RÉPONSE Á NOS LECTEURS : DES GABONAIS LUCIDES, IL Y EN A BEAUCOUP, MÊME S’ILS FONT MINE DE MENER UN PROFIL PLUTÔT BAS PAR LES TEMPS QUI COURENT.
Sylvestre Ratanga, assis sur une natte, observant une grève de la faim en 2005 pour avoir été privé de passeport par Omar Bongo. Il est pourtant ancien ambassadeur du Gabon.
Suite a notre billet d’il y a deux jours qui faisait remarquer le caractère « insoumis » de Luc Bengono-Nsi, notre boite mèl a littéralement explosé de messages nous demandant pourquoi d’autres gabonais connus sur l’échiquier national n’emboitaient pas le pas à ce monsieur. Nous voulons répondre à ces lecteurs en leur disant que nombreux sont les gabonais qui se sont joint à la plainte de Luc Bengono-Nsi. Ils sont une cinquantaine ayant déposé une plainte commune. Aussi, nous voulons ajouter qu’il y a d’autres gabonais qui se sont déjà distingués de très éloquente manière par le passé, par des exposés directement adressés à Omar Bongo, qui lui rappelaient qu’il ne trompait pas tout le monde et que certains voyaient clairement ce qui se passait au Gabon. Dans cette catégorie, nous rangeons notre compatriote et père, Sylvestre Ratanga, qui le 16 décembre 2005, écrivit une lettre à Omar Bongo, qui restera dans les annales politiques du Gabon. Cette lettre au tranchant clair, remettait Omar Bongo à sa place et lui indiquait que certains gabonais n’était pas dupes quand à son arrivée au Gabon et ses petites manipulations. Oui chers lecteurs, vous ironiserez qu’aujourd’hui Sylvestre Ratanga milite au PDG pour Ali Bongo. Vous aurez raison de vous en étonner mais en ce qui nous concerne, nous pensons que les mots contenus dans la lettre de Sylvestre Ratanga restent d’actualité et pour cela nous devons, même aujourd’hui encore, reconnaitre son courage, car quelqu’un qui a écrit ses lignes, même s’il milite au PDG, sait au font de lui-même qui sont les Bongo et ne peut ne pas les mépriser au plus profond de son être. Pour vous rafraichir la mémoire, nous vous laissons relire la lettre de Sylvestre Ratanga à Omar Bongo, c’était en 2005. C’est une missive qui force l’admiration, vous en conviendrez.
SYLVESTRE RATANGA
Ambassadeur du Gabon
Commandeur de la Légion d'Honneur
Grand Officier du Mérite Allemand
B.P. 13.385 Libreville
Libreville, le 16 décembre 2005
A Monsieur le Président de la République
Chef de l’Etat
LIBREVILLE
Objet: Des étranges conditions posées à la délivrance d’un nouveau passeport
Et de la réaction de rejet suscitée par la tyrannie du pouvoir.
Monsieur le Président de la République,
Je viens, par la présente, vous prier de rendre publics les crimes dont je me serais rendu coupable contre la République et qui expliqueraient le comportement ignoble et déplorable du pouvoir que vous incarnez hélas encore pour quelque temps, envers un homme qui n’a jamais considéré qui que ce soit comme son ennemi et peut se targuer de n’avoir jamais cherché à nuire à son prochain. Qui oserait prouver le contraire?
Je considère en effet que l’agression psychologique dont vous, Président de la République, votre parent Ministre des Affaires Etrangères, et votre parent Directeur Général de l’Emi-Immigration, vous rendez coupables envers moi, constitue une grave atteinte aux droits de l’homme garantis à tout individu par la Déclaration Universelle adoptée le 10 décembre 1948 à Paris, par l’Assemblée Générale des Nations Unies.
Une telle agression, caractéristique du régime répressif que vous avez mis en place dès votre accession à la magistrature suprême, découle d’une volonté manifeste d'étouffer, de tuer la différence, la révolte contre l'injustice. L'ordre de tuer sans sommation, donné aux forces de l'ordre réquisitionnées par le Premier Ministre, le 14 novembre 2005, procède de la même logique d’un pouvoir répressif, à bout de souffle qui, conscient de son impopularité, viole, sans état d’âme, les dispositions de la Constitution Gabonaise et ne se maintient que grâce à la fraude électorale, à l’achat permanent des consciences, à la peur qu’il distille par la répression. Messieurs Pierre MAMBOUNDOU et Zacharie MYBOTO, les vrais vainqueurs de l'élection présidentielle du mois dernier en savent quelque chose.
