IDRISS DEBY CRAZINESS, BY THE JOURNAL THE GUARDIAN! LA FOLIE D’IDRISS DEBY, SELON LE JOURNAL THE GUARDIAN !
To read click here
Pour lire cliquer ici
Version Française
Exerçant un total contrôle, le président Déby est la plus grande menace pour la stabilité du Tchad
Le « président à vie » sait qu’il est protégé par la France alors que les Tchadiens meurent de faim
Une fois par an, un classement des conditions des nations du monde est effectué. C’est comme le bilan d’un pays, avec la santé, l’éducation et le niveau de vie, comme indicateurs clés. L’indice de développement humain de l’ONU indique aux citoyens - et aux activistes comme moi - à quel point un pays se porte bien ou mal.
Depuis 1990, année où Idriss Déby a pris le pouvoir, évinçant son mentor Hissène Habré dans une guerre sanglante, le Tchad - une ancienne colonie française enclavée qui sépare le Sahara au nord de la savane au sud - s'est régulièrement classée au bas de l'indice, fluctuant entre la 160 et 187ième place (sur 189).
Pourtant, le Tchad devrait être un pays stable et riche. Il renferme des réserves de certaines des ressources naturelles les plus précieuses du monde, notamment l’uranium et l’or, et pompe environ 130000 barils de pétrole brut par jour, générant des milliards de dollars de revenus annuels. Mais, sans surprise, très peu de tout ceci sert la population qui reste désespérément pauvre.
En octobre, le Global Hunger Index a indiqué que le Tchad connaissait des niveaux de famines «alarmants». Ce niveau de pauvreté déchirant et la mauvaise gestion de Déby, âgé de 68 ans, ne sont pas une coïncidence. Cela fait partie d'un modèle qui cause des ravages sur tout le continent.
L’argent du pétrole du pays semble avoir été détourné vers presque tout, sauf pour sortir le peuple tchadien de la pauvreté
Certes, l'autocrate organise régulièrement des élections multipartites, mais aucune élection n'a jamais produit de réforme ou de changement de pouvoir. Déby régule et contrôle l'accès aux revenus du pétrole, avec un pouvoir absolu. Il est en effet « président à vie » et ne tolère aucune contestation de la part du peuple, des partis d'opposition ou des groupes de la société civile. En fait, pendant ses 30 ans de règne, toutes les institutions de l’État - les tribunaux, les médias, l’opposition, la société civile - ont été détruites ; une façon à l'ancienne de se maintenir au pouvoir.
L’argent du pétrole du pays - dont 80% était destiné à développer l’agriculture, la santé, l’éducation et les infrastructures - semble avoir été détourné vers presque tout sauf pour sortir le peuple tchadien de la pauvreté. Le gouvernement de Déby a non seulement gaspillé des centaines de millions de pétrodollars, ne laissant aux Tchadiens que des dettes et des institutions malades, mais s'est également livré à de vastes dépenses - et même à des emprunts - pour équiper ses forces de sécurité des dernières armes pour réprimer les citoyens, les opposants et les militants exigeant de la nourriture et des réformes.
Le résultat est difficile à ignorer. Dans un pays de 15 millions d'habitants, il n’y a environ que 100 hôpitaux et quelques centaines de médecins qualifiés. Selon l'ONU, 8% des nourrissons ne survivent pas à leur première année et 20% ne vivent pas jusqu'à leur cinquième anniversaire. De la population, 70% ne savent ni lire ni écrire, 80% vivent dans la pauvreté totale avec moins d'un dollar par jour et 90% sont au chômage.
Le citoyen moyen vit en moyenne jusqu'à l'âge de 53 ans. En 2019, Transparency International a classé ce pays 162ième (sur 180) dans sa liste annuelle des pays les plus corrompus du monde. En plus de tout cela, le lac Tchad - la principale source de vie du Sahel - se rétrécit suite au réchauffement climatique, exposant la population ravagée par la pauvreté à un risque encore plus grand de famine.
Pour un pays qui se trouve dans un environnement généralement dangereux - avec Boko Haram au Nigeria à l'est et Isis au nord - c'est troublant. Cela devrait nous concerner tous. Mais le principal bailleur de fonds de Déby, la France, reste calme ; poser des questions inconfortables telles que: quand est-ce que la France va-t-elle décoloniser et arrêter de soutenir des dirigeants brutaux comme Déby – ou encore, Ali Bongo au Gabon, Alassane Ouattara en Côte d'Ivoire ou Faure Gnassingbé au Togo – qui maintiennent leur leur peuple et leur pays dans le passé, à la fois économiquement et politiquement?
En effet, en 2017, Déby avait déclaré au Monde qu'il avait dû - et donc accepté - de rester au pouvoir sous la pression française. L’année suivante, le Parlement tchadien révisa la Constitution pour lui permettre de conserver ses fonctions jusqu’en 2033, date à laquelle il aura 81 ans. Sans surprise, cette semaine, il est allé plus loin pour consolider son autocratie et en même temps éroder davantage les perspectives de changement.
Pour marquer le 60e anniversaire du Tchad, le 11 août, il s’est fait « Maréchal du Tchad ». Il s'est même habillé comme Mobutu Sese Seko, un autre kleptocrate, quand il s'était autoproclamé « Maréchal du Zaïre ». C’est une tentative désespérée de renforcer l’idée qu’il incarne personnellement la stabilité et la sécurité du Tchad dans le combat mondial anti-jihadiste au Sahel, ce qui a rend de plus en plus difficile pour beaucoup d’imaginer une transition pacifique de pouvoir à tout successeur.
À mon avis, Déby - qui contrôle totalement le gouvernement et ne montre aucun signe de ralentissement - est en fait la plus grande menace pour la stabilité, la démocratie et le développement du Tchad. Il se comporte comme il le fait parce qu’il n’a pas besoin du consentement de son peuple et il sait à l’échelle internationale qu’il est protégé par les Français alors que les Tchadiens meurent de faim.
Vava Tampa est un écrivain indépendant spécialisé dans les grands lacs, la décolonisation et la culture de l’Afrique
Comments
Post a Comment