UN PAYS OÙ TOUT COMMENCE ET FINI AVEC BONGO


Au regard des évènements, le Gabon serait véritablement un état à part, où toute logique qu’on voudrait y appliquer mène directement à la fulmination, de la part des tenants du pouvoir. Comme par le passé, il y a au Gabon, une logique d’état. Et cette logique n’obéit pas toujours à la logique, car cette logique n’a de sens que dans le périmètre national. Hier comme aujourd’hui, on demande aux gabonais de fonctionner sur le modèle d’une politique « tabula rasa », c'est-à-dire sans mémoire. Dans ce système, si les élections ont été truquées, ce n’est pas grave car c’est le passé et il faut les « laisser avancer » ou encore « libérer la route ». Si on nous a menti à propos de la fameuse ambassade à 100 millions d’euros, ce n’est pas un problème car hier c’est hier et aujourd’hui est différent, surtout qu’il y a urgence à les laisser avancer » et encore et surtout « libérer la route ». Alors, pour fonctionner dans un tel système, et garder un peu de sa raison, ceux qui sont aux affaires et sont techniciens, cadres supérieurs, administrateur, intellectuels etc., choisissent de ranger leur clairvoyance au placard, pour se contenter de participer à la découpe du Gabon, le cerveau désormais situé derrière le ventre. Ils choisissent alors de ne rien voir, ne rien entendre.

1. Un pays à reconstruire, mais comment?
Comme nous avons titré ce billet, dans un pays où tout se résume à Bongo, où tout revient à Bongo et où tous les faits sont de la volonté et de la magnanimité de Bongo père ou fils, comment reconstruire? Comment reconstruire le pays dans un contexte qui depuis 43 ans, veut que la dissidence soit systématiquement éviscérée? Comment reconstruire dans un pays où on qualifie systématiquement de « vendeur d’illusion » toute personne ayant un avis contraire à celui du prince. Les tenants du pouvoir parlent de démocratie, sans s’attarder sur le fait que la démocratie trouve sa raison d’être dans la construction d’un consensus auquel participent tous les citoyens. Les avis sont parfois divergents, mais le consensus met tout le monde d’accord. Au Gabon conçu par les Bongo, il y a un consensus d’une seule opinion, celle des Bongo. Les autres avis sont à étouffer absolument. Ce Gabon est à détruire et reconstruire sur toutes les bases et sur toute la ligne ; c’est à dire une reconstruction civique, politique, morale et légale. Mais pour les gabonais, il y a une grande incertitude car ils se demandent d’où viendra le leadership capable d’accomplir cette mission ? Les gabonais ont été tellement écrasé par la dictature qu’ils ne sont même plus conscient de la force qu’ils ont en eux, car les gens capables d’accomplir cette mission sont les gabonais eux-mêmes. Pourtant il y a beaucoup de signes avant coureurs, annonçant que les gabonais seraient prêts et avides qu’il se passe chez eux, quelque chose de grandiose, c’est à dire que le peuple puisse enfin s’exprimer, tellement les frustrations cumulées au cours du temps deviennent difficile à supporter. Sur le terrain, côté pouvoir, c’est toujours la dictature complète ; faite d’intimidation et de punition ; pendant que chez les médias d’état, c’est toujours «tout est beau, tout est parfait».

2. Après 43ans de dictature, il est à peu prêt normal que la population manque de confiance
Il est vrai qu’on aimerait que le peuple ose enfin s’exprimer d’une manière beaucoup plus tranchée et directe face à la dictature ; mais si nous voulons être honnêtes, il nous faut reconnaitre que les hésitations de ce peuple s’expliquent aussi par un manque de confiance ou de volonté qui persiste, et qui provient du conditionnement subit depuis 43 ans. Il ne faut pas oublier qu’autour de ce peuple, il ya ceux que nous appelons les « fesses froides », c'est-à-dire ceux qui ne se sentent pas du tout concernés par nos problèmes collectifs, et qui n’expriment aucune empathie envers leur prochain. Beaucoup d’entre eux, en manque d’inspiration, disent considérer encore que de crier ses droits haut et fort ne changera rien, car Ali Bongo est président et rien ne changera cela. Pour eux, toute tentative de déloger Ali Bongo n’aboutira à rien.

Depuis mi-janvier à Tunis, une symphonie populaire fait vibrer les peuples en Afrique : son tempo annonce : «dégage, dégage, dégage». Aujourd'hui, quelles que soient les logorrhées des tenants du pouvoir au Gabon, il devient impossible d’ignorer le malaise autour de nous. Leurs discours sont désormais incapables de convaincre et leurs châteaux de carte s’effondrent d’eux-mêmes comme nous le voyons avec la fameuse « émergence » d’Ali Bongo qui nous avait promis que le secteur du bois serait redynamisé, que les travaux de la Can 2012 seraient suivis, que la gabegie allait s’arrêter etc. Mais aujourd’hui, les gabonais sont de plus en plus nombreux à s’aligner sur la notion du « dégage ». Ils sont de plus en plus nombreux qui demandent que le pouvoir Bongo dégage ; et que le gouvernement PDG dégage. Sur ce blog, nous ne parlerons pas au nom du peuple, seuls les élus du peuple (qui n'existent pas encore dans notre parodie de démocratie) en ont le droit. Nous ne donnerons donc pas de leçons au peuple, les seules choses dont le peuple a besoin de notre part, sont nos analyses et nos esquisses de solutions. Pour le reste, nous nous en remettons au peuple.

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