LES GACHIS DU BONGOÏSME : LE DESTIN DÉGRADÉ DE PLUSIEURS GÉNÉRATIONS DE « PREMIERS DE LA CLASSE » GABONAIS
Au Gabon, on n’aime pas les classements. On n’aime bien faire du bruit sur les performances voulues, mais quand il s’agit de mesurer ces performances, il n’y a plus personne. Au Gabon, les imposteurs ont peur d’être découvert. Pourtant le Gabon est un petit pays où tout le monde ou presque se connait. On sait facilement qui est qui, qui a fait quoi et qui vaut quoi. Toutes les études académiques qui se sont penchées sur la question arrivent à la même conclusion : la formation d’un capital humain de pointe est déterminante à la performance économique d’une nation. Il y a donc une interaction directe entre les performances économiques des nations et la qualité éducationnelle de leurs habitants. Plus particulièrement encore, la qualité des leaders a un impact non négligeable sur la performance économique. Les leaders spécialistes et compétents mènent leurs pays à la croissance, ceux qui sont jouisseurs et incompétents, ruinent leurs pays. Je vous laisse deviner dans quelle catégorie se classent les bongoïstes.
1. L’école comme centre de détection de talents
Dans tous les pays normaux, le système d'éducation et de formation, et l'économie agissent l'un sur l'autre. Le rendement du système d'éducation et de formation fourni au pays un stock de cadres hautement qualifiés. Ces cadres hautement qualifiés, à leur tour, aident à déterminer la compétitivité, et la performance économique du pays. Il n’est pas inutile de rappeler qu’un pays, une nation, une économie solide ne se construisent pas à coup de slogans, mais grâce à la jugeote et au travail des enfants de ce pays qui soient les plus volontaires, les plus travailleurs, mais aussi les plus capables à tous les niveaux. Pour atteindre ces objectifs de société moderne, unie et équitable, dotée d’une économie capable de répondre aux exigences d’un nouvel ordre national, l’école doit jouer un rôle de centre de détection de talents. Grace à l’école, on doit pouvoir savoir qui a l’aptitude au leadership dans l’enseignement, dans le business, dans les sciences, dans l’agriculture, dans le bâtiment, la route etc. Tout au long du processus de développement, il est important de veiller à ce que la détection et la promotion des talents ne souffrent d’aucune corruption qui ferait des premiers de la classe, des derniers et des derniers de la classe, des premiers. Malheureusement au Gabon, on voit depuis 40 ans un système où l’arbitraire est roi. Au Gabon tout le monde se connait et les performances scolaires des gens ne sont pas secrètes. Au vu de ceux qui gouvernent notre pays, on ne peut pas dire l’ascension à la tête de l’appareil de l’état obéisse à un quelconque critère d’excellence. Pas dans ce pays où les CV sont fabriqués avec des gens se réclamant énarque, qui ne le sont que sur le papier, des gens à doctorat douteux etc. Le Gabon a par exemple de très très grands juristes, mais pour occuper la plus haute place à la plus haute cour de justice du pays, il faut que ce soit la maitresse de Bongo. Pendant qu’elle caracole, tous les autres qui sont beaucoup plus valables qu’elle doivent lui faire des courbettes et jouer les seconds violons. Et c’est la même chose dans presque tous les services administratifs. Il va falloir que les rênes du pays soient prisent pas des gens ayant un cursus conséquent et ne souffrant d’aucune controverse, pour que la confiance dans le système gabonais revienne et que nous ayons une chance de stabiliser notre dégringolade vers les abysses bongoïstes.
2. Le Gabon a pourtant disposé de personnes de grand talent
Au Gabon, ce ne sont pas les talents qui manquent. Il y en a beaucoup et il y en même depuis un certain temps. Si on jette un coup d’œil dans le rétroviseur, on s’aperçoit que sous Bongo père, il y a toute une série de « premiers de la classe » qui ont été pourris et dont le pays n’a pas pleinement bénéficié à cause des avaries d’une dictature personnifiée qui ne laissait libre cour à personne d’autre qu’au grand guide éclairé. Le Collège Bessieux par exemple nous a donné une fière brochette de cadres dont les talents personnels sont indéniables mais dont les carrières sont de gros gâchis car ayant été soit dévolues à la gloire de Bongo, soit empêchées par la dictature Bongo. On citera quelques uns comme Ntoutoume-Emane qui fut une star scolaire mais dont la prestation aujourd’hui se réduit en larbin larmoyant quémandant des faveurs à Bongo, un presqu’illettré totalement inculte. Triste. On citera aussi un Casimir Oye-Mba qui porta haut le Flambeau du Gabon à la BEAC et dont la réputation à l’extérieur du Gabon comme quelqu’un de valable reste intacte aujourd’hui ; mais à l’intérieur du Gabon, on ne peut que constater avec amertume qu’il aura eut une destinée inachevée car ce monsieur méritait d’être président du Gabon bien plus que le comédien qui joue les présidents aujourd’hui. On citera Pierre-André Kombila et son collègue de Bessieux Paul Mba-Abessole, deux des plus grandes intelligences de leur génération ; ils sont réduits aujourd’hui à la mendicité politique à cause de divers incohérences, allant faire la course aux postes de ministres chez les Bongo. Dans un autre registre on a Pierre Mamboundou qui mérite mieux que son confinement politique du moment. On a des gens comme Luc Bengone Nsi qui auraient pu apporter beaucoup à ce pays, Divungui qui en tant qu’ingénieur aurait été bien utile au développement du pays au lieu d’être un vice président figurant. Enfin dans la nouvelle génération, il y a les André Mba Obame dont le talent incontestable pourrait servir à autre chose qu’à aider les Bongo à assoir leur pouvoir comme ce fut le cas ces 20 dernières années, Rossatanga-Rignault dont personne ne peut croire qu’il soit à l’aise dans son rôle de petit commis de bureau d’Ali Bongo, etc.
Dans notre pays à économie encore fragile, qui peine à se frayer un chemin vers le développement, il est impératif que le mérite devienne de plus en plus systématique. Mais la systématisation du mérite est impossible si le président lui-même n’est pas méritant. Le manque de mérite au sommet de l’état entraînant une érosion rapide des valeurs collectivistes de l’éducation dans la construction de l’état, la situation du Gabon aujourd’hui n’est donc pas surprenante.
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