Pour vanter le Gabon « Emergent », rien de tel que le Journalisme Jaune





C’est connu, de tout temps et de toutes les époques et en tous lieux, les dictateurs de tous poils ont toujours employé le népotisme, c'est-à-dire le placement de membres de la famille dans les positions-clés. Ceci pour une raison simple : dans un système illégitime, seuls des membres de la famille fidèles, peuvent bénéficier de la confiance nécessaire pour être mis au courant des secrets qui les maintiennent au pouvoir. Pour cette raison le népotisme sans scrupule de l'administration Bongo depuis 43 ans alarme les Gabonais parce qu'il indique qu'une dictature empoigne et étrangle de plus en plus le pays.
Le Pire est que dans le département de la Défense Nationale, le Gabon vit une situation où les membres d’une même famille sont dans la même chaîne-de-commande, depuis le président jusqu’aux patrons des escadrons de la mort. Des gens comme Angélique Ngoma sont là juste pour meubler le décor. Le vrai centre de décision est ailleurs. Donc quand les choses oscillent et que les étudiants descendent dans la rue pour se faire entendre, c’est la famille qui se sent menacée et décide de réprimer cet acte d’effronterie dans le sang. Des gens comme Angélique Ngoma ne sont ni en amont ni en aval de cette décision, et ça tout le monde le sait au Gabon.
Les hauts placés membres de la famille Bongo ou leurs obligés qui tiennent le Gabon, ne sont probablement pas tourmentés par des considérations morales liées à leur besogne. Pour eux la logique du pouvoir est par sa nature même, collectiviste et totalitaire. Depuis les temps immémoriaux, les tyrans savent que pour assujettir le peuple, il faut s'assurer qu'au sein de la nation régnera l'unanimité la plus complète et la mobilisation la plus poussée avec comme condition sine-qua-non, la dissension la plus limitée possible. Et pour arriver à cela, il y a deux piliers: la propagande et la coercition.

Au Gabon, la propagande est assurée par les organes de presses qui sont régies par un ministère dont la patronne répond aux conditions de népotisme évoquées dans ce billet, car cette chère dame a eu un enfant avec Bongo père. On retrouve encore ici l’omnipotente famille. Les journaux sont sous le joug du conseil national de la communication. Un organe qui sévit dès qu’on ose trop titiller le pouvoir dans le sens contraire à celui du poil. La propagande roule à plein régime sur la RTG1 qui est dirigée par un beau frère à Ali Bongo, encore la fameuse famille, qui essaie dans ses émissions de convaincre les Gabonais de la nécessité d’adhésion aux objectifs « stratégiques » d’Ali Bongo. Si je vous demandais de me citer sur la base des critères objectifs, le meilleur organe journalistique Gabonais, celui qui propose des débats d'opinion non orientés ; celui dont la position éditoriale est résolument d’informer et non de faire l’apologie du régime, je doute que vous me nommiez n’importe quel organe officiel d’information au Gabon.

Sur la RTG1, l’Union et l’AGP par exemple, ce sont des positions étatistes qui dominent les pages éditoriales et d'opinion. C'est le cas en particulier des questions militaires et de politique nationale et étrangère. Nous baignons en plein dans ce qui s’appelle du JOURNALISME JAUNE, expression qui désigne un journalisme au ordre et mercantiliste, dont les reportages servent un objectif qui est loin d’être celui d’informer les lecteurs. Le journalisme jaune a pour but principale de servir une allégeance. Comme vous le constatez depuis Bongo père et maintenant Bongo fils, la RTG, L’Union et d’autres organes du paysages journalistique, n'ont pas cessé de marteler le même message, sans aucune nuance, jour après jour, affirmant le bien fondé de tout ce qui touche à la pérennisation du pouvoir Bongo. Les principaux chroniqueurs de ces organes s'attaquent systématiquement à quiconque ose émettre un doute sur la nécessité ou la pertinence du maintient des Bongo au pouvoir. La logique du troupeau est présentée dans les organes de presses Gabonaises, comme une nécessité vitale: il faut se ranger derrière les Bongo, derrière les massacres de POG, derrière l'offensive militaire contre les étudiants, sinon notre pays est menacé car seuls les Bongo peuvent garantir « LA PAIX » au Gabon. Toute personne à contre courant de cette logique de troupeau, est qualifiée d’irrationnelle, de folle, d’apprenti sorcière voulant détruire notre beau pays, notre superbe mode de vie que nous devons à Bongo, notre absolue liberté que nous devons à Bongo, et notre démocratie qui grâce a Bongo est la fierté de l’Afrique (juré, j’ai entendu ça sur la RTG1). Il y a derrière cette attitude de la part de nos journalistes jaunes, une profonde malhonnêteté intellectuelle et un refus de voir la réalité en face. Il est pourtant évident qu'il existe une différence fondamentale entre chercher à comprendre une situation pour la corriger, qui est supposé être le rôle du journaliste, et justifier des horreurs commises sur son peuple par des tyrans, comme le font les journalistes qui disent que les étudiants grévistes sont des fauteurs de troubles, que ceux qui sont tombés à POG n’étaient que de pillards évadés de prison etc. Dans la presse officielle qui a d’ailleurs tous les moyens de diffusion au Gabon, les journalistes jaunes refusent systematiquement de débattre de quoi que ce soit sur les sujets les plus sérieux. Ils n’invitent que des interlocuteurs déjà acquis dont les propos sont prévisibles et renforcent les idées reçues. Au lieu d’offrir des tribunes aux dissidents et détracteurs de la monarchie Gabonaise, ils se contentent de leur lancer leurs fatwas à distance. Si l’émergence d’Ali Bongo était aussi SOLIDE que le prétendent nos journalistes jaunes, ils inviteraient de vrais économistes et de vrais administrateurs qui ont des avis contraires et des arguments à faire valoir, pour en débattre à la télévision. Mais c’est trop leur demander, car pour eux il est bien plus facile d’inviter deux ou trois béni oui oui qui ont peur de perdre leur emploi pour que les émissions télévisées se transforment en orgies de bêtises émergentes. On assiste à des comédies où les arguments les plus logiques sont systématiquement ignorés, alors que ces commentateurs devraient les connaître, car ces arguments gênent la propagande « de l’émergence ». Par exemple, quand les journalistes de la RTG tout en faisant un bilan orgasmique des 100 premiers jours de pouvoir d’Ali Bongo, refusent de dire un seul mot sur l’évidence des violences militaires dans le mode de gestion d’Ali Bongo. Quand la RTG parle du bienfait de la journée continue, mais refuse de dire un mot sur les problèmes de transport des Gabonais.

Quand un journaliste justifie les massacres de civils en disant que ces civils le méritent, alors que ces derniers ne demandent que leur bourse, et que ce journaliste pousse le bouchon en disant que les étudiants seront poursuivis en justice pour avoir osé entrer en grève, nous assistons là à la dégénérescence humaine.

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