Vous conviendrez avec moi, Monsieur le Président de la République, que vos principes d’action sont incompatibles avec celui de bonne gouvernance dont vous semblez vous prévaloir dans la conduite de l’Etat alors qu’elle se définit comme « l’ensemble des pratiques publiques qui permettent à la fois de garantir un comportement démocratique et responsable des gouvernants et une capacité pour les citoyens de s’exprimer, de participer au processus de décision et d’exercer leur capacité de contrôle sur les pratiques et institutions publiques.»(1) Cette définition est aux antipodes des pratiques en vigueur. Et les rédacteurs du rapport du Conseil Economique et Social auxquels nous empruntons cette citation ont bien raison de dénoncer la politisation des différentes sphères administratives partant, le non respect de la déontologie par l’administration.(2) En effet, constatent-t-ils, si l’administration est « au service du pouvoir politique », la déontologie « garantit son impartialité, sa crédibilité et finalement son efficacité. » Malheureusement, « les agents de l’Etat ont moins de respect pour leur travail que pour la manière dont ils l’ont obtenu.» Ceci vous engage directement !
Comment comprendre que le Ministre des Affaires Etrangères qui n’ignore rien de mon statut d’Ambassadeur du Gabon, me demande aujourd’hui, pour m’octroyer un nouveau passeport, de prouver que je suis bel et bien Ambassadeur dignitaire ?
Cette situation est aussi incongrue que si je lui demandais, demain, de prouver qu’il a occupé le poste de … Ministre des Affaires Etrangères ou si je vous demandais de prouver, demain, que vous avez été Président de la République, quand l’Opposition sera parvenue au sommet de l’Etat par la voie démocratique des urnes, sans manipulation de la liste électorale et des procès-verbaux du dépouillement du scrutin !
Comment accepter que le Commissariat Général à l’Emi-Immigration me demande, pour m’octroyer un passeport ordinaire, de fournir une attestation de prise en charge rédigée par un Gabonais encore en activité et confirmant que je suis sous sa responsabilité… à 60 ans ?
Sur quelles dispositions réglementaires se fonde-t-on pour brandir de telles conditions ?
La Constitution de la République Gabonaise est pourtant d’une clarté sans équivoque sur les principes et les droits fondamentaux (Titre préliminaire) du citoyen que je suis. Sauf à considérer que le Chef de l’Etat, les Ministres et Hauts Fonctionnaires sont au dessus de la loi, ils sont tenus de respecter notre loi fondamentale qui, faut-il vous le rappeler, prescrit ce qui suit, à l’article premier :
« La République Gabonaise reconnaît et garantit les droits inviolables et imprescriptibles de l’Homme, qui lient obligatoirement les pouvoirs publics.
Alinéa 1 :
Chaque citoyen a droit au libre développement de sa personnalité, dans le respect des droits d’autrui et de l’ordre public. Nul ne peut être humilié…
Alinéa 2 :
La liberté de conscience, de pensée, d’opinion, d’expression, de communication, la libre pratique de la religion, sont garantis à tous, sous réserve du respect de l’ordre public ;
Alinéa 3 :
La liberté d’aller et venir à l’intérieur du territoire de la République Gabonaise, d’en sortir et d’y revenir, est garantie à tous les citoyens gabonais, sous réserve du respect de l’ordre public ;
En violant ces dispositions de la Constitution qui, du reste, s'inspirent de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme précitée, vous-même et vos hommes de confiance ternissez un peu plus, à l’intérieur comme à l’extérieur, votre propre image et celle du Gabon qui a pourtant présidé l'Assemblée Générale de l'ONU en 2004! Comment, dans ces conditions, ne pas assimiler votre régime à celui d'une république bananière où ne règnerait d’autre loi que celle de la jungle édictée par des gouvernants pour lesquels le droit est un privilège qui s'octroie ou se refuse à ceux qu’ils considèrent comme des êtres inférieurs ou des traîtres! Il est vraiment affligeant de constater que le pouvoir que vous incarnez semble n'avoir jamais compris qu'il suscitait lui-même nombre de ses problèmes avec tous ceux dont il attend, inutilement, un comportement servile, leur niant ainsi tout droit à la différence, dans le respect des lois et règlements. Le meilleur moyen de se faire respecter de son vis-à-vis, quel que fût son rang, n'est-il pas Monsieur le Président de la République, de le respecter d’abord soi-même, et non de le traiter avec arrogance quand on sait d'où nous venons tous!
