REPLI IDENTITAIRE : UN DÉBAT FORT INTÉRESSANT SANS LANGUE DE BOIS, OU PRESQUE…




L’émission Agora du jour sur la RTG1 aura été la plus intéressante que nous, sur ce blog, ayons jamais regardée. D’abord le sujet débattu était d’une actualité primordiale dans le contexte gabonais, ensuite parce que les invites étaient des gens de calibre au dessus de la moyenne usuelle de cette émission. En effet, ce jour n’étaient présents sur le plateau que des gens pleins de substances et non des ventriloques (ceux qui parlent avec le ventre, par notre définition) qui lorsqu’on les pince, crient « émergence !». Donc nous félicitons l’équipe d’Agora de nous avoir servi aujourd’hui un bon débat avec des participants substantiels, et d’avoir laissé des gens comme Idiata à leur première occupation de barde d’Ali Bongo.








1. Les différents peuples du Gabon se sentent-ils membres d’une communauté de destin, après 42 ans de bongoïsme ?
Il est indéniable que les Gabonais connaissent aujourd’hui, et peut être qu’ils ont toujours connu, des relations difficiles avec l’intersection entre l’ethnie et l’état/nation. Le débat du jour nous a appris que le Prof. Wilson Ndombet argumentait pour une vision de la coupe à moitié vide qui faisait remarquer que d’énormes carences existaient et que tout ou presque était à revoir. Un autre enseignant et universitaire, Boundzanga, lui trouvait plutôt la coupe à moitié pleine et pensait que le Gabon était une nation unie dont le sentiment d’appartenance des populations était désormais un acquis. Entre les 2, il y avait un autre enseignant qui lui penchait aussi du côté de la coupe moitié vide, mais sans être aussi absolutiste que le Prof. Ndombet, c’était Jean-François Obiang qui lui s’inscrivait plutôt dans un constat d’échec présent, mais de potentiel succès futur si la démarche à entreprendre est repensée. Il y avait d’autres participants mais ce blog aura ces 3 comme étant ceux qui ont le plus clairement marqué l’émission de par leurs prises de position.
i) L’analyse de ce blog est que la dissection du prof Ndombet ait été celle qui se rapproche le plus de la notre. Nous estimons que la gestion ethnopolitique de la chose publique aura été un désastre pour le pays et n’a pas permis d’instaurer un véritable climat méritocratique dans l’ensemble de nos administration et entreprises. La résultante est que le système est coincé car devenu trop dépendant de sa géopolitique. Comme l’a dit le professeur, quand on a des compétences assises à la maison parce que n’étant pas de la bonne ethnie, le plus souvent sans travail ni espoir, ne comprenant pas pourquoi on leur préfère des gens en deçà des critères requis, tout simplement pour élargir la base et l’assise du pouvoir, en vue de le maintenir le plus longtemps possible, il devient alors le comble de l’hypocrisie de demander à ces gens lésés, de se sentir dans une communauté de destin avec ceux qui sont à l’origine de cette situation, de ces décisions. Quoi de plus normal que leur rejet de cette destinée qui les exclue sera perçu comme un repli identitaire, par ceux qui veulent toujours excuser l’inexcusable.
ii) Malgré les tentatives de Monsieur Boundzaga, de nous expliquer et vanter les acquis de la consolidation de l’état gabonais, ce blog reste sur sa faim. Car cet argument semble très superficiel et motivé par une disposition idéaliste de la part de Monsieur Boundzaga. Nous ne pensons pas aujourd’hui qu’un enfant de 15 ans (né en 1995) gabonais puisse au même titre qu’un jeune ghanéen ou sud-africain, se dire qu’au Gabon tous les ressortissants ont la même chance de devenir président. Non Monsieur Boundzanga, l’unité territoriale n’est pas aussi importante que le sentiment de communauté de destin. Si les jeunes gabonais ne partagent pas le même destin c’est que nous n’avons pas de nation. Point barre.

2) L’erreur de penser que le Gabon soit 1 et indivisible
Monsieur Boundzanga défendait la thèse d’un état/nation acquis, dès lors que l’intégrité territoriale, le drapeau et l’hymne nationale soient des références acceptées de tous. Nous n’acceptons pas ce simplisme, car rien ne vaut le sentiment d’appartenance qui nait d’une conviction personnelle et individuelle d’appartenir à un même destin. Et c’est là où l’argument de Monsieur Boundzanga quitte la piste. Les jeunes générations, et les moins jeunes qui ont vécu la période des indépendances, bref tout le monde se rend compte du grand écart entre les déclarations sur l’égalité des gabonais et l’indivisibilité des gabonais devant les valeurs de la République, faites par le pouvoir Bongo ; et certaines pratiques qui consistent à assoir le régime sur des garanties de loyauté qui restent souvent régionales, familiales, sinon carrément claniques. Pour preuve, aujourd’hui encore, à tous les postes sensibles du pays, nous avons des gens qui sont d’abord loyaux aux Bongo avant d’être républicains. Similairement, les détenteurs du pouvoir bongoïste, eux-mêmes, ne se sont jamais cachés de leurs pensées sur les équilibres grâce auxquels ils se maintiennent au pouvoir. Pour preuve, les déclarations de Nzouba-Ndama que nous appelons sur ce blog affectueusement « l’ambidextre », qui bien qu’étant président de l’assemblée nationale, l’organe rassembleur d’un état, ne se gêna pas de faire montre d’un sectarisme inouï, sans que cela n’émeuve le pouvoir dont il est issu. Petit à petit, le pays continue de glisser vers l’anachronisme de communautés qui coexistent, mais sont loin de former une nation. Si rien n’est fait, les frontières, le drapeau et l’hymne national ne seront pas suffisant pour forcer les gabonais à regarder dans la même direction. Comme l’a si bien dit Monsieur Jean-François Obiang, il est temps d’organiser une méritocratie avec des institutions répondant aux besoins d’une nation et non de certaines personnes dont la seule motivation est la conservation du pouvoir.


Une page d’histoire est à tourner ensemble, celle de l’ère Bongo qui ne répond plus aux attentes des gabonais. Ce blog aurait aimé entendre les avis des spécialistes à l’émission du jour sur l’idée d’un autre Bongo au pouvoir pour au moins 20 ans encore. Non, il faut que ces schémas cessent. Il nous faut de nouvelles relations entre nos peuples, il nous faut les inventer courageusement, dignement, calmement. Nous avons tous, de manière républicaine, un rôle particulier à jouer dans ce chantier exaltant pour l’avenir du Gabon. Ne pas le faire nous condamne à un avenir sombre.

Comments

Popular posts from this blog

GAGAN GUPTA’S MASTERFUL TRICK! LA MAGISTRALE ENTOURLOUPE DE GAGAN GUPTA !