FRANCHEMENT MONSIEUR MASSARD! ACTE II: L'ÉMERGENCE SE FERA AVEC QUI?
La révolte qui embrase, intérieurement, tout les gabonais pensant, à propos du massacre des boursiers, n'est pas sur le point de s'estomper. Monsieur Massard, des milliers de gabonais, aussi bien étudiants que parents, et même simples observateurs, ont du mal á vous suivre dans vos tentatives de rationalisation de ce qui est un autre acte d'oppression qui met en joue l'avenir de toute une génération. Monsieur Massard, il est évident que vous et votre commission régnez en maître sur la destinée à court, moyen et peut être long terme, de milliers de jeunes gabonais. Du haut de votre arrogance, vous cravachez sauvagement au travers de leurs dossiers, coupant et sabrant, au moindre prétexte. Malgré les plaintes des étudiants, vous ne nous avez toujours pas dit comment s'organiseront les charters qui vont transporter ces milliers d'étudiants vers le Gabon. Vous ne nous avez toujours pas dit comment les étudiants qui méritaient la bourse sur la base des performances scolaires, et qui ont signé des baux de logement au Canada, aux USA ou en France, pays où une coûteuse caution est souvent exigée, feront pour récupérer cet argent, avant de déguerpir de ces logements. Sachez aussi, Monsieur Massard, que de guerre lasse, de nombreux étudiants gabonais ont simplement décidé de ne donner suite à votre appel aux recours, car ils considèrent que leurs dossiers sont complets tels que transmis, et que les relevés de notes sont déjà en votre possession. Ils se demandent donc quelle information complémentaire peuvent ils vous fournir pour que vous renversiez votre verdict. Il devient clair pour tous les gabonais, Monsieur Massard, que vous ayez vos quotas de suppression à respecter, et que les arguments avaient très peu de place dans ces libérations. Nous vous le disons sur la base des témoignages qui nous sont parvenus.
1. Un témoignage qui nous est parvenu est celui á propos d'une jeune bachelière, de série scientifique, bac avec mention, à qui vous avez refusé, Monsieur Massard, d'octroyer une bourse d'étude pour une école de qualité reconnue en France.
Vous savez Monsieur Massard, tout être humain a le droit à la possibilité d'épanouir ses capacités. L'école sert justement à cet épanouissement. Les étudiants brillants ont de plus grands besoins d'épanouissement, car leur courbe de potentiel est plus élevée que celle de la moyenne des étudiants. Dites nous, franchement Monsieur Massard, s'il y a un seul établissement au Gabon, capable de fournir à notre brillante compatriote les mêmes conditions d'épanouissement intellectuel et professionnel, qu'une bonne école occidentale? Alors Monsieur Massard, quand vous forcez cette jeune fille de 17 ans à accepter de se façonner au moule existant à L'USTM de Franceville, au lieu de celui d'une école d'ingénieur occidentale qui permettrait à l'étudiante de mieux exprimer ses talents, vous êtes en contradiction avec votre fameuse idée "d'émergence" du Gabon. Car comment pouvez vous promouvoir l'émergence d'un pays si vous tuer dans l'œuf les talents de ce pays? Nous ne disons pas que l'USTM n'est pas une bonne institution; ce que nous disons est que les étudiants, brillants et méritants, doivent être orientés suivant leurs capacités et non envoyé à l'USTM de manière systématique, quand on sait par exemple qu'ils sont outillés pour les instituts polytechniques reconnus pour leur excellence. Monsieur Massard, pensez vous que cette étudiante trouvera à l'USTM, le sens du mérite, le goût de l'effort et l'appétit de connaissance, qui sont présents sur les campus occidentaux de pointe? En envoyant cette compatriote aux aptitudes très élevées à l'USTM, vous la démotivez et nous craignons que ses performances scolaires perdent de leur vitesse, car son désir risque d'être amoindri par les conditions de travail à l'USTM qui seront loin d'être celles dont elle a besoin. Attention Monsieur Massard, nous ne faisons pas ici la promotion des études en Europe à tout prix, nous ne sommes pas pour des études fantaisistes en occident, non, non et non. Ce que nous voulons vous dire est que malheureusement au Gabon, il existe un scandaleux laisser-aller dans l’éducation des jeunes. Si vous interrogez la plupart des jeunes à qui vous avez si brutalement coupé la bourse, sur leur orientation académique et professionnelle, vous découvrirez un Gabon qui laisse ces personnes livrées à elles-mêmes dans un environnement où des structures d’orientation sérieuses et d'aiguillage académique font cruellement défaut. Ne nous voilons pas la face Monsieur Massard, il y a une défiance justifié des jeunes gabonais à l’égard des structures éducatives nationales. Vous pouvez penser que seule la volonté de s’expatrier en Occident anime ces jeunes compatriotes, mais vous vous trompez. La vérité nous oblige à reconnaitre que l’occident offre à nos jeunes, des opportunités de formation qui n’existent pas au Gabon. Ainsi aujourd’hui, Monsieur Massard, un étudiant formé au Gabon a beaucoup de mal à faire valoir ses compétences acquises sur les bancs d’établissements en déconfiture, dans des conditions souvent opaques. Cet étudiant peut-il faire face à la concurrence des expatriés occidentaux et de ses camarades titulaires de diplômes occidentaux très prisés par les entreprises? Il est alors facile de démontrer que la réalité est qu'aujourd'hui encore, pour parfaire sa formation, un séjour universitaire en occident s’impose pour les jeunes gabonais. Quand vous aurez doté le pays de bonnes structures d'éducation, nous pourront en reparler. Mais pour le moment, nul doute n'est permis.
