COMMENT EXPLIQUER QUE DE MOINS EN MOINS D'INTELLECTUELS GABONAIS OSENT SE MELER DE CE QUI SE PASSE AUTOUR D'EUX. SIMPLE PASSIVITÉ OU PROFONDE LACHETÉ?




Qu'ils soient de ceux qui ostensiblement prêtent le flanc à Ali Bongo, ou de ceux dont on sait qu'ils sont en marge du pouvoir gabonais, force est de constater qu'ils sont très peu nombreux, les intellectuels gabonais qui sortent de leur réserve pour donner un avis "réfléchi" sur les évènements en cours au Gabon. Même ceux qui ont voué adhésion à la politique du PDG, ne disent jamais pourquoi ils le font, quels sont leurs objectifs etc. En lieu et place d'interlocuteurs valables du PDG, le peuple a droit á des lampistes qui viennent lire des déclarations souvent absurdes devant les camera de la RTG1. Mais évidement que nul ne les prend au sérieux. On à presque l'impression que les "intellectuels" du PDG ont honte d'articuler leur appartenance á ce parti.

1. L'aveuglement volontaire et coupable des intellectuels du PDG
Nous avons déjà derrière nous, le constat de ce qu'auront produit 42 années de compromissions par les intellectuels gabonais avec la dictature Bongo. Peu d'intellectuels gabonais, d'un bord comme de l'autre, ont pris l'habitude de réagir face aux excès du bongoïsme. Pourtant, loin d'être caché, la pauvreté étant un spectacle à ciel ouvert au Gabon, le bongoïsme montre, tous les jours, son vrai visage : corruption, arrestations arbitraires, censure de la presse, etc. Et pourtant l'intelligentsia gabonaise, dans son ensemble ou presque, accepte; la partie de cet intelligentsia acquise au PDG approuve même, voire sanctifie, ce qui se passe autour d'elle dans la gestion de notre pays. Il n'y a que quelques uns comme Marc Ona-Essangui, Gregory Ngbwa-Mintsa et une poignée d'autres qui sont constants dans leur engagement, et ce quelque soient les circonstances et les acteurs en place. Dernièrement nous nous félicitions de la sortie de John Nambo, et franchement il aurait été souhaitable de lire une réplique sérieuse d'un intellectuel bongoïste tentant de nous expliquer à nous qui ne comprenons rien de l'émergence, où ils comptent mener le pays avec leur mode de gestion et système politique. Mais nous risquons d'attendre longtemps, car la propagande bongoiste s'accommode mal de tout raisonnement. Il faut simplement répéter des slogans, un point c'est tout. Pourtant ces "intellectuels" du bongoïsme sont loin d'être subjugués par le bongoïsme, car ils le défendraient avec des arguments convainquant s'ils l'étaient. Mais ils se rendent compte de la situation du contrôle de toutes les arcanes du pouvoir par les Bongo, et voulant participer au festin, décident d'abdiquer leur recul critique, en se laissant drainer vers le mirage qu'est la promesse d'émergence dont eux-mêmes ne croient nullement et sont les premiers en en rire sous cape.

2. Pourquoi des gens qui ont de la jugeote se taisent?
Qu'un Boukoubi ou un Ikambouayat NDeka débite des bêtises á la télévision, on s'y attend; mais que des gens intelligents laissent faire est tout de même assez surprenant. Que les intellectuels gabonais exposent la population à avaler les versions officielles de l'actualité nationale, sans jamais rien remettre en question comme l'exigerait la posture d'un intellectuel vis-à-vis d'un pouvoir illégitime, surtout s'il s'agit d'une dictature, est assez lamentable. Ce n'est pas parce qu'Ali Bongo s'est imposé chef d'état au Gabon et qu'il faille continuer á nourrir sa petite famille, qu'il faut avec zèle se rendre en pèlerinage auprès du PDG et se convertir á la sainte parole. Dans ce contexte, vu aussi que la presse est muselée et les quelques publications qui osent encore formuler des critiques lucides, et des autopsies du bongoïsme non complaisantes, subissent les foudres du CNC á répétition. Il faut dire que le régime Bongo sait mettre ses invités (intellectuels et universitaires) dans les meilleures dispositions, c'est-à-dire en en leur fournissant un petit poste de conseiller bidon, une chemise Bongo ridicule qu'ils doivent porter lors des rassemblements, quelques avantages en nature dont le régime se servira pour faire chanter notre intello qui vivra désormais dans la hantise de perdre ses prébendes. Adieux, culture et réflexion, car désormais les seuls rendez-vous important pour notre intello, seront les communiqués finaux du conseil des ministres. La peur de la mise á l'écart est telle qu'on a vu des scientifiques comme André Dieudonné Berre, déclarer à la télévision qu'Omar Bongo était leur Dieu, leur soleil, CARREMENT! Mais au Gabon, ce genre d'auto humiliation publique ne scandalise plus personne. Ils savent, mais ne disent rien. Ils ont les yeux ouverts mais ne voient rien, ne publient rien, et quand d'aventure ils se prononcent, le ton reste neutre et insignifiant; on a peur d'appeler un chat, un chat.

