UN ÉTAT EST BIEN PLUS QU’UN SIMPLE PÉRIMÈTRE, UN HYMNE NATIONAL ET UN DRAPEAU




Il avait bien raison, George Orwell, quand il disait : « Parler de liberté n’a de sens qu’à condition que ce soit la liberté de dire aux gens ce qu’ils n’ont pas envie d’entendre ». Il semble en effet qu’Ali Bongo et sa bande n’aiment pas du tout ce que certains d’entre nous sont en train de leur dire. Parce qu’ils sont habitués à une information d’état émanant de fonctionnaires dont les emplois ont été créés pour seul objectif de plaire au pouvoir, nos émergents supportent mal les opinions de gens qui ne se présentent pas en valets ; qui ne sont pas des admirateurs des ors ou des opulents ; qui ne présentent aucun signe de simples d'esprits près à courber l'échine sur ordre des Bongo. Le pouvoir est déconcerté de constater qu’il y ait des gabonais qui pensent autrement et qui le disent en utilisant des moyens de communication indépendants ; qu’il y ait des gabonais qui souhaitent prendre leur destin en main suivant la formule: «n'attends rien si tu ne fais rien ». Ces gabonais d’un autre type, par des mécanismes variés, disent tous les jours au pouvoir : « votre bêtise n’a aucune limite, car vous ne pouvez pas convaincre les gabonais que vous construisez ce pays, quand en même temps nous assistons à votre abattage de pans entiers de ce qui devrait solidifier le Gabon ».

1. Le régime Ali Bongo est très mal placé pour donner des leçons de civisme aux gabonais
Pour Ali Bongo, c’est trois tirs au but, trois tirs à côté du cadre. Quand il s’adresse aux gabonais et leur fait le reproche de manquer de civisme et de se risquer à un effritement social, les gabonais peuvent lui répondre en trois points cinglants :

a. N’est-ce pas vous, Ali Bongo, qui avez décidé de passer outre le vœu du plus grand nombre de gabonais et vous déclarer président, le tout en tirant sur des gabonais sans défense ? Quel est ce type de civisme ?

b. N’est-ce pas vous qui venez de faire modifier la constitution du Gabon, vous donnant la quasi totalité des pouvoirs et renforçant aussi ceux de Mborantsuo ? N’est-ce pas vous qui venez de ramener Mborantsuo dans la légalité, elle qui était illégale depuis 5 ans pour expiration de mandat, en faisant en sorte que désormais le mandat de membre de la cour constitutionnelle soit prorogée à la discrétion du seul chef de l’état, et ce indéfiniment? N’est-ce pas la même Mborantsuo qui est la propriétaire des locaux dans lesquels sont logés les bureaux de la cour constitutionnelle ? N’est-ce pas la même Mborantsuo, qui équipe la cour constitutionnelle de véhicules Volvo, et dont le fils est concessionnaire Volvo au Gabon, en belle parade de la gardienne des lois du Gabon n’est-ce pas? Quel est ce type de civisme ?

c. N’est-il pas vrai qu’un de vos plus fervent alliés, Guy Nzouba-Ndama, est coupable d’avoir prononcé des paroles sectaires intolérables venant d’un président de l’assemblée nationale d’un pays ? N’est-il pas toujours en poste ? Quelles sanctions ont été prises contre lui ? Quel est ce type de civisme ?

2. Un état est surtout fait d’un ensemble de valeurs et d’un sentiment de citoyenneté, partagés par les populations
Si l’existence d’un individu est une affirmation quotidienne de la vie, celle d’une nation est un plébiscite de tous les jours. Ce sont les valeurs communes qui vitalisant une nation, et sans un partage de ces valeurs entres les populations, cette nation risque de se dissoudre. Il ne s’agit donc pas simplement d’établir des rites solennels et tonitruants comme le salut au drapeau et le champ de l’hymne national, pour considérer qu’on dispose d’un état cohérent. Chers lecteurs, sans valeurs communes à tout un peuple, le drapeau ne devient qu’une pièce d’étoffe attachée à une hampe ; et chanter l’hymne nationale, au lieu d’être le symbole d’une mobilisation, ou d’un insigne honneur, n’est plus considéré que comme un pensum. Mais quelles sont donc les valeurs communes à tous les gabonais? Quelles sont les valeurs qui peuvent servir pour catalyser un appel au sacrifice quand la nation est en péril? Mystère et boule de gomme. Demandez aux gabonais : « qui sommes nous ? Qu’est-ce qui nous caractérise ? Quelles sont nos valeurs »? On va vous regarder avec de gros yeux. La réalité est que ce qu’on appelle « le peuple gabonais » soit extrêmement divers et varié. Par conséquent, dans l’état actuel des choses, les intérêts de ses membres peuvent être fortement divergents. Il est donc illusoire et vain de vouloir donner une définition univoque du peuple ou de la nation gabonaise, comme veulent le faire Ali Bongo et ses acolytes. Si nous avons des caractéristiques liées aux circonstances géographiques et historiques de la construction nationale du pays, les migrations, les traditions etc., les contacts entre peuples ; nous devons aussi avouer qu’il y ait des spécificités relatives dont nous devons tenir compte pour mieux juguler les mécanismes bien connus des conflits politiques entre intérêts discordants, et les principes socio-économiques entre communautés, auxquels le Gabon demeure soumis. Qu’on le veuille ou non, le peuple gabonais est composite, et les différences politiques, économiques, identitaires, linguistiques et socioculturelles peuvent être substantielles. Au final, on ne pourra bâtir un Gabon cohérent, qu’en laissant les gabonais eux-mêmes se choisir un futur, et non en le leur imposant. En consultant très largement le peuple gabonais et en acceptant les décisions sorties de ces consultations, à supposer qu’elles soient libres. Ce n’est qu’à ce prix qu’une identité nationale se formera. L’histoire nous le démontre, car partout où on a voulu imposer à des peuples un futur, il y a eu des problèmes. Il faut que les gens soient libres de choisir leur contact social et politique.

Alexis De Tocqueville aurait pu parler du Gabon quand il disait ceci : "Une nation fatiguée de longs débats consent volontiers qu’on la dupe, pourvu qu’on la repose, et l’histoire nous apprend qu’il suffit alors pour la contenter de ramasser dans tout le pays un certain nombre d’hommes obscurs ou dépendants, et de leur faire jouer devant elle le rôle d’une assemblée politique, moyennant salaire." C’est exactement ce que nous constatons au Gabon, où tout le champ politique est clairsemé de faire-valoir béats et tétanisés par la politique de terreur de perte des prébendes.

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