CÉLÉBRER OMAR BONGO? AU NOM DE QUOI?

C'est avec effarement que ce blog note le caractère particulièrement obscène des célébrations autour de l'anniversaire de la mort de Bongo. Ils poussent le bouchon jusqu'à proposer que le 8 Juin soit désormais un jour férié au Gabon. Dans un pays où il n'y a jamais eu ne serait-ce qu'une seule heure (60 minutes) dédiée a la mémoire de véritables héros nationaux comme Ntchorere ou Raponda-Walker, ou Emane-Ntolo, et bien d'autres. Mais tous les media d'états ont été mis à contribution pour nous convaincre de la grandeur d'Omar Bongo. A écouter les bongoistes dans leur orgie de célébration, on croirait presque que Bongo était un Nelson Mandela; mais il reste que l'homme ne fut ni plus ni moins qu'un dictateur qui a ruiné le pays et l'a laissé exsangue et par terre.




1. Son et lumière pour célébrer le dictateur mort d'un pays qu'il a ruiné
Il est au demeurant peu ordinaire et fort peu républicain de célébrer publiquement, avec faste, un dictateur dont le bilan est négatif sur toute la ligne, et qui nous a laissé en héritage dictatorial, son fils comme président, sa famille aux postes stratégiques du pays, et de l'armée; sa maitresse comme validatrice d'élections truquées etc. Qu'est ce qu'on demande aux gabonais de célébrer? Les gabonais peuvent-ils être content du pays que leur a légué Omar Bongo? Mais il s'agit tout de même du destin d'un pays et de sa population, et on nous raconte des histoires à dormir debout sur le supposé "humanisme" de Bongo, quand on sait tous que cet homme a commis les plus grosses crapuleries possibles. Il est révoltant de lire que des milliards ont été dépensés pour organiser des soirées de gala pour fêter la vie d'un tortionnaire national. On célèbre Bongo au moment où son fils de président continue d'utiliser les méthodes du père que sont les plébiscites mascarades, les détournements, les biens mal acquis, l'intimidation, les tueries, les nominations farfelues etc. On célèbre quelqu'un qui a détruit la méritocratie au Gabon et y a instauré un système de promotions canapés pour hommes et femmes. Les hommes ambitieux pour avoir des ascensions rapides, savaient que le raccourci était de s'enticher d'une Bongo. Ils sont nombreux les exemples: Ping, Toungui, David Ella-Mintsa, Ondzounga et tous les autres. Et les femmes qui doivent leur carrière à la culbute, elles sont trop nombreuses pour les citer. Nous ne vous donnerons qu'un seul nom qui les représente toutes: Mborantsuo.

2. Le bilan revu et corrigé de Bongo
A écouter les commentateurs "émergents" des media gabonais on croirait vivre dans un univers parallèle. Quand ils disent qu'Omar Bongo était un homme de paix, ils évitent soigneusement de mentionner la guerre du Biafra, l'assassinat de Mba Germain, celui de Fanguinoveny, de Robert Luong, le coup d'état manqué contre Kerekou qui engendra le pillage et l'expulsion du Gabon de milliers d'innocents béninois, sur ordre de Bongo; Ndouna depenaud, la guerre civile au Congo-Brazza qui fut organisée à partir de Libreville par les réseaux françafricains. C'est quand même un bilan sanguinaire lourd pour un homme de paix.
L'intense propagande bongoïste veut faire passer Omar Bongo pour un humaniste. Selon la définition, l'humaniste est quelqu'un engagé dans la recherche de la vérité et de la moralité. Aucune personne à peu près normale ne peut imaginer Omar Bongo en apôtre de la vérité et de la moralité. Son action a été contraire à ces deux idéaux. Alors, qu'on arrête la comédie! Ceux qui veulent festoyer en la mémoire d'Omar Bongo peuvent le faire entre eux; mais nous demander d'embrasser leur caution déshonorante a un président désastreux, c'est aller trop loin. Le révisionnisme en cours ne peut être toléré.

Tout ce que nous demandons aux bongoistes est qu'ils nous laissent vivre libres sur notre territoire. La vérité est que le bilan de Bongo est bien triste et vu le forcing qui est fait pour que le Gabon devienne un désert culturel, où on pourra faire avaler au gens n'importe quoi, l'œuvre de destruction de Bongo continue. Jusqu'à quand?