ZACHARIE MYBOTO’S EULOGY TO ANDRÉ MBA OBAME. L’ORAISON DE ZACHARIE MYBOTO À ANDRÉ MBA OBAME
Monsieur le Secrétaire Exécutif et Cher André MBA OBAME,
Le moment est lourd, lourd d’émotion, lourd de souvenirs, lourd d’interrogations.
Lourd d’émotions car depuis l’annonce de votre décès le 12 de ce mois d’avril à Yaoundé, la peine, le chagrin, la tristesse étreignent vos compatriotes, étreignent profondément les membres du Bureau National, les militantes et militants, sympathisantes et sympathisants de notre parti, l’Union Nationale. Les pleurs, les cris de détresse et autres manifestations affligeantes qui vous accompagnent depuis votre arrivée en sont la preuve éclatante. C’est donc dans ce contexte funeste qu’il me revient, moi que vous appeliez affectueusement Doyen, le douloureux devoir de vous parler pour la dernière fois, hélas, sous la forme d’un monologue et non d’échanges constructifs comme nous le faisions à deux ou avec les autres responsables de notre parti. Quel vide inconsolable !
Lourd de souvenirs, oui, Monsieur le Secrétaire Exécutif, chaque personne venue ici et au delà a certainement un souvenir de vous. La présence impressionnante du peuple en ce lieu et tous les messages relayés par la presse en sont des témoignages éloquents.
Des souvenirs de toi à titre personnel, j’en ai évidemment, tant notre relation, dissonante auparavant, devenue harmonieuse au sortir de l’élection présidentielle anticipée du 30 août 2009 a surpris, laissant les uns abasourdis, les autres meurtris, certains dubitatifs et bien d’autres admiratifs. Cette nouvelle relation est le fruit de deux importantes rencontres que nous avons eues à deux à ton initiative au mois de septembre 2009. Nous l’avons voulue très forte parce que sincère, confiante et patriotique. Toutes tentatives de la fragiliser ont été vaines. Nous sommes restés soudés et déterminés à poursuivre ensemble et avec d’autres comme nous le verrons ci-dessous notre combat de libération du Gabon.
Cette relation est tout un symbole. J’y veillerai toujours après toi. Va en paix André.
Moment lourd d’interrogations, bien sûr car par votre décès, l’Union Nationale perd son Secrétaire Exécutif, l’une de ses pièces maîtresses, l’opposition, l’un de ses principaux fédérateurs et le Gabon l’un des plus talentueux animateurs de sa vie politique. L’opposition gabonaise ici rassemblée en a parfaitement conscience. Vous pouvez toujours lui faire confiance comme par le passé où ensemble nous avons mis en place plusieurs structures dont la Coalition des Groupes et Partis Politiques pour l’Alternance (CGPPA), la Coalition des Partis Politiques pour l’Alternance(CPPA), et l’Union Nationale (UN).
Oui, l’Union Nationale ! Une œuvre marquante dans le monde politique national, une œuvre qui est non seulement un bel exemple de dépassement de soi pour l’intérêt supérieur du Gabon mais aussi un véritable acte de foi dans son avenir d’alternance, son avenir de changement du système politique actuel. Vous êtes l’une des pièces maîtresse de cette œuvre née le 10 février 2010 de la fusion du Mouvement Africain pour le Développement (MAD), du Rassemblement National des Républicains (RNR) et de l’Union Gabonaise pour la Démocratie et le Développement (UGDD) à laquelle vous aviez adhéré auparavant. Dans cet esprit, le 10 février 2010, déjà dans vos fonctions de secrétaire Exécutif, vous disiez : « qui pourra nous croire encore si pour vouloir le changement dans notre pays, nous ne changeons pas nous-mêmes notre manière de faire la politique pour servir les intérêts du plus grand nombre et non du plus ceux de nos seuls maisons, villages et ethnies ? La réalisation de cet impératif de changement passe nécessairement par la conjugaison des efforts et des intelligences de tous ceux qui placent le Gabon au-dessus de leur position personnelle de pouvoir. Leur rassemblement s’impose maintenant. »
Ce message a fortement contribué à forger chez nos militantes et militants le sens de la résistance et de la détermination dans le combat politique grâce auxquelles ils ont géré sans découragement la période de quatre années de dissolution de notre parti et sauront gérer toute autre situation à venir. Ils vous le promettent. L’Union Nationale qui fait partie intégrante de votre histoire au plan politique vous restera à jamais reconnaissante.
Monsieur le Secrétaire Exécutif,
A votre actif de 2009 à cette année 2015 qui vous a vu périr, il n’y a pas que l’Union Nationale. Il y a d’abord l’élection présidentielle anticipée du 30 août 2009 que vous avez gagnée comme l’a du reste confirmé le documentaire sur la France /Afrique abondamment diffusé par plusieurs chaînes de télévision publiques françaises et d’autres pays dès le mois de décembre 2010. Ce coup d’état électoral a été une humiliation pour le peuple gabonais avec ses conséquences désastreuses fortement condamnées par l’opposition regroupée à l’époque au sein de la Coalition des Groupes et des Partis Politiques pour l’Alternance (CGPPA).
Dans les différentes actions de rejet et de contestation des résultats de cette élection que nous avons menées, il y a eu les mémorandums remis à Monsieur le Président Sarkozy le 24 février 2010 et au Secrétaire Général Monsieur Ban Ki Moon le 1er juillet de la même année. Vous y avez joué un rôle déterminant.
Revendiquant ensuite votre victoire à cette élection, vous avez décidé de former un gouvernement, le gouvernement alternatif avec comme Premier Ministre, Monsieur Raphaël Bandega Lendoye après votre prestation de serment de forme le 25 janvier 2011.
Cette décision ayant malheureusement et sans raison valable entraîné la dissolution de l’Union Nationale, inexistante à la date de l’élection présidentielle à laquelle vous vous étiez présenté en candidat indépendant, vous avez décidé de saisir l’ONU par le canal du Représentant du PNUD et avec vous, votre Gouvernement et quelques responsables du parti, nous avons passé 32 jours au siège de cet organisme.
Sorti du PNUD après la visite d’une délégation de l’ONU venue de New York, c’est à une épreuve que vous allez faire face, celle de la levée de votre immunité parlementaire. Evènement à rebondissements multiples, cette levée est évidemment votée par l’Assemblée Nationale et là s’arrête la procédure engagée compte tenu de sa complexité au plan politique.
Au mois de mai 2012 les français élisent un nouveau Président de la République , Monsieur François Hollande. La situation du Gabon est digne d’intérêt pour le nouveau pouvoir. Vous trouvant à Paris, vous initiez des contacts avec des nouvelles autorités françaises notamment au Département Afrique de l’Elysée. Une rencontre avec celles-ci a lieu début juillet 2012 pour leur remettre le document final de la rencontre organisée peu avant à votre initiative avec la Diaspora et la Société Civile , rencontre ayant abouti à la proposition de la tenue d’une conférence nationale souveraine qui n’a jamais eu lieu mais dont le principe, sous forme de dialogue inclusif par exemple, reste toujours d’actualité car la dégradation de la situation politique, économique et sociale de notre pays s’est accentuée depuis quelques mois.
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