LU POUR VOUS DANS "INTELLIGENCE"

La traque des milliards des présidents déchus

Malgré la détermination affichée des nouvelles autorités tunisiennes et égyptiennes de récupérer la fortune des anciens dirigeants, cet argent risque de dormir encore longtemps sur des comptes offshore. Assistés d’une poignée de consultants spécialisés dans cette activité à haut risque, de nombreux pays ont tenté de mettre la main sur les actifs de leurs présidents déchus, mais très peu y sont parvenus.

Curiosité sélective - Depuis la démission d'Hosni Moubarak le 11 février, le procureur général égyptien Abdel-Majid Mahmoud a initié plusieurs procédures pour détournement de fonds contre d’anciens responsables, notamment l’ex-ministre de l’intérieur Habib el-Adly. Mais la famille Moubarak a, elle, jusqu’ici été épargnée. Même constat en Tunisie : aucune demande de gel des avoirs à l’étranger de Zinedine El Abidine Ben Ali et de la famille de son épouse, Leïla Trabelsi, n’a été émise par les autorités. Plusieurs ONG songent d'ailleurs à se substituer aux autorités du Caire et de Tunis en portant plainte. Au Royaume-Uni, un vif débat agite à ce sujet l’antenne de l’organisation anticorruption Transparency International. En invoquant la nouvelle loi britannique Proceeds of Crime, Transparency pourrait tenter d’obtenir le gel des actifs des deux anciens présidents dans les banques du Royaume-Uni. Coûteuse, l’entreprise est cependant inédite sur le plan judiciaire, et donc particulièrement risquée.

Enquêteurs dépassés - Quelques institutions sont supposées aider les pays qui veulent localiser et saisir les biens détournés par leurs dirigeants. En juillet 2010, le ministre américain de la justice, Eric Holder, avait annoncé la mise en place d’une Kleptocracy Asset Recovery Initiative. Huit mois plus tard, cette unité, localisée au sein de l’Asset Forfeiture and Money Laundering Section du département de la justice, ne compte que sept fonctionnaires, dont deux détachés du FBI. Elle n’a encore ouvert aucun dossier. La Banque mondiale et les Nations unies disposent elles aussi, depuis 2007, d’un bureau spécialisé : la Stolen Asset Recovery Initiative, dirigée par le Britannique Adrian Fozzard (IOL nº598). Mais les pays membres des deux organisations refusent que cette unité soit autonome : elle doit donc se contenter de soutenir, souvent en fournissant des experts juridiques, les enquêtes initiées par les pays eux-mêmes. A ce jour, son principal fait d’armes est d’avoir aidé Haïti à récupérer… 4,6 millions d’euros sur les comptes de la famille Duvalier en Suisse.

Consultants spécialisés - Pour localiser la fortune de leurs anciens dirigeants, les pays préfèrent donc souvent faire appel à des consultants privés. Ceux-ci ne sont qu’une poignée : chez les avocats, le plus sollicité est le Britannique Tim Daniels, du cabinet Edwards Angell Palmer & Dodge. Celui-ci a aidé le Nigeria à rapatrier les fonds détournés par l’ex-président Abacha, et est également intervenu pour le compte de l’Indonésie. Dans les années 90, Kroll a construit sa réputation sur ce type d’enquête en cherchant le trésor caché de Saddam Hussein, avant de graduellement s’en désintéresser. Mais d’autres cabinets d’intelligence économique continuent à intervenir sur ce genre de mission. C’est notamment le cas du français Axis, qui a aidé le Niger à localiser les actifs de l’ancien président Mamadou Tandja et a également enquêté pour le compte de Madagascar sur les avoirs de Marc Ravalomanana, renversé en mars 2009.

© Copyright-INTELLIGENCE-Edition française.

Comments

Popular posts from this blog

GAGAN GUPTA’S MASTERFUL TRICK! LA MAGISTRALE ENTOURLOUPE DE GAGAN GUPTA !