COMME TOUTE DICTATURE QUI SE RESPECTE, LE GABON D'ALI BONGO RENFORCE SON DISPOSITIF DE TRAÇAGE TÉLÉPHONIQUE
Tous les pays du monde utilisent l'écoute téléphonique. La différence se situe dans les règles et les lois régissant cette utilisation. En Europe et aux USA (en occident), avant de mettre un téléphone sous écoute, les autorités doivent obtenir l'autorisation d'un juge. On a même vu des sociétés de téléphonie refuser de collaborer avec l'administration Bush qui leur demandait de leur communiquer la liste de leurs clients. Récemment en Italie, le gouvernement venait de déclarer illégale les écoutes téléphoniques systématiques. Par contre au Gabon, nous allons à contre courant, c'est-à-dire que le gouvernement gabonais veut obtenir la liste de tous les usagers de la téléphonie mobile, ainsi que les numéros de série de leur carte SIM. Si les écoutes peuvent exister à des degrés divers dans tous les pays, dans une dictature comme le Gabon, elles sont un véritable moyen de gestion des hommes, d'espionnage politique et de chantage et intimidation. Pour tenir le Gabon, les écoutes téléphoniques font parties du dispositif qui maintient autour des Bongo, un climat qui veut qu'avoir des avis divergents aux leurs soit un acte de mort politique.
1. Tous les numéros de cartes SIM ainsi que leurs propriétaires doivent être fichés.
D'après certaines indiscrétions, les services de renseignements gabonais qui sont pilotés par des français au sein même de la présidence de la république, ont installé depuis plusieurs années un système performant d'écoutes téléphoniques capable d'intercepter tant les communications orales en téléphonie fixe ou mobile, que celles écrites (sms, mms). Le service de ces écoutes est appelé Silam et se trouve dans l'enceinte de la présidence. Il serait dirigé par le colonel Boisseau, un Français. Mais seulement, les écoutes téléphoniques ne valent rien si les services de sécurité sont incapables d'identifier et authentifier les interlocuteurs, et c'est là l'origine de la nouvelle mesure visant à ficher toutes les cartes SIM. Cette carte est en effet l'empreinte identitaire d'un téléphone portable, elle a un numéro de série qui identifie l'appelant et l'appelé. Mais cette identification n'est pas un problème pour les usagers sous écoutes, si ces derniers peuvent se procurer des cartes SIM en tout anonymat. Au Gabon, comme dans beaucoup de pays, il est possible de s'acheter des cartes SIM à la criée, sans avoir à attacher une identité (nom et prénom de l'utilisateur) à cette carte. Dans ces conditions, étant donné qu'il y ait des dizaines de milliers de téléphones cellulaires en activité, il devient difficile aux services de sécurité de faire un espionnage sélectif et effectif car ils ne savent pas toujours qui écouter en priorité. Ecouter 100000 anonymes, revient à n'écouter personne. C'est cette défaillance que veut corriger Ali Bongo en demandant à ce que tous les détenteurs de cartes SIM se fassent enregistrer auprès de leur société de téléphonie mobile. Ali Bongo veut donc attacher au numéro de série de chaque carte SIM en utilisation au Gabon, un nom et prénom bien spécifique. Ceci permettra à ses services de mieux cibler leurs activités de surveillance des gabonais en sachant exactement qui parle à qui et qui communique avec qui.
2. Un régime incapable de stopper le petit banditisme veut faire croire qu'il faille ficher tous les portables pour mieux protéger les gabonais
La raison donnée par le régime Ali Bongo pour justifier sa demande de fichage de toutes les cartes SIM au Gabon est totalement ridicule. Le régime dit que son intention par cette mesure est de protéger la population contre les malfrats qui utiliseraient les téléphones cellulaires pour préparer leurs coups. On peut en rire ou en pleurer, car cette justification provient d'un gouvernement qui se fiche pas mal de la sécurité des gabonais. A-t-on besoin de rappeler que jamais au Gabon, la police n'a fait aboutir une enquête sur les meurtres politiques, ou encore les crimes rituels. Que les assassins de René Ziza courent toujours; que l'enquête sur les évènements de Port-Gentil tant promise, n'a jamais eu lieu et le nombre de morts n'a jamais été officiellement annoncé; que les braquages les plus vicieux ont lieu tous les jours et toutes les nuits au nez et à la barbe des autorités gabonaises. Ce régime qui se fiche de la sécurité des gabonais utilise l'argument de la protection de cette population, pour justifier sa demande d'une autre violation des libertés individuelles de ces mêmes populations; mais quel cynisme!
Sur ce blog, nous anticipons que ceux qui justifient toujours l'injustifiable, offriront l'argument que les écoutes téléphoniques existent, sous une forme ou une autre, dans tous les pays du monde. D'accord, mais dans les pays respectueux des droits individuels, ces écoutes doivent être autorisées sur la base individuelle par un procureur de la république, ce qui n'est pas le cas au Gabon. Chez nous nous avons affaire à un régime peu conscient des libertés individuelles. Ce régime s'apprête à renforcer ses écoutes illégales qui serviront certainement à emprisonner et même éliminer demain, d'autres valeureux gabonais. Qui seront les gabonais mis sur écoute en priorité? Les journalistes courageux et dérangeants? Les syndicalistes indépendants? Les quelques opposants qui s'opposent encore?
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