Votre problème, me semble-t-il, vient de ce que vous vous êtes retrouvé au sommet de l’Etat, à 30 ans, soit au lendemain du départ du Président Léon MBA, malade, pour la France (18 août 1965). Un mois plus tard, vous aviez pratiquement les pleins pouvoirs, en tant que Ministre chargé de la Coordination à la Présidence de la République. A cet âge-là, vous n’aviez pourtant aucune expérience professionnelle, aucune connaissance du pays que vous aviez découvert en venant du Congo cinq ans plus tôt! En cinq ans, vous êtes passé de simple agent des Postes (manipulateur), parallèlement à vos activités au sein du Troisième Bureau (la Contre-Ingérence, sous l’autorité de Monsieur Luc IVANGA), à Président bis de la République (remaniement du 24 septembre 1965)!
Ainsi avez-vous ancré dans votre esprit, depuis ce temps-là, que vous étiez désormais le maître du monde et deviez le rester, avec le soutien inconditionnel du seul pays européen qui, à ce jour, vous a félicité pour votre prouesse électorale du 27 novembre 2005. Ainsi n’avez-vous jamais hésité, une fraction de seconde, à éliminer, d’une manière ou d’une autre, tous ceux qui pouvaient s’opposer à votre vision des choses ou risquaient de le faire. Et votre entourage s’est engouffré dans la brèche pour être toujours bien en cour!
Ma carrière administrative est clairement explicitée dans la lettre confidentielle N°00448/PR. du 20 août 1991, adressée par vous-même à Monsieur le Ministre de la Fonction Publique et de la Réforme Administrative. Je vous en donne copie.
Enfin, il est intéressant de noter que le 24 janvier 2001, Monsieur le Ministre d'Etat Jean PING, Ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et de la Francophonie, a délivré le passeport diplomatique N° D 001538, à Sylvestre RATANGA, Ambassadeur dignitaire. Le même Ministre d’Etat a prorogé le même passeport au même Ambassadeur dignitaire, le 23 juin 2004.
D'où vient-il qu'à présent, personne ne se souvient plus de tout cela? L’on a même oublié l’existence du décret N°349/PR/MAECF du 10 mai 2000 fixant le régime de délivrance, de prorogation et de renouvellement des passeports diplomatiques et des passeports de service! L’article 13 est, pourtant, on ne peut plus explicite sur les ayants droit tels que moi !
Oui, je sais. Vous allez me sortir l’éternelle rengaine : Je suis, moi aussi, l’une de vos créatures artificielles et je vous ai trahi. Non ! Monsieur le Président de la République! La marque d’origine est inscrite sur le front et dans la démarche de ceux que l’on fabrique et je n’en suis pas !
J’ai fait des études universitaires qui ont rendu possible mon intégration à la Fonction Publique. Je ne suis pas le seul dans ce cas.
Et, pendant plus de 25 ans, j’ai servi loyalement le Gabon, sous votre autorité, sans avoir jamais signé un acte d’adhésion à votre parti, le P.D.G. et sans avoir jamais défilé le 12 Mars, fête du parti, sauf en 1976. Je ne suis pas, non plus, le seul dans ce cas. Le hasard a fait que j’étais là où il le fallait quand il le fallait. Quel autre choix y avait-il que de me prendre ? Et rien n’indique que je n’aurais pas fait la même carrière ou une autre à l’extérieur comme au Gabon sous un autre Chef d’Etat, si vous n’étiez pas resté si longtemps au pouvoir.
En France, pour ne prendre que cet exemple, le Président François MITTERRAND a propulsé la Gauche au pouvoir en 1981. Mais, avant cette date, nombre de hauts cadres de Gauche servaient déjà la République depuis longtemps, sous des Présidents de droite !
Nous étions deux garçons pour cinquante filles dans ma classe à l’Université de Bordeaux, en 1966.
