C’EST LA CARENCE DE LÉGITIMITÉ QUI PEUT CONDUIRE AU DÉMEMBREMENT DE L’ÉTAT




Les émergents aiment à dire que la preuve de leur pouvoir soit que le Gabon reste un pays « stable ». Or, cette quête d'exemplarité basée sur la supposée « stabilité » du Gabon, s'avère rapidement vaine lorsqu'on tente de lui donner un contenu précis, et d’examiner les contours de cette « stabilité ». Ce n'est donc pas parce qu'il connait une absence de guerre que le Gabon est un pays stable. Suivant ces critères, la Birmanie aussi serait un pays stable. Tout le monde s’accorde à dire que le Gabon a connu, après le pouvoir quarantenaire d’Omar Bongo, une transition unique en son genre qui a vu une chorégraphie se mettre en branle pour imposer mordicus son fils comme successeur. Un tel système politique basé sur l’illégitimité, ne peut se prétendre "exemplaire", et encore moins un modèle de « stabilité » à imiter.

1. On ne peut construire durablement un état en rafistolant tout. A un moment donné, le trop plein d’imposture finira par déborder
Il faut reconnaître la singularité du Gabon dans ce qu'il s'agit certainement de l’un des systèmes politiques les plus incestueux du monde. Le Gabon ressemble de plus en plus aux monarchies officielles comme le royaume d’Arabie Saoudite où il est clair que seule la famille règne, avec son amalgame de frères, cousins et cousines ; de beau-frères et beau-fils ; de gendres et de belles mères, se partageant souvent les haute instances d’état et des institutions, sans oublier les sociétés d’état. On ne peut pas appeler un tel machin une démocratie. C’en est tout au plus une parodie. Quand la constitution est amendée de manière grossièrement partisane, et que les nouvelles lois promulguées par le pouvoir, et sensées réguler la répartition des pouvoirs et des compétences entre les différentes entités intra-étatiques, ne sont estampillées par les parlementaires (à plus de 90% acquis au pouvoir) que pour garantir la pérennisation du pouvoir Bongo et le succès à toutes « élections prévues » à l’avenir, nous ne sommes en présence de rien d’autre qu'une farce. Nous pensons que cet état de fait met en péril la «stabilité » constitutionnelle du pays, car quand plus personne ne croit aux institutions, il n’y a plus de pays ; même s’il y a une paix latente, le ver est déjà dans le fruit et les mécanismes de pourrissement sont engagés. Il y a en effet pourrissement, quand le pouvoir prend des mesures qui fixent des limites strictes à la participation de l'opposition au processus politique, c'est-à-dire la non couverture de l’opposition dans les medias publics, des commissions électorales plus crédibles et équilibrées, le pouvoir qui dit non du revers de la main aux principes biométriques, on voit bien que les émergents tiennent à briser tout effort entrepris, ou qui puisse l’être, par quiconque, pour améliorer les conditions électorales au Gabon. Et un pouvoir qui craint des élections libres est un pouvoir qui se sait de facto illégitime, et qui ne laisse pas beaucoup de choix à ses adversaires que de chercher des alternatives souvent à hauts risques pour le pays.

1. La question de la légitimité est vite expédiée de manière manichéenne par les émergents
L’examen du vernaculaire utilisé par les tenants du pouvoir permet d’appréhender très facilement les tentatives stupides de mystification. Les uns, face aux questions de la mal-élection de 2009, soutiennent avec la conviction du mythomane, que la transition fut un phénomène de réussite de l’exercice constitutionnel, et fut le produit de la sagesse populaire, sinon de la maturité et du génie du peuple gabonais. Les autres veulent carrément en finir avec toute référence au passé, car ils n’ont aucun argument à faire valoir ; ce sont ceux qui vous répondent que l’élection est terminée et qu’il faille que vous les laissiez « avancer ». Ils soutiennent, grosso modo et tout aussi mythomanes, que le peuple fit son choix en 2009. Mais quand point par point, nous leur démontrons les incohérences de leur « pouvoir », les réponses deviennent confuses et laissent souvent place à une expression qui n'est pas très logique. Chers Lecteurs, les émergents ne peuvent pas trouver des arguments au fait que tout le monde sache qu’il manque au pouvoir Ali Bongo, un socle de légitimité sur lequel il reposerait et que personne ne mettrait en doute. C’est de se socle que découle la justification du pouvoir politique. C’est ce socle qui devrait entrainer une véritable stabilité constitutionnelle.


Au Gabon, l’unanimité autour de la légitimité d’Ali Bongo n'existe pas, même en tant qu'hypothèse, c’est dire. Au contraire, les institutions du pays, et la constitution, pierre angulaire de la justification du pouvoir politique démocratique, sont mêmes très souvent mises en cause, par les temps qui courent. Nous voyons de plus en plus de contestations sérieuses, avec des arguments en béton, ce qui prouve qu’il y a des gabonais qui pensent. Pour beaucoup de compatriotes, les institutions du pays ne représentent plus rien. Nous nous dirigeons vers une posture ou les gabonais vont "vivre ensemble", ou faire mine de le faire, mais dont le manque de cohésion autour d’une idée nationale, d’une légitimité nationale, rendra impossible la fluidité du concept de la nation pour tous et de tous.

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