LE "DISTINGUÉ CAMARADE"; L'EXPRESSION D'UN CULTE DE LA PERSONNALITÉ DÉPASSÉ ET RIDICULE
Les récentes cérémonies commémorant le 43ième anniversaire de l'existence du PDG, qui coïncidaient aussi avec le nombre d'années pendant lesquelles les Bongo n'ont cessé de nous étouffer; nous ont révélé la ridicule surenchère d'un culte de la personnalité en bongophonie. Mais même si elle nous amuse au passage, cette bongophonie casse les pieds à un bon nombre de gabonais pensants, car elle exprime le symptôme de la pauvreté de la réflexion politique au sein du PDG. La formule étant pour ce parti de vouer un culte idolâtrique au prince.
1 Le culte de la personnalité infantilise les gabonais
Faustin Boukoubi est la représentation personnifiée du culte dont se drape le monarque gabonais. Pourtant, presque tout le monde au Gabon s'accorde á penser que l'une des raisons fondamentales de la faillite du régime de Bongo 1er, est imputable á une forme de gouvernement fondée sur le culte de la personnalité. Au Gabon, pour mieux cirer les bottes du prince, les gens comme Boukoubi exploitent le contexte socioculturel qui prône la figure de type paternel. C'est ainsi qu'hier nous avons eu yaya Bongo, aujourd'hui nous avons ya Ali. Hier nous avons eu maman Joséphine, maman Edith; aujourd'hui nous avons maman Sylvia. Au lieu de nous présenter le président comme un gestionnaire de la chose publique, on nous le présente essentiellement et invariablement comme le père de famille par excellence, c'est-à-dire le père de la nation. Et par corolaire, son épouse devient la mère de la nation. Etant donné que nos cultures exigent des égards envers les plus âgés, ou envers ceux qui occupent des positions sociales élevées; en proclamant son leader comme "père" de la nation, le PDG voudrait ainsi obtenir de la part de la population le respect automatique pour son leader. Et également obtenir que la population lui fasse une confiance aveugle, et que son autorité ne soit remise en cause. Après tout, on ne remet pas en cause l'autorité de son père dans nos cultures. Si Bongo, depuis 1967, incarne le papa suprême, aussi longtemps que notre société reste influencée par le féodalisme, donc ce papa Bongo sait mieux que quiconque ce qui convient á son peuple "enfant", qui est le peuple gabonais. Papa peut ainsi confisquer la liberté des enfants (le peuple) et leur dire qu'il le fait pour leur plus grand bien. Papa peut voler et dilapider l'héritage des enfants, mais c'est son droit le plus absolu. Lorsque les enfants (les gabonais) ont compris qu'ils ont perdu leurs droits, il est trop tard, et las et découragés, ils ne savent plus comment réagir. C'est exactement la situation actuelle du Gabon.
2 Le culte de la personnalité nécessite l'obéissance aveugle
Le PDG préconise une société ne valant pas mieux que le chien de Pavlov. C'est-à-dire une population qui fournit une réponse prédéterminée á un stimulus précis. Il faut donc que le PDG entretienne au sein du peuple, un mode de pensée irrationnel. Les propagandistes du PDG exploitent des symboles comme les titres grandiloquents pout étoffer le charisme du prince. C'est ainsi que Bongo 1er fut "le grand camarade, président fondateur du parti démocratique gabonais, son excellence…", Bongo 2nd lui se contente de "distingue camarade". A écouter des gens come Boukoubi, au Gabon le dictateur doit être révéré comme un dieu. Tous ses ordres sont considérés comme justes, et exécutés sans qu'il soit possible d'énoncer des doutes ou mêmes des critiques. Une des manifestations de ce phénomène est la multiplicité des qualificatifs et titres honorifiques conférés aux Bongo et á leurs épouses. Ces titres fantaisistes mais toujours ronflants, leurs sont attribués dans le souci d'une vénération inconditionnelle, car dans nos cultures marquées par l'oralité, c'est-à-dire la parole publique, le "dire" est souvent plus important que le "faire". Les discours sont l'arme principale du culte de la personnalité des Bongo. Ceux-ci sont émaillés de mots creux, fréquemment répétés (le distingué camarade a dit dans son projet de société l'avenir en confiance, que bla bla bla…); de slogans faciles á mémoriser (paix, développement, partage); saupoudrés d'antiennes telles que: "pour le peuple", "dans l'intérêt général", "dans le cadre du développement". Ces discours ont pour fonction d'instiller sans répit, mensonge sur mensonge, dans la conscience collective de la population. Ils contribuent à masquer les échecs du gouvernement et à faire croire au peuple que le faux est le vrai et vice versa. Ils sont le palliatif à l'absence de réalisation.
Pour le PDG, le culte de la personnalité passe par l'organisation de cérémonies grandioses, au cours desquelles on rivalise d'ingéniosité et de ridicule, pour une fois de plus tromper les masses et satisfaire le goût du rite des Bongo. L'objectif est de faire qu'à l'issue de ces cérémonies, la foule ne perçoive plus la monotonie de son sort, et l'absence de changement.
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