Mon collègue, Sénégalais, est, depuis quelques années, représentant (ambassadeur) de l’Unesco. Il était en poste en Europe quand nous nous sommes vus la dernière fois.
Un autre de mes amis de Bordeaux, Burkinabé, était, tout comme moi, ambassadeur en Allemagne et à la même période que moi.
L’on dénombre, parmi mes 24 collègues d’Université à Nice, en 1974 :
- Un ambassadeur (Français) ;
- Le responsable (Néerlandais) d’une institution ayant plus de mille agents ;
- Plusieurs ministres (Europe centrale et de l’Est).
- Un ancien ministre gabonais ( J.B. NGOMO OBIANG ), décédé.
Vous savez bien que l’UNESCO était d’accord pour me prendre après votre refus d’accepter que M. Jean PING, ancien fonctionnaire à l’UNESCO, regagne, comme l’aurait souhaité M. Amadou MAHTAR M’BOW, cette institution où il a débuté sa carrière. M. MAHTAR M’BOW vous avait dépêché à cet effet, en mars 1981, son directeur de cabinet M. CHIK BEKRI. M. Martin BONGO, Ministre des Affaires Etrangères, n'a pas voulu me laisser partir et m’a fait nommer Secrétaire Général du Ministère une semaine plus tard.
Lorsque je vous ai remis, le 5 mai 1997, en mains propres, en présence d’un de vos proches collaborateurs, ma démission de mon poste d’ambassadeur en Allemagne, car j’en avais assez d’avoir l’impression de tourner en rond, j’avais des propositions d’emploi ailleurs. Lorsque vous m’avez reçu après, en présence de M. Martin BONGO, pour me demander où en étaient mes dossiers, j'ai compris que vous teniez à ce que je poursuive ma mission. Pourquoi ? Pourquoi avez-vous encore écrit au Ministre de la Fonction Publique à mon sujet, le 30 mai 2001 ?
Nous sommes trois universitaires arrivés à la Centrale des Affaires Etrangères en 1975.
- Le premier (Mme DOSSOU), par ordre d’arrivée, m’a précédé au poste de Directeur de la Coopération, avant d’être nommé Directeur adjoint de cabinet du Président, Délégué ministériel, Secrétaire d’Etat (1980), Conseiller du Chef de l’Etat, puis Ambassadeur (1994) et à nouveau Ministre (2002).
- Le deuxième (moi) a fait toute sa carrière, d’abord à la Centrale (1975-1987), puis dans le service extérieur (1987-2001) comme sus indiqué.
- Le troisième (Marcel NGUEMA MBA), aujourd’hui décédé, était Ambassadeur, lui aussi. Il avait choisi de servir à l’extérieur, dès son arrivée.
Les universitaires qui nous ont suivi, de 1976 à 1979, et qui, à l’une ou l’autre exception près, ont tous été mes collaborateurs à la Centrale, y occupent encore ou y ont occupé de hautes fonctions pour certains. D’autres sont Ambassadeurs, en poste à l’extérieur.
Dans les années 1980, sous le ministère de M. Martin BONGO qui n’a jamais considéré ses collaborateurs comme des êtres inférieurs et ne les a jamais humiliés, ni publiquement, ni en privé, nous avons envoyé en stage de perfectionnement, des agents qui étaient arrivés au département en 1974 et qui méritaient d’être promus par cette voie.
L’un d’entre eux est Ambassadeur du Gabon, Secrétaire Général du Ministère depuis cette année 2005. Lui posera-t-on, demain, la question qu’il a demandé à l’un de ses adjoints de me poser (la preuve de ma ‘‘dignité’’ d’Ambassadeur du Gabon)?
Vous ne pouvez pas prétendre avoir fabriqué tous ces cadres-là et tous les autres de la Fonction Publique, ou en avoir fait des privilégiés!
