A y regarder de près, rien de nouveau dans la filière bois au Gabon





L'une des décisions les plus farfelues du régime Bongo fils a été d'annoncer tambour battant que des le 1ier Janvier 2010, aucune grumes ne devait sortir du territoire. Désormais ne seraient exportés que les contreplaqués, planches et lames. Ils ont appelé ça "le Gabon Industriel", la mesure menant à l'émergence. Mais une fois que les effets du réveillon ce sont dissipés et que les Gabonais ont à nouveau retrouvé leur misère quotidienne, ils se sont mis à se demander quelle était la capacité du pays à traiter les grumes sur sont territoire. La réponse fut simple; presque pas grand chose! Le pouvoir émergent réunît alors tout ses experts en matière de transformation de bois et subitement, un communiqué nous apprenait qu'un sursis de 3 mois avait été accordé aux sociétés forestières pour exporter les grumes. Après 3 mois Ali Bongo allait fermer définitivement la boutique. Mais personne n'a eu la simple idée de dire aux Gabonais comment les grumes seraient transformés après les 3 mois de délais, car les capacités de transformation dans le pays seront au même niveau qu'elles le sont aujourd'hui, et qu'elles l'étaient au soir du 31 Décembre dernier. Quand on pose cette question, les Gabonais émergents fuient.

On ne dit pas non plus aux Gabonais que cette affaire de transformation de bois comme panacée ne date pas d'aujourd'hui. Même avant l'indépendance, sous l'AEF, les grumes étaient transportées jusqu'à Port-Gentil où la CFG les transformait en lames de contreplaqués avant l'exportation en France. En écoutant les portes paroles d'Ali Bongo, la mesure de non exportation de grumes permettra de donner localement au bois Gabonais une valeur ajoutée. Mais ils nous prennent pour des benêts, ces Bongoïstes! Qu'est-ce qui empêche aujourd'hui les Gabonais de transformer eux-mêmes leur bois et l'utiliser pour la construction de meubles et de maisons? Rien ne les en empêche. En fait si vous circuler au Gabon, vous remarquerez que des compatriotes et étrangers ont des petites scieries où ils font déjà de la transformation pour les besoin locaux. La fabrication de meubles pour le marché locale existe aussi. Là n'est pas le problème. Le vrai problème est de savoir quel est le plan d'Ali Bongo pour la transformation du Bois au Gabon? Maintenant qu'il a mis l'embargo, qu'il nous dise combien de scieries vont sortir de terre d'ici 3 mois, qu'elles seront leurs capacités de production et qu'elle sera le nombre d'emplois crées? A ces vraies questions qui s'éloignent du kounabelisme, vous ne trouverez jamais de réponse auprès de ceux qui vous parlent d'émergence du matin au soir, car au Gabon les annonces sont traitées comme des faits.
Il ya déjà environ 40 scieries au Gabon tenues par des privés, qui produisent des lattes, des chevrons et des planches. Il ya une société de tranchage (BTIG), et quelques sociétés comme Rougiers qui se spécialisent dans le contreplaqué. On sait que ces sociétés ne sont pas capables de traiter l'ensemble de la production Gabonaise et que la clientèle aussi a des exigences de traitement que ces sociétés auront du mal à remplir. La question simple pour le gouvernement est: C'est quoi la stratégie? L'expansion des sociétés existante? La création de nouvelles sociétés? Qui va investir? Avec quels moyens?

Une autre collatérale de cette décision est la baisse de revenus de la SETRAG qui assure le transport Grumiers jusqu'au port d'Owendo; et la banqueroute programmée de la SEPBG (Société d’Exploitation des Parcs à Bois du Gabon) qui assure la manutention portuaire et gère les parcs à bois d’Owendo, Port-Gentil et Mayumba. Combien d'emplois de perdus?

Les clients du bois Gabonais sont principalement la Chine (63%), la France (10%), l'Allemagne (4%), l'Italie (3%) et la Belgique (3%). Je vois mal la Chine, le principal importateur de bois Gabonais qui est aussi le principal importateur des bois Camerounais, Equato-guinéen et Congolais, venir créer des entreprises de transformation au Gabon. La Chine risque de se concentrer sur les pays limitrophes du Gabon pour ses approvisionnements. Une autre chose que l'on ne dit pas aux Gabonais est qu'Ali Bongo voudrait démontrer aux écologistes occidentaux que son action aura pour conséquence de réduire la coupe du bois au Gabon et placer ainsi le Gabon en position de recevoir des paiements dans le cadre de la fixation du carbone par la forêt. Mais cette montagne a déjà accouché d'une souris à Copenhague et les chances de succès sont minces. Concernant la valeur ajoutée dont parlent les gens d'Ali Bongo, les expériences des autres pays ayant fait la même chose dans le secteur du bois n'a pas toujours été probante. En général la perte d'emplois dans les clairières forestières et dans la chaine d'exportation est plus importante que la création d'emplois dans la transformation.

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