WHAT HAPPENED IN ADDIS-ABABA? QUE S’EST-IL PASSÉ Á ADDIS-ABEBA?






English version

Anne Kappès-Grangé, of the BBC World service, covers Africa and has published a detailed account of what happened behind the scene during the election for president of the African Union’s Commission. This blog has done a synthesis of this account and is providing it below.

1. Pretoria blocked the re-election of Jean Ping, fearing that the organization would be weakened.

2. The day before the election, Jean Ping’s country – Gabon – was multiplying last minute meetings in order to get him re-elected. His partisans knew that it would be a tight race, but "nobody thought that everything would go wrong", one of them admits.

3. First round of the vote, a secret ballot behind locked doors, ended with 28 votes in Ping's favor and 25 for the South African, Nkosazana Dlamini-Zuma. Neither one of them was present in the plenary since it is impeded by regulation. Neither one of them had obtained the required majority of 36 votes (two thirds).

4. The ambiance in the room was tense. Some voices demanded a suspension of the session. South Africa opposed this. Boni Yayi, the newly elected President of the AU, did not insist further. In the fourth round, Ping despite being alone only gets 31 or 32 votes. More than one third of member states have preferred not to re-elect him and risk an institutional status quo. A huge setback in other words.

5. United behind South Africa, the fifteen member states of the South African Development Cooperation (Sadc) constituted a block and managed to get the support from half a dozen countries outside the block. In West Africa, eyes are directed at Gambia, who everybody knows is in debt to Zuma for supporting Fatu Bensouda's candidacy as Attorney General at the International Criminal Court (ICC). But eyes are also turned towards Guinea-Bissao and Cape Verde, traditionally close to Angola, which supports Pretoria. And what about the Mauritanian vote, whose president has been working hand-in-hand with Zuma on the Ivorian case? Speculations are now spreading and Jean Ping denounces a coup.

6. A couple of feet away, in the big AU entrance hall, the South African delegation gloats with joy. Dlamini-Zuma and her followers give a hint of dancing moves and exclaim that "it is a victory for South Africa". "Even though we haven't been elected we managed to block Ping's re-election", one of them rejoices. Maite Nkoana-Mashabane, Minister of Foreign Affairs, affirms to journalists that "the incumbent AUC president has not been reelected, which proves that African leaders hunger for change".

7. "If the Sadc wishes to, Nkosazana Dlamini-Zuma will stand candidate for the next election again", the head of South African diplomacy says. What about Jean Ping? "The decision is his to make", his entourage admits, “but he doesn't want to take it personally. If we ask him to run for office again, he will do so. Otherwise he will turn the page with no regret”. In the opposition, they nevertheless stress that "he'd better refrain", in the words of a Dlamini-Zuma advocate. "The message to him is clear: things need to change. There has been too much foreign interference." The assumption that France would be supporting the Gabonese candidate is barely secret.

8. South Africa has campaigned aggressively until the end. As for Jacob Zuma, he was asked, on several occasions, to remove Dlamini's candidacy "in the name of African unity". Beninese president Boni Yayi, and the Congolese Denis Sassou Nguesso, met with him on the 28th of January without managing to get him to change his mind. The former heads of state of Burundi and Nigeria – Pierre Buyoya and Olusegun Obasanjo, had the same bad luck.

9. One AU Summit regular said that "four years ago Bongo Senior wanted to get his candidate elected and he brought the artillery for it. This year with Ali Bongo Odimba, things have been different. Not because he didn't want Ping, but because he started campaigning too late and he was taking the victory for granted. The result is that Africa is divided".

10. A former francophone minister, speaking on condition of anonymity, complains that "Zuma already knew about the non-written rule that no big country would be at the head of the commission, but he's refused to listen. Payback will come the day that Zuma needs our support for getting a permanent seat in the UN Security Council!"

11. Jean Ping essentially lost to himself in the last round of voting. His failure has ignited debate about imperialism in Africa, especially France's influence in the Francophone countries.

12. Ping was never really the man to take the AU commission to where it was supposed to go in 2008. Since taking over, the administrative weaknesses which were to be expected from what was a new organization have only worsened. Ping is the former foreign minister of Gabon, the small, oil rich ex-French colony. He won the post in 2008 with 31 of 46 votes cast. Since then, Ping's support has remained at 31. He received that many votes in Addis Ababa last Sunday, holding it over four rounds of voting. Incidentally, 31 is also the number of Francophone countries, the cabal of French-speaking former possessions of Paris. While 31 was enough in 2008, when 46 countries voted, it wasn't enough when 53 voted.


Version française

Anne Kappès-Grangé, de la BBC World Service, couvre l'Afrique et a publié un compte rendu détaillé de ce qui s'est passé en coulisse pendant l’élection pour le poste de président de la Commission de l'Union africaine. Ce blog a fait une synthèse de ce compte rendu et le livre ci-dessous.

1. Pretoria a bloqué la réélection de Jean Ping, car craignant que l'organisation soit plus affaiblie.

2. Le jour avant l'élection, le pays de Jean Ping – le Gabon - multipliant les réunions de dernière minute afin de le faire réélire. Ses partisans savait que ce serait serré, mais «personne ne pensait que tout irait mal", avoue l'un d'eux.

