit que très rapidement, il devint clair que Gondjout n'arrêterait jamais Aubame. Il fallait urgemment trouver une autre solution, même temporaire. Bru fit donc s'allier Ngondjout à Léon Mba et l'affaire était trouvée. A lire ce livre, on a l'impression que le Gabon est un eternel recommencement, car au lendemain de la prise de pouvoir d'Ali Bongo en 2009, vu la manifeste illégalité de la procédure, nous nous retrouvons encore une fois dans une situation où l'impression est que les Fang sont sous hautes surveillances.

La première mesure prise par le gouvernement sitôt Ali Bongo confirmé par Mborantsuo, fut le déploiement des forces de sécurité dans le Woleu-Ntem. Une mesure dont le message fut interprété comme une mise en place d'une politique d'intimidation et d'avertissement à une population n'ayant pas soutenu Ali Bongo. Les observateurs pensent que le pouvoir en place veut instaurer une logique de terreur au sein des populations, et que l'objectif du pouvoir est de "briser" ce refus d'Ali Bongo en prouvant à cette population qu'elle a un choix à faire: a) soit elle continue a défier Ali Bongo en soutenant ses adversaires et elle s'expose aux représailles du pouvoir, c'est la politique du bâton; b) soit elle rentre dans l'ordre bongoïste et elle recevra quelques projets "émergents" en récompense, c'est la politique de la carotte.

La politique du bâton a déjà été mise en place sur le terrain, car après l'armée Gabonaise, c'est autour de l'armée Française d'aller dans le nord du pays, pour selon son commandement: "rencontrer les populations". On les aime ces Français, quand ils utilisent la langue de bois et insultent notre intelligence de manière flagrante. Mais cette semaine, le gouvernement Ali Bongo vient aussi d'annoncer le coté carotte de sa politique envers les Fang. Le Woleu-Ntem va bénéficier d'un Project d'électrification rurale, et 200 millions de francs CFA seront attribués à la ville d'Oyem pour former des… Ne riez pas, des chauffeurs de transport en commun! Donc c'est en ménageant la chèvre et le chou qu'Ali Bongo compte reprendre le contrôle de cette région.
Mais cette méthode d'intimidation du peuple par les armées Gabonaises et Françaises font peser de lourdes menaces sur le futur du pays, car Ali Bongo est encore plus impopulaire dans cette région aujourd'hui, qu'il ne l'était lors de l'élection. Il est vrai que les gourous Français qui pilotent le Gabon pensent qu'avec quelques effets d'annonce et des petits milliards dépensés ici et là, la population du Nord se calmera. Ils ont peut être raison mais l'inverse aussi est envisageable. Il est fort possible que cette population n'accepte jamais Ali Bongo comme chef d'état. Que ce passera t-il alors? On a vu en Afrique, des crises commencer pour moins que ca. Il y a fort à parier que les résultats escomptés par Ali Bongo, par ses effets d'annonce d'investissements dans le Woleu-Ntem, seront très décevants. Aux dernières nouvelles, ces annonces n'auraient reçu aucune attention particulière de la part des principaux "supposés" bénéficiaires. Il semble que dans le Woleu-Ntem, les gens aient d'autres préoccupations que de s'appesantir sur les promesses vaseuses d'un président qui leur envoie non seulement ses milices, mais aussi celles de son ami Sarkozy. On dit quoi?

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