Chers lecteurs, nous pouvons vous dire que tous les gabonais se demandent: "Où va le Gabon?" Mais pas grand monde ne se donnent la peine d'aider la population à trouver ses marques dans les méandres que lui offre le pouvoir Bongo. Quand la population veut regarder vers ceux qui devraient en savoir mieux et plus, les intellos, le spectacle n'est pas toujours reluisant car il entrevoit soit un collaborationnisme particulier chez les uns, soit une opposition molle et sans repère chez les autres. Il y a un petit nombre d'irréductibles qui se battent, mais c'est bien peut suffisant. Il y a eu heureusement des cas d'héroïsme admirable, dont nous avons parlé plus haut, mais, en effet, au Gabon les intellectuels ont du mal à jouer leur rôle. Il y a 3 types d'intellectuels au Gabon, ceux qui résistent activement sur le terrain comme Marc Ona-Essangui et les autres; ceux qui resistent avec leur plume, les bloggeurs, les éditorialistes de la presse indépendante au Gabon et les universitaires qui organisent des groupes communautaires de réflexion, de charités, les membres des ONG etc., et enfin, il y a les plus nombreux, qui eux se taisent et continuent comme si tout allait bien au Gabon, de temps en temps certains d'entre eux revêtent des chemises Bongo et récitent des discours nous promettant "l'émergence".

Comments

  1. Bonjour Charlie !

    Je vois ce que tu veux dire mais il y a une faiblesse dans ce que tu dis : tu n'explique pas ce qu'est pour toi un intellectuel et sur quelle base quelqu'un est - il revêtu de "l'aura " intellectuelle : les diplômes (beaucoup s'en achètent)? La manière de vivre (il y a une profonde crise morale au Gabon assez généralisée? l'engagement sur le terrain (attention quand même à la culture manigancière de certains) ? Je considère pour ma part que les uns et les autres sont limités au niveau financier car pour avoir une autorité intellectuelle il faut être en capacité d'autonomie au niveau matériel. Or le bongoïsme c'est le management de la misère et les conflits de leadership y compris dans les ONG bloquent sérieusement un lobbying efficace ou la mise en place de groupes de pressions valables : je vous dis que ni les ONG ni les syndicats n'ont encore la même force de frappe qui existait voici un an ou deux encore ... Toujours le management par la misère ! Mais restons optimistes et ne soyons pas trop sévères ! Bruno Ben MOUBAMBA.

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  2. Bruno,

    Heureux de te lire. Dans cet article, j'estime que l'intellectuel gabonais est celui qui a la capacité de réflexion, d'analyse et surtout de prescription. Rien à voir avec le diplôme. Boukoubi a certainement des diplômes mais je ne vois rien en lui d'un intellectuel car son discours est celui d'un converti qui ne prend jamais de recul. Par contre, je considérerais Marc Ona comme un intellectuel car il observe et prend positions, même controversées, sur des sujets important à la communauté. Il donne sa position, ses avis et ses prescriptions. Il publie régulièrement ses prises de position pour alimenter et enrichir le débat national. Ce sont là des critères très simples. L'intellectuel ici est simplement celui qui non seulement réfléchi, mais fait aussi participer les autres á sa réflexion. C'est un peu celui qui secoue les cocotiers. Remarquez que j'utilise des exemples de personnes publiques pour illustrer mon propos, mais l'intellectuel n'est pas toujours quelqu'un de notoriété. Ce que j'ai remarqué est qu'il y a beaucoup de gabonais qui ont des choses à dire. Ils le disent volontiers quand il s'agit de parler de la France, des USA, d'Obama ou de Sarkosy, mais qui restent muet sur la situation de leur entourage. C'est ça le paradoxe gabonais. Nous avons des gens qui ont écrit des tomes entiers sur les méfaits de la captation du pouvoir en Afrique, qui paradoxalement se retrouvent conseillers d'Ali Bongo. Un peut comme si on admettrait qu'un athée soit cardinal de l'église catholique auprès du Pape. Ça poserait quand même problème. Mais au Gabon, personne ne répond de rien. On n'a pas le droit de poser des questions; et encore moins de recevoir des réponses.

    Merci de toute ton attention et de tes efforts

    Charlie

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