3. Premier tour du vote, un scrutin secret derrière des portes verrouillées s'est terminée avec 28 voix en faveur de Ping et 25 pour l'africaine du Sud, Nkosazana Dlamini-Zuma. Aucun des deux n’était présent à la séance plénière comme le veut la réglementation. Aucun d'entre eux n’obtenu la majorité requise des 36 voix (deux tiers).

4. L'ambiance dans la salle était tendue. Certaines voix demandèrent la suspension de la session. L’Afrique du Sud s'y est opposée. Boni Yayi, le Président nouvellement élu de l'UA, n'insista pas davantage. Au quatrième tour, Ping pourtant seul en lice ne reçoit que 31 ou 32 voix. Plus d'un tiers des Etats membres ont préféré ne pas le réélire et risquer un statu quo institutionnel. Un énorme revers en d'autres termes.

5. Unis derrière l'Afrique du Sud, les quinze états membres de la Communauté de Développement de l’Afrique Australe de Développement (SADC) constituèrent un bloc et réussir à obtenir le soutien d'une demi-douzaine de pays en dehors du bloc. En Afrique de l'Ouest, les regards sont dirigés vers la Gambie, dont tout le monde sait devoir une dette à Zuma pour avoir soutenu la candidature de Fatu Bensouda comme procureur général à la Cour pénale internationale (CPI). Mais les regards sont également tournés vers la Guinée-Bissau et le Cap-Vert, traditionnellement proches de l'Angola, qui soutient Pretoria. Et qu'en est-il le vote mauritanien, dont le président a travaillé main dans la main avec Zuma sur le cas ivoirien? Les spéculations se propagent et Jean Ping dénonce un coup d'état.

6. Un peu plus loin, dans le grand hall de l'entrée de l’UA, la délégation sud-africaine jubile de joie. Dlamini-Zuma et ses partisans esquissent des mouvements de danse et s'exclament que «c’est une victoire pour l'Afrique du Sud". «Même si nous n'avons pas été élus, nous avons réussi à bloquer la réélection de Ping ", se réjouit l'un d'eux. Maite Nkoana-Mashabane, ministre des Affaires étrangères, affirme aux journalistes que «le titulaire du poste de Président de la Commission n'a pas été réélu, ce qui prouve la soif des dirigeants africains pour le changement".

7. "Si la SADC le souhaite, Nkosazana Dlamini-Zuma sera à nouveau candidate à la prochaine élection", a dit le chef de la diplomatie sud-africaine. Qu'en est-il de Jean Ping? "La décision lui appartient», admet son entourage, « mais il ne veut pas le prendre personnellement. Si nous lui demandons de se présenter aux élections à nouveau, il le fera. Sinon, il tournera la page sans regret ». Du côté de son opposition, on souligne néanmoins qu’«il vaut mieux pour lui de s'abstenir", selon les mots d'un supporter de Dlamini-Zuma. "Le message est clair pour lui: les choses doivent changer. Il y a eu trop d’ingérence étrangère." L'hypothèse selon laquelle la France soutenait le candidat du Gabon est à peine secrète.

8. L’Afrique du Sud a mené une campagne agressive jusqu'à la fin. Quant à Jacob Zuma, il lui a été demandé, à plusieurs reprises, de retirer la candidature de Dlamini "au nom de l'unité africaine". Le Président béninois Boni Yayi, et le Congolais Denis Sassou Nguesso, l’ont rencontré le 28 Janvier, sans parvenir à lui faire changer d'avis. Les anciens chefs d'état du Burundi et du Nigeria - Pierre Buyoya et Olusegun Obasanjo, a eu la même « malchance ».

9. Un habitué des sommets de l'UA a dit qu’"il y a quatre ans Bongo senior voulait faire élire son candidat et amena l'artillerie avec lui. Cette année, avec Ali Bongo, les choses ont été différentes. Non pas parce qu'il ne voulait pas de Ping, mais parce qu'il commencé à faire campagne trop tard et il prenait la victoire pour acquise. Le résultat est que l'Afrique est divisée ".

10. Un ancien ministre francophone, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, se plaint que « Zuma savait très bien qu’il y ait une règle non écrite qu'aucun grand pays ne serait à la tête de la commission, mais il a refusé d'écouter. La revanche viendra le jour où Zuma aura besoin de notre soutien pour obtenir un siège permanent au Conseil de sécurité de l'ONU! »

11. Jean Ping a essentiellement perdu contre lui-même dans le dernier tour du scrutin. Son échec a déclenché le débat sur l'impérialisme en Afrique, en particulier l'influence de la France dans les pays francophones.

12. Ping n'a jamais vraiment été l'homme de mener la Commission de l'UA dans la direction qu’elle était censée aller en 2008. Depuis sa prise de fonction, les faiblesses administratives dont on pouvait s’attendre de ce qui était une nouvelle organisation, n'ont fait que s'aggraver. Ping est l'ancien ministre des affaires étrangères du Gabon, petit pays riche en pétrole et ex-colonie française. Il a remporté le poste en 2008, avec 31 sur 46 suffrages exprimés. Depuis lors, le soutien de Ping est resté à 31. Il a reçu ce même nombre de votes à Addis-Abeba dernièrement, après 4 tours de scrutin. Par ailleurs, 31 est aussi le nombre de pays francophones, la cabale de pays de langue française et anciennes possessions de Paris. Alors que 31 était suffisant en 2008, lorsque 46 pays votaient ; ce n'était plus assez quand 53 ont voté.

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