PRESS RELEASE BY THE GABONESE OPPOSITION. COMMUNIQUÉ DE L’OPPOSITION GABONAISE
Les leaders de l'opposition ( ADERE, ANG, PSD, RNB, UN,UPG)
(Photo ; J. P. Rougou)
Ce n’est un secret pour personne, le Gabon traverse l’une des plus graves crises politiques de son histoire. Cette crise sans précédent est née des conditions désastreuses de prise du pouvoir en septembre 2009. Elle a été aggravée par la calamiteuse gouvernance politique, économique et sociale qui caractérise le mandat actuel.
Oui, dès le mois de septembre 2009, l’opposition et la société civile n’ont eu de cesse d’alerter la communauté nationale et internationale quant aux risques qui pesaient sur le pays si une réponse politique appropriée n’était pas apportée à cette situation. Des solutions ont plusieurs fois été proposées par l’opposition et par la société civile. Nombre d’entre elles ont été soutenues par la communauté internationale.
Plutôt que de faire face à cette réalité, le pouvoir s’est enfermé dans le déni, et y compris lorsque, même dans ses rangs, des voix se sont élevées pour reconnaître l’extrême gravité de la situation.
Aujourd’hui le constat est clair, les fondements de la République sont gravement menacés dans notre pays :
- l’égalité de tous devant la loi est remise en cause ;
- les institutions se substituent au peuple et s’accaparent de sa souveraineté à travers une démocratie biaisée, avec des élections frauduleuses, jouées d’avance, organisées sur la base de listes électorales truquées, élections au total non crédibles ;
- les libertés fondamentales sont bafouées, la citoyenneté est foulée au pied : interdiction faite à l’opposition et à la société civile d’organiser toute manifestation publique ; atteintes récurrentes à la liberté d’aller et venir ; violences policières graves et permanentes contre des citoyens ;
- les médias de service public sont confisqués, au seul profit du PDG et ses alliés ;
- le mépris du pouvoir pour la vie humaine est désormais consacré par l’explosion et la banalisation, dans l’impunité totale, des crimes de sang appelés « crimes rituels » ;
- la détresse sociale et la précarité s’accentuent et n’épargnent plus aucune couche sociale, à la faveur d’une gestion économique et financière désastreuse ;
- les grèves touchent quasiment tous les secteurs d’activité.
Pour toute réponse à cet état des lieux particulièrement alarmant, le pouvoir oppose la violence d’Etat, voire un état d’urgence qui ne dit pas son nom.
Cette situation a atteint son paroxysme avec le traitement inhumain, humiliant et dégradant infligé aux commerçantes gabonaises, ainsi qu’avec la mort, dans les conditions non encore élucidées, de nos deux jeunes compatriotes, Mboulou Beka et Beranger Obame Ntoutoume.
La gravité de cette crise sans précédent qui menace dangereusement la stabilité et la paix dans notre pays exige, dans l’urgence, des solutions fortes. Dans cet esprit et à la suite de la communauté internationale, la plupart des acteurs politiques de notre pays, y compris certains membres du parti au pouvoir, appellent, depuis l’année dernière, à la tenue d’un dialogue national inclusif et sans tabou.
Si le pouvoir semble enfin acquis à l’idée d’un dialogue, de nombreuses difficultés subsistent quant à son cadre et aux modalités de sa mise en œuvre. Il estime, à cet effet, que le Conseil National de la Démocratie (CND) en est le cadre approprié. Or, le CND n’est et ne demeure qu’un organe consultatif. Certes, après les dernières modifications de son texte organique, le CND peut désormais être consulté pour avis sur les projets de textes susceptibles de contribuer à la promotion de la démocratie, au bon fonctionnement des partis politiques et à l’amélioration du processus électoral. Mais rien n’a fondamentalement changé. L’article 2 nouveau de la loi n° 13/96 du 15 avril 1996 modifiée, portant création du Conseil National de la Démocratie dispose expressément que « Le CND exerce ses missions en donnant des avis».
Autrement dit, le CND n’a aucun pouvoir de décision. Et de ce fait, à l’issue de ce dialogue national inclusif et sans tabou, les réformes éventuelles que le CND pourrait être amené à proposer ne seront pas exécutoires, seul le pouvoir pourra en décider. L’exemple du Conseil Economique et Social, institution constitutionnelle qui n’émet, lui aussi, que des avis est là pour illustrer nos appréhensions.
En outre, le débat démocratique qu’impose cette situation de crise ne saurait se limiter au seul face à face entre le pouvoir et l’opposition. Parce que cette crise est politique, économique, sociale, culturelle et morale, le dialogue national inclusif et sans tabou dont il est question doit nécessairement intégrer la société civile.
Il est donc évident que le CND, dans sa composition et avec ses missions actuelles, ne peut servir de cadre au dialogue inclusif et sans tabou souhaité par le peuple gabonais.
Pour notre part, nous estimons que ce dialogue inclusif et sans tabou doit se faire, avec la majorité au pouvoir, l’opposition et la société civile et sous la supervision des facilitateurs internationaux, l’ONU, l’Union Africaine, l’Union Européenne, l’Organisation Internationale de la Francophonie et les Etats-Unis d’Amérique.
Aussi, dans l’intérêt supérieur de la Nation, Nous, Alliance Démocratique et Républicaine (ADERE), Alliance pour le Nouveau Gabon (ANG), Parti Social Démocrate (PSD), Rassemblement National des Bûcherons (RNB), Union Nationale (UN), Union du Peuple Gabonais (UPG), déclarons notre disponibilité à prendre part au dialogue national inclusif et sans tabou.
Nous proposons à cet effet, la création par voie réglementaire d’un cadre spécial d’organisation d’un dialogue national inclusif sans tabou avec la société civile, sous la supervision des facilitateurs internationaux et dont les actes seront exécutoires.
Toutefois, si ce dialogue devait avoir lieu au sein du CND, celui-ci doit connaître préalablement la modification de sa composition et de ses missions et prérogatives, notamment :
1. l’intégration de la société civile pour prendre en compte l’ensemble des composantes du peuple gabonais ;
2. la modification de l’article 2 de la loi 13/96 du 15 avril 1996 modifiée, portant création du CND pour en faire un organe décisionnel dont les décisions s’imposent à tous.
L’heure est grave, très grave. La tenue de ce dialogue s’impose dans l’urgence. La situation commande un sens élevé du devoir et un amour sans réserve pour la Patrie.
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