En attendant que soient développés d'autres arguments spécieux et fallacieux contre l'un de ceux dont vous avez écrit dans votre lettre de 1990 au Ministre de la Fonction Publique qu'ils "ont contribué positivement à la promotion du Gabon" et vous "ont toujours représenté dignement et loyalement", (mon épouse de l’époque et moi), permettez-moi de vous faire remarquer que si vous me privez de passeport diplomatique ou ordinaire, peu m'en importe la nature, vous et vos proches faites de moi un prisonnier politique dans mon propre pays, puisque vous me refuser le droit d'en sortir pourtant garanti par la Constitution. C'est le sort inique que vous avez réservé, de 1990 à 1993 au Sénégal, et de 1993 à 2005 au Gabon, à Monsieur Pierre MAMBOUNDOU, Président de l'UPG (Union du Peuple Gabonais). Vous n’avez aucun droit de m’empêchez d’aller passer les fêtes de fin d’année avec ma compagne et ma dernière fille à l’étranger où elles vivent puisque ma femme y travaille, alors que vous les passerez avec les vôtres où vous voudrez ! Quel être humain trouverait normal un tel "déni de justice"?
Je suis au regret de vous faire savoir, Monsieur le Président de la République, que si je ne dispose pas d’un passeport, le mercredi 21 décembre 2005, au plus tard, j’entame une grève de la faim jusqu’à ce que mort s’ensuive.
Vous n’avez jamais reconnu votre responsabilité dans la mort d’opposants au Gabon. On lit, sur l’une de vos affiches, que vous mettez le Gabon entre les mains de Dieu. Je vous donne une bonne occasion de m’envoyer vers lui à moindres frais! Vous-même, le Ministre des Affaires Etrangères et le Directeur Général de l’Emi-Immigration ne pourrez pas nier votre responsabilité dans ma mort, d’autant que, dans votre haine, c’est le sort que vous me réserviez, semble-t-il, par des moyens plus subtils et plus sordides encore, en votre qualité de Maître ès qualité en toutes choses.
Vous connaissez mon état de santé et savez ce qu’il adviendra irrémédiablement de moi si, en sus de la grève de la faim, je me privais de mon traitement médical quotidien comme j’ai bien l’intention de le faire. Ainsi, aurai-je le privilège de vous permettre de sabler enfin le champagne après la mort publique d’un néo opposant, traître de surcroît à votre cause providentielle! N'avez-vous pas déclaré que vous enterreriez tous vos contradicteurs?
Je fais une large diffusion de la présente correspondance au Gabon – y compris et surtout dans ma province d’origine - comme à l’étranger, pour que vous n’ayez aucun doute sur ma détermination et pour que vous et vos affidés en assumiez les conséquences. Nous sommes en 2005 et non en 1990, année de l’assassinat de Joseph RENDJAMBE, originaire, lui aussi, de l'Ogooué Maritime, tout comme votre Ministre des Affaires Etrangères (son cousin). Mais, beaucoup de choses ont changé depuis sa mort et son oubli et vous semblez ne pas le savoir. J’en suis heureux pour vous-même et tous les vôtres qui avez passé un pacte avec l'éternité!
En vous remerciant de l'attention qu'il vous plaira de porter à la présente, je vous prie d'agréer, Monsieur le Président de la République, l'assurance de la très haute et respectueuse considération d'un homme de 60 ans, blessé, depuis trop longtemps déjà, dans sa dignité d’homme par vous-même et vos affidés, y compris ceux de sa province.
Je ne suis le valet de personne, je ne l'ai jamais été et ne le serai jamais. Je ne fais rien d'autre que revendiquer mes droits, comme d’autres le font partout de par le monde, et de tous temps. Mais rassurez-vous, contrairement à ceux qui seraient prêts à tout, y compris au crime, pour maintenir leurs privilèges et barrer la route à ceux dont ils ont peur ou qu’ils haïssent, je n’ai pas d’autre arme que le droit, la fierté, pour revendiquer mon droit à la dignité, à la liberté.
SYLVESTRE RATANGA
(1), (2) Conseil Economique et Social, Commission sur la bonne gouvernance au Gabon, Rapport du 31 juillet 2004, pp.3 et 7.
