QUI ÉCOUTERA DONC GRÉGOIRE BIYOGO DANS L’AMBIANCE D’ANTI-INTELLECTUALISME QUI EST PROMUE AU GABON?

"Le Penseur" de Rodin



Un ami de ce blog nous a soumis un texte de Grégoire Biyogo, professeur d’université gabonais, qui volontairement comme tout bon citoyen, apportait sa lecture, sa contribution et quelques unes de ses prescriptions, au débat politique dans son pays. Mais après avoir lu et constaté la densité et la fécondité du texte (que vous pouvez consulter sur internet), nous sommes persuadés que peu de gabonais le liront, et un nombre encore plus restreint le comprendront. La raison ? La percée de l’anti-intellectualisme au Gabon, où il est de moins en moins possible d’avoir une discussion cérébrale sur l’avenir du pays, car on se retrouve très vite dans le désert, ou en compagnie de quelques initiés. Mais cette situation est voulue, car comment voulez-vous avoir une population pensante qui serait dirigée par des incultes ? Alors, le gabonais moyen doit rester quelqu’un de passablement ignare car comment voulez vous mystifier quelqu’un qui sait ce qu’est un véritable pays émergent en venant chanter des slogans ? Il est plus facile d’avoir une attitude arrogante et condescendante quand on a affaire à une population servile et peu instruite. En définitive, il est plus facile d’être un chef d’état sans aucune légitimité ni intégrité morale, quand la population est incapable de saisir les conséquences de ces handicaps pour un chef d’état.

1. Au lieu de discussions sérieuses sur l’avenir du pays, nous avons droit à une avalanche de vulgarité
Nous avons distraitement regardé le journal télévisé de 20 h sur la RTG1 de ce Jeudi 18 aout 2011 et avons cru apercevoir une Angélique Ngoma en train de danser sous une tente. M’enfin, ou est la valeur informative d’une Angélique Ngoma qui danse ? A quoi sert ce genre de «news» ? On bombarde les populations gabonaises avec ce genre de stupidités à longueur de journée, pour quel but et à quelle fin ? Au Gabon, on fait la confusion entre familiarité et vulgarité. C’est un ami de ce blog qui avait raison quand il nous disait : «le Gabon n’est même pas petit, ce serait une insulte aux autres petits pays, il est bas». Le Gabon est un pays dont la gouvernance est devenue par essence vulgaire et anti-intellectuelle. En filmant un ministre en train de danser, la RTG1 espère montrer que le ministre en question est proche des populations. Mais seule la vulgarite est apparente. Force est de constater que si nous comparions la qualité des hommes dont disposait Léon Mba à ceux d’Ali Bongo, il y a peu de membres du cabinet d’Ali Bongo qui pourrait soutenir la comparaison d’un Jean Marc Eko ou d’un Jean Hilaire Obame pour ne citer que ces deux là, qui pourtant n’avaient pas de doctorats et autres diplômes supérieurs. L’éducation est une question de culture et non de diplôme. Sur ce point, le Gabon a d’énormes progrès à faire. Si Ali Bongo avait un semblant de culture, pensez vous qu’il aurait acheté en priorité Pozzo Di Borgo ou la résidence Kennedy ? Quand on est instruit, on réfléchi et quand on réfléchi, on ne prend pas ce genre de décision. Au Gabon, au sommet de l’état, on est idiot et on se vante de l’être. Omar Bongo ne disait-il pas que c’est lui qui conseillait ses conseillers et que la recherche des hauts diplômes n’était pas essentielle? Tristesse !

2. La profonde insécurité des Bongo concernant le monde de la connaissance en général, et celui des intellectuels en particulier, les pousse à se méfier des nationaux à cervelle et à s’entourer d’étrangers
Ali Bongo parle de former et de bien préparer les Gabonais pour que ceux-ci soient plus employables dans l’économie de demain. OK on veut bien le croire ; mais attendez un instant ! Maixen Accrombessi a quelle qualification exceptionnelle hors de portée des gabonais d’aujourd’hui ? Liban Souleyman est-il un monstre sacré des académies ? Quelle est son cursus ? Donc, chers lecteurs, il ne faut pas fatiguer les gens en parlant de bien former les gabonais. Des gabonais bien formés, il y en a des tonnes ; à la pelle on les ramasse. Mais qu’est-ce qu’on en fait au Gabon ? Rien, sinon on s’en méfie. Il n’y a pas longtemps, nous assistions à la radiation de plusieurs professeurs d’université qui avaient commis le crime de s’opposer ouvertement à Ali Bongo. Est-ce une réaction qui renforce la liberté de penser au Gabon ? C’est comme cela qu’on veut « bien former » les gabonais ? Nous pouvons dire sans aucun risque de nous tromper qu’Ali Bongo fut un piètre élève. En dépit de ses privilèges nous pouvons affirmer qu’il ne lit pas et ne prétend même pas le moins du monde être intéressé par les choses de l’esprit. Son profil et celui de sa famille, est l’ostentation de nouveaux riches et la course qu’il fait à tout ce qui est prestige à paillettes : Hollywood, Saint Tropez, dizaine de Bentley, grandes propriétés sur les grands boulevards occidentaux etc. Quand on sait que l’intégrité morale d’un chef d’état est un élément-clé de gouvernance et qu’on constate à quel point Ali Bongo est déconsidéré par les gabonais pensants et moins pensants, on comprend un peu mieux pourquoi son profond désir de s’entourer de non nationaux (en plus de ses propres douteuses origines). Il ne faut surtout pas se faire d'illusions ; le pouvoir au Gabon ne nous appartient pas. Il est domaine exclusif des Bongo et s’ils y associent tant d’étrangers au nez et à la barbe des nationaux souvent plus instruits et qualifiés, c’est parce qu’ils se sentent plus à leur aise en compagnie de ces étrangers. Un gabonais saura toujours qu’Ali Bongo est un imposteur ; mais un étranger ? Il s’en foutra pourvu qu’il « mange » son pognon.

Le texte de Grégoire Biyogo nous a rappelé que la vie politique d’un pays devait être animée par toutes ses composantes et non par un petit cadre monolithique. L’histoire nous prouve que toutes les tentatives de monolithisme ont été couronnées de cuisants échecs. Le malheur des gens comme Ali Bongo est de ne point lire et donc se comporter, lui et son entourage, comme si pour eux la fin de régime ne se produirait jamais. La frénésie d'accumulation de pouvoir et de richesse pendant que les gabonais triment, ne s'explique pas autrement. Pour eux, c’est le pouvoir pour le pouvoir car l’accumulation est un couronnement. Le texte de Grégoire Biyogo nous illustre aussi, quand on lit entre les lignes, qu’un Gabon où prospère le souffle intellectuel, et où la rigueur morale serait unanimement saluée, est une impossibilité sous la présidence des Bongo. Alors, la médiocrité continuera d’être célébrée et nous assisterons encore et toujours au passage de générations dont les cervelles seront empoisonnées avec des slogans idiots et des ministres qui au lieu de bâtir quelque chose de solide dans ce pays, se contentent de danser pour les cameras de télévision. Ainsi ira le Gabon.

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