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Traduction française
Mettez ces bons à rien dehors, édition africaine
Par Brian Klaas
Brian Klaas est chercheur en politique comparée à la London School of Economics et auteur de « Les Complices des Despotes: Comment l'Occident aide et provoque le déclin de la démocratie ».
La semaine prochaine, les Rwandais se rendront aux urnes pour une élection simulée et rééliront presque certainement le Président Paul Kagame.
Kagame est au pouvoir depuis 1994, date à laquelle il devint Vice-Président à la suite des horreurs du génocide rwandais. Les donateurs internationaux l'apprécient parce qu'il a réussi à combattre la corruption et à promouvoir la croissance économique. Mais il est également coupable de graves abus. Ses ennemis meurent souvent mystérieusement, parfois avec des signes de torture. Il y a de fortes preuves qu'il a envoyé des hommes de main tuer des dissidents rwandais en Afrique du Sud et en Grande-Bretagne. Plus récemment, Kagame a changé la constitution du Rwanda, ce qui lui permettrait de rester au pouvoir jusqu'en 2034 - un total de 40 ans.
Cela soulève une question importante: que peut-on faire pour empêcher les autocrates africains comme Kagame de simplement refuser de quitter le pouvoir, lorsqu'ils sont censés le faire?
Dans les pays où la démocratie n'a pas encore pris racine, les limites de durée au pouvoir sont essentielles. En Afrique, le combat pour ces limites s'intensifie. Les hommes forts grisonnants écrasent les aspirations démocratiques de leur peuple. Mais les limitations de mandats peuvent donner à la démocratie une chance de vaincre les autocrates enracinés.
Lorsqu'elles sont respectées, les limitations de mandats donnent de bons résultats. Les recherches sur les élections africaines par le professeur Nic Cheeseman à l'Université de Birmingham, ont montré que les transferts pacifiques de pouvoir par les urnes sont beaucoup plus probables lorsque les présidents en exercice ne participent pas à l’élection.
Les limitations de mandats sont toujours importantes même lorsque les despotes les dénaturent ou les ignorent. Normalement, il est difficile pour les citoyens de se débarrasser d’un président qui a été au pouvoir pendant des décennies. Mais les limitations de mandats fournissent un point de pression précis: lorsque le président essaie de changer les règles, les gens peuvent descendre dans la rue en opposition à quelque chose de spécifique.
Sans cet effet de levier, de nombreux dirigeants africains restent éternellement au pouvoir. Il suffit de regarder le cas du Président Zimbabwéen Robert Mugabe. Il est au pouvoir (d'abord comme Premier Ministre, puis comme Président) depuis 1980 - quand Jimmy Carter était encore à la Maison Blanche. Quand un journaliste lui a demandé si le moment était venu de dire au revoir au peuple du Zimbabwe après plus de trois décennies de pouvoir, il aurait répondu: «Pourquoi? Où vont-ils?"
Huit Zimbabwéens sur dix n'ont jamais vécu sous le règne de quelqu'un d'autre que Mugabe. La proportion est encore plus élevée en Angola, dirigée par José Eduardo dos Santos depuis 1979. Teodoro Obiang de Guinée équatoriale a pris le pouvoir cette même année. Mais Paul Biya du Cameroun remporte le prix despotique des dinosaures, au pouvoir au Cameroun (d'abord en tant que Premier Ministre, puis en tant que Président) depuis 1975 - lorsque Gerald Ford était au pouvoir.
En dépit de l'instabilité politique africaine, sept des dix plus anciens dirigeants du monde, sont africains. La démocratie africaine, ou l'absence de celle-ci, en souffre en conséquence.
Au cours des dernières décennies, les gouvernements occidentaux ont poussé pour des réformes démocratiques en Afrique. En réponse à cette pression et aux appels de leurs propres citoyens, 18 pays africains ont institué des limites constitutionnelles de deux mandats visant à empêcher les futurs Mugabe d'exercer leurs fonctions aussi longtemps qu'ils le souhaiteraient.
Mais en Afrique, les règles sont trop facilement changées ou ignorées. Avec une fréquence alarmante, les autocrates africains tentent une nouvelle formule - simplement en changeant les règles de limitation de mandats ou en les ignorant, pour rester au pouvoir. Au moins seize Chefs d'Etat Africains ont tenté de rester au pouvoir en modifiant la constitution. Les dirigeants ont réussi à le faire en République du Congo, au Congo Démocratique, au Rwanda, au Burundi, à Djibouti, au Cameroun, au Tchad, en Ouganda, au Gabon et au Togo. En le faisant, la démocratie continue de se retirer du continent et la croissance économique et les droits de l'homme en souffrent.
Les Africains sont en train de réagir. Sur l'ensemble du continent, les sondages d'opinion montrent que plus des deux tiers des citoyens approuvent les limitations de mandat pour leurs Chefs d'État. Au Burkina Faso et au Burundi, les présidents qui ont défié les limitations de mandats, ont déclenché de graves révoltes populaires. Puisque les règles sont déjà en place, les gens peuvent descendre dans la rue quand l'autocrate essaie de les changer. C'est plus facile que de pousser pour l’adoption d’une nouvelle règle.
L'année dernière, Joseph Kabila, le Président du Congo, s'est engagé à quitter le pouvoir et à organiser des élections, après une pression de l'administration Obama, combinée à des troubles généralisés qui ont rendu sa position intenable. Il est apparu, pendant un certain temps, que le double assaut de la politique étrangère des États-Unis et des manifestations populaires locales, pouvait amener les despotes à réfléchir à deux fois avant de violer la limitation des mandats.
Cela a changé le 8 novembre 2016. La pression d'Obama, le Président sur le départ, est devenue insignifiante. Le président Trump a signalé qu'il ne lèverait pas le doigt pour traiter des problèmes en dehors d’intérêts étroitement définis. Dans sa vision transactionnelle de la diplomatie, les limitations de mandats ne comptent pas.
C'est une monumentale opportunité de perdue. Ces pays ne sont pas comme la Corée du Nord ou le Kazakhstan, où les limitations de mandats n'avaient jamais été réalistes. Des décennies de pressions diplomatiques en Afrique ont porté des fruits. Le moment est venu de pousser les gouvernements à obéir à leurs propres règles. Trump méprise les politiciens de carrière et prétend qu'il veuille assécher le marécage qu’est Washington. Mais pratiquement sans effort et à très peu de frais, Washington pourrait faire sa part pour aider les Africains à se débarrasser de leurs propres plus insidieux politiciens de carrière. Nous devrions aider l'Afrique à assécher ses marécages pour que la démocratie puisse croitre.
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