Suite a notre billet d’il y a deux jours qui faisait remarquer le caractère « insoumis » de Luc Bengono-Nsi, notre boite mèl a littéralement explosé de messages nous demandant pourquoi d’autres gabonais connus sur l’échiquier national n’emboitaient pas le pas à ce monsieur. Nous voulons répondre à ces lecteurs en leur disant que nombreux sont les gabonais qui se sont joint à la plainte de Luc Bengono-Nsi. Ils sont une cinquantaine ayant déposé une plainte commune. Aussi, nous voulons ajouter qu’il y a d’autres gabonais qui se sont déjà distingués de très éloquente manière par le passé, par des exposés directement adressés à Omar Bongo, qui lui rappelaient qu’il ne trompait pas tout le monde et que certains voyaient clairement ce qui se passait au Gabon. Dans cette catégorie, nous rangeons notre compatriote et père, Sylvestre Ratanga, qui le 16 décembre 2005, écrivit une lettre à Omar Bongo, qui restera dans les annales politiques du Gabon. Cette lettre au tranchant clair, remettait Omar Bongo à sa place et lui indiquait que certains gabonais n’était pas dupes quand à son arrivée au Gabon et ses petites manipulations. Oui chers lecteurs, vous ironiserez qu’aujourd’hui Sylvestre Ratanga milite au PDG pour Ali Bongo. Vous aurez raison de vous en étonner mais en ce qui nous concerne, nous pensons que les mots contenus dans la lettre de Sylvestre Ratanga restent d’actualité et pour cela nous devons, même aujourd’hui encore, reconnaitre son courage, car quelqu’un qui a écrit ses lignes, même s’il milite au PDG, sait au font de lui-même qui sont les Bongo et ne peut ne pas les mépriser au plus profond de son être. Pour vous rafraichir la mémoire, nous vous laissons relire la lettre de Sylvestre Ratanga à Omar Bongo, c’était en 2005. C’est une missive qui force l’admiration, vous en conviendrez.
SYLVESTRE RATANGA
Ambassadeur du Gabon
Commandeur de la Légion d'Honneur
Grand Officier du Mérite Allemand
B.P. 13.385 Libreville
Libreville, le 16 décembre 2005
A Monsieur le Président de la République
Chef de l’Etat
LIBREVILLE
Objet: Des étranges conditions posées à la délivrance d’un nouveau passeport
Et de la réaction de rejet suscitée par la tyrannie du pouvoir.
Monsieur le Président de la République,
Je viens, par la présente, vous prier de rendre publics les crimes dont je me serais rendu coupable contre la République et qui expliqueraient le comportement ignoble et déplorable du pouvoir que vous incarnez hélas encore pour quelque temps, envers un homme qui n’a jamais considéré qui que ce soit comme son ennemi et peut se targuer de n’avoir jamais cherché à nuire à son prochain. Qui oserait prouver le contraire?
Je considère en effet que l’agression psychologique dont vous, Président de la République, votre parent Ministre des Affaires Etrangères, et votre parent Directeur Général de l’Emi-Immigration, vous rendez coupables envers moi, constitue une grave atteinte aux droits de l’homme garantis à tout individu par la Déclaration Universelle adoptée le 10 décembre 1948 à Paris, par l’Assemblée Générale des Nations Unies.
Une telle agression, caractéristique du régime répressif que vous avez mis en place dès votre accession à la magistrature suprême, découle d’une volonté manifeste d'étouffer, de tuer la différence, la révolte contre l'injustice. L'ordre de tuer sans sommation, donné aux forces de l'ordre réquisitionnées par le Premier Ministre, le 14 novembre 2005, procède de la même logique d’un pouvoir répressif, à bout de souffle qui, conscient de son impopularité, viole, sans état d’âme, les dispositions de la Constitution Gabonaise et ne se maintient que grâce à la fraude électorale, à l’achat permanent des consciences, à la peur qu’il distille par la répression. Messieurs Pierre MAMBOUNDOU et Zacharie MYBOTO, les vrais vainqueurs de l'élection présidentielle du mois dernier en savent quelque chose.
Vous conviendrez avec moi, Monsieur le Président de la République, que vos principes d’action sont incompatibles avec celui de bonne gouvernance dont vous semblez vous prévaloir dans la conduite de l’Etat alors qu’elle se définit comme « l’ensemble des pratiques publiques qui permettent à la fois de garantir un comportement démocratique et responsable des gouvernants et une capacité pour les citoyens de s’exprimer, de participer au processus de décision et d’exercer leur capacité de contrôle sur les pratiques et institutions publiques.»(1) Cette définition est aux antipodes des pratiques en vigueur. Et les rédacteurs du rapport du Conseil Economique et Social auxquels nous empruntons cette citation ont bien raison de dénoncer la politisation des différentes sphères administratives partant, le non respect de la déontologie par l’administration.(2) En effet, constatent-t-ils, si l’administration est « au service du pouvoir politique », la déontologie « garantit son impartialité, sa crédibilité et finalement son efficacité. » Malheureusement, « les agents de l’Etat ont moins de respect pour leur travail que pour la manière dont ils l’ont obtenu.» Ceci vous engage directement !
