THE EDITORIAL OF THE NEWSPAPER MISAMU. ÉDITORIAL DU JOURNAL MISAMU
Non ! C’est inadmissible ! Inadmissible d’abattre un jeune à bout portant parce qu’il manifestait sa colère, comme toute l’immense foule au milieu de laquelle il se trouvait, et surtout qu’il n’était pas menaçant. Alors là, rien du tout. Cela s’est passé sous mes yeux. Juste au début de la petite bretelle qui relie la voie express au-dessus de l’échangeur du PK 5. Ceux qui ont tué l’étudiant sont venus à bord d’un véhicule léger de type Mercédès, sur la portière était marqué MDN, de plaque minéralogique bleue portant le numéro 131….. Ils étaient quatre à bord. L’un des deux occupants à l’arrière du véhicule a ouvert le feu à bout portant. L’enfant s’est écroulé net sous nos pieds, la tête éclatée.
Ali Bongo vient de franchir un nouveau palier dans l’intolérance et la dictature. En sa qualité de chef de l’Exécutif, puisqu’il s’en réclame depuis qu’il a prêté serment devant les siens, il porte l’entière responsabilité de ce drame. On ne peut interdire un meeting de l’opposition à Libreville et laisser se tenir une marche du PDG non loin de là, à Ntoum. Cet enfant a un père et une mère et aurait pu être le vôtre ou celui de votre famille, vous tous qui vous répandez dans de honteuses spéculations et hypothèses qui tombent sous le sens.
De quelle loi veut-on parler quand on a été mal élu ? Quand on est incapable de donner des réponses précises à tous les questionnements du peuple sur soi et sur son mode de gouvernance ? De quelle autorisation parle le ministre de l’Intérieur ? Quand les populations sont fâchées, faut-il au préalable aller quérir son autorisation pour exprimer sa colère ? Il n’ignore sans doute pas que la colère est un état affectif violent et passager, résultant du sentiment d’avoir été agressé ou offensé. Quand, au sortir d’un match de football perdu, les spectateurs s’emportent, au nom de quelle stupide loi doit-on au préalable aller quérir l’autorisation du ministère de l’Intérieur ?
Dans les grandes démocraties, en France ou aux Etats-Unis, ne voit-on pas les populations descendre spontanément dans la rue pour exprimer leur colère ? Si M. Mapangou était ministre de l’Intérieur en France, le Front national n’existerait plus. S’il était secrétaire d’Etat aux Etats-Unis il n’aurait point toléré que les manifestants descendent dans la rue le 25 novembre dernier, près de Saint Louis, au Missouri, pour exprimer leur colère contre la décision du grand jury de ne pas poursuivre un policier responsable de la mort d’un adolescent noir.
Nous avons atteint là le summum de l’intolérance, de l’injustice. L’opposition a bien tenu son meeting à Port-Gentil sans casse. Et pourquoi ne devait-elle pas en tenir un autre à Libreville ? L’appareil répressif mis en place pour empêcher tout accès à Rio n’aurait-il pas suffi à contenir la foule après le meeting ? En tout cas, l’histoire nous enseigne que bon nombre de dirigeants qui bafouent les règles élémentaires de la démocratie pour instaurer la dictature, la violence, l’instrumentalisation de la justice terminent leur vie en exil. Il est certain que tout ce qui a commencé aura une fin.
Valère ATEBA
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