A CEUX AU GABON QUI CROYAIENT QU’UNE CANDIDATURE UNIQUE DE L’OPPOSITION POUVAIT VENIR A BOUT DE LA FRANÇAFRIQUE




Beaucoup de choses ont été dites lors de la dernière élection au Gabon. Des pitres sont allés jusqu'à croire qu’il suffisait d’une candidature unique de l’opposition pour faire chavirer le camp françafricain incarné par la famille Bongo. C’est gens ont eu la réponse à leur naïve suggestion. L’élection au Togo vient de prouver à tous ceux qui ont encore la tête enfuie sous le sable comme des autruches, que la françafrique reste la françafrique.

Au Togo, on a vu le peuple s’enthousiasmer pour le changement, comme au Gabon. Au Togo, on a vu un régime à bout de souffle obligé de mobiliser les gens par la coercition, comme au Gabon. Au Togo, on a vu un candidat du camp héréditaire, totalement impopulaire et vomi par la majorité de la population, comme au Gabon. Au Togo, en plus, on a assisté à un fait inédit, en Afrique noire francophone, le ralliement des poids lourds de l’opposition à la candidature unique de Jean-Pierre Fabre. Kofi Gnamgnane et Gilchrist Olympio. Au final, la tyrannie de la dynastie des Gnassingbé s’est adjugée plus de 60% des voix et octroyée « généreusement » quelques 30% des voix à J.P. Fabre. Comme au Gabon, la commission électorale est un organe « faire-valoir » ; comme au Gabon, la cour constitutionnelle ne surprendra personne et arrivera au verdict déjà connu ; comme au Gabon, la voix du peuple sert pour le cinéma électorale, car qui est élu est décidé ailleurs et d’avance. Il est à espérer que ceux qui croient encore en la panacée de la candidature unique scruteront ce qui se passe en ce moment au Togo.

Au Togo comme au Gabon, la monarchisation du pouvoir prend forme en s’enracine. Au Togo comme au Gabon, ce mécanisme est pilote par des conseillers Elyséens. Au Togo et au Gabon, les clans Gnassingbé et Bongo vont allégrement continuer leur prédation, après déjà plus de 40 ans de pouvoir. L’appétit venant en mangeant, rien ne laisse présager que ces clans cèderont un jour le pouvoir de manière pacifique. Comme au Gabon, je ne doute pas que certains observateurs de mauvaise foi diront que c’est l’opposition Togolaise qui est responsable de sa déroute. Qu’il fallait faire ci ou ça. Mais ces analystes refuseront de remarquer le triste spectacle de la françafrique qui refuse de faire confiance aux peuples francophones d’Afrique noire comme garant des intérêts nationaux de nos pays. Cette françafrique préfère la prédictibilité d’une dictature minoritaire ayant pour seul appuis la métropole coloniale. C’est à y perdre son âme.

Donc en françafrique, les élections présidentielles se succèderont, les coups d’état électoraux s’enchaîneront, les cadavres des récalcitrants à l’ordre héréditaire s’entasseront, et au milieu de tout ça, les gens s’en foutront. Quand on lit semaine après semaine le compte-rendu sérieux et développé de tel vote, de telle élection, de telle formation de gouvernement, au Togo, ou au Gabon, on se dit qu’il faut une sacrée dose de culot pour parler de "progrès" qui irriguerait ces pays. Soyons honnêtes, fermes et clairs: tout ça est une vaste farce. Les chefs d’états de la françafrique sont en grande majorité, à une ou 2 exceptions prêtes, des despotes, avoués ou non. Leurs institutions de démocratie sont en trompe l’œil ; leurs forces de l’ordre ne sont que des milices déguisées, et croire à une éventuelle stabilité politique, sociale et juridique en françafrique, dans ces conditions, relève de la folie pure. Qu’on appelle ça « émergence », ou gouvernement du « nouvel élan », rien ne changera, sinon la vitesse à laquelle ces pays s’enfonceront. En françafrique, plus les choses bougent, plus elles restent identiques, candidature unique de l’opposition ou pas.

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