2. Votre "émergence" s'appuiera t-elle donc sur une éducation gabonaise anémiée?
Monsieur Massard, l'émergence du Gabon, dont vous parler à tout bout de champ, se fera par quels mécanismes selon vos plans? Quand on sait que le Gabon n'a pas de structures universitaires pouvant rivaliser avec d'autres pays africains comme la Côte d'Ivoire, l'Afrique du Sud, le Sénégal ou même le Cameroun, quand vous parlez d'émergence et renvoyez tout le monde étudier au Gabon, d’où vous viendra l'expertise et la technicité? Un excellent étudiant qui se passionne des disciplines avancées, vous est-il plus utile à l’étranger pour compléter sa formation, qu'à Libreville dans l'oisiveté? Les pays émergents comme l'Inde et la Chine, qui pourtant ont des universités de classe mondiale, continuent d'envoyer chaque année, des dizaines de milliers d'étudiants dans les universités américaines. Les USA accueillaient 26275 étudiants chinois en 2009, et 34000 étudiants de l’Inde la même année. Pourquoi cette folie de penser que le Gabon aura son « émergence » en autarcie? Quelques exemples de folie de votre part, Monsieur Massard:
a. Les résultats de votre commission démontrent un total de 70 gabonais faisant des études de physique en IUT, universités et grandes écoles, en Afrique, Amérique et Europe. Mais vous avez supprimé 46 de ces bourses, soit un taux de suppression de 66%. Pour un pays qui manque cruellement de scientifiques, vous trouvez ce taux normal? Surtout qu'on sait que beaucoup de ceux qui ont eu la bourse supprimée étaient avancés dans leurs études et passaient en classe supérieure.
b. Les résultats de votre commission comptent un total de 137 gabonais faisant des études de mathématiques, en Afrique, Amérique et Europe. Mais vous avez supprimé 59 de ces bourses, soit un taux de suppression de 45%. Vous trouvez ce taux normal? Parmi les bourses de math supprimées, il y en a une qui d'après témoignage, touche une compatriote inscrite dans une grande école polytechnique de renom. Mais pour vous ça ne compte pas, Monsieur Massard, car il faut qu’elle revienne à l’USTM.
c. Les résultats de votre commission comptent un total de 30 gabonais seulement faisant des études de pharmacie, ce qui est déjà largement insuffisant. Mais vous avez supprimé 18 de ces bourses, soit un taux de suppression de 60%. Vous pensez qu’il y a trop de pharmaciens au Gabon ? Côté médecine, c’est un total de 262 étudiants que vous listez. A ceux là vous supprimez 127 bourses soit un taux de suppression de 48%. Soit la moitié de l’effectif. Bravo Monsieur Massard !
Monsieur Massard, il faut que vous compreniez que demander à ces milliers d’étudiants gabonais de revenir dans l’incertitude du system éducatif national, est analogue à demander aux footballeurs professionnels jouant en Europe de rentrer au Gabon pour retrouver notre championnat. Aussi talentueux que soient ces joueurs, ils ont besoin de jouer au haut niveau pour progresser et notre championnat national ne peut être qualifié de haut niveau. De la même façon, nos étudiants qui devront rentrer au Gabon régresseront de niveau car nos universités et écoles, quoi qu’on dise, ne sont pas encore d’un calibre élevé. Dans ces circonstances, Monsieur Massard, si les étudiants gabonais ne sont pas confrontés académiquement à ce qui se fait de meilleur en termes d’éducation et de formation dans le monde, avec qui comptez vous faire votre émergence ?
Á suivre…
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