Comment comprendre que le Ministre des Affaires Etrangères qui n’ignore rien de mon statut d’Ambassadeur du Gabon, me demande aujourd’hui, pour m’octroyer un nouveau passeport, de prouver que je suis bel et bien Ambassadeur dignitaire ?
Cette situation est aussi incongrue que si je lui demandais, demain, de prouver qu’il a occupé le poste de … Ministre des Affaires Etrangères ou si je vous demandais de prouver, demain, que vous avez été Président de la République, quand l’Opposition sera parvenue au sommet de l’Etat par la voie démocratique des urnes, sans manipulation de la liste électorale et des procès-verbaux du dépouillement du scrutin !
Comment accepter que le Commissariat Général à l’Emi-Immigration me demande, pour m’octroyer un passeport ordinaire, de fournir une attestation de prise en charge rédigée par un Gabonais encore en activité et confirmant que je suis sous sa responsabilité… à 60 ans ?
Sur quelles dispositions réglementaires se fonde-t-on pour brandir de telles conditions ?
La Constitution de la République Gabonaise est pourtant d’une clarté sans équivoque sur les principes et les droits fondamentaux (Titre préliminaire) du citoyen que je suis. Sauf à considérer que le Chef de l’Etat, les Ministres et Hauts Fonctionnaires sont au dessus de la loi, ils sont tenus de respecter notre loi fondamentale qui, faut-il vous le rappeler, prescrit ce qui suit, à l’article premier :
« La République Gabonaise reconnaît et garantit les droits inviolables et imprescriptibles de l’Homme, qui lient obligatoirement les pouvoirs publics.
Alinéa 1 :
Chaque citoyen a droit au libre développement de sa personnalité, dans le respect des droits d’autrui et de l’ordre public. Nul ne peut être humilié…
Alinéa 2 :
La liberté de conscience, de pensée, d’opinion, d’expression, de communication, la libre pratique de la religion, sont garantis à tous, sous réserve du respect de l’ordre public ;
Alinéa 3 :
La liberté d’aller et venir à l’intérieur du territoire de la République Gabonaise, d’en sortir et d’y revenir, est garantie à tous les citoyens gabonais, sous réserve du respect de l’ordre public ;
En violant ces dispositions de la Constitution qui, du reste, s'inspirent de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme précitée, vous-même et vos hommes de confiance ternissez un peu plus, à l’intérieur comme à l’extérieur, votre propre image et celle du Gabon qui a pourtant présidé l'Assemblée Générale de l'ONU en 2004! Comment, dans ces conditions, ne pas assimiler votre régime à celui d'une république bananière où ne règnerait d’autre loi que celle de la jungle édictée par des gouvernants pour lesquels le droit est un privilège qui s'octroie ou se refuse à ceux qu’ils considèrent comme des êtres inférieurs ou des traîtres! Il est vraiment affligeant de constater que le pouvoir que vous incarnez semble n'avoir jamais compris qu'il suscitait lui-même nombre de ses problèmes avec tous ceux dont il attend, inutilement, un comportement servile, leur niant ainsi tout droit à la différence, dans le respect des lois et règlements. Le meilleur moyen de se faire respecter de son vis-à-vis, quel que fût son rang, n'est-il pas Monsieur le Président de la République, de le respecter d’abord soi-même, et non de le traiter avec arrogance quand on sait d'où nous venons tous!
Votre problème, me semble-t-il, vient de ce que vous vous êtes retrouvé au sommet de l’Etat, à 30 ans, soit au lendemain du départ du Président Léon MBA, malade, pour la France (18 août 1965). Un mois plus tard, vous aviez pratiquement les pleins pouvoirs, en tant que Ministre chargé de la Coordination à la Présidence de la République. A cet âge-là, vous n’aviez pourtant aucune expérience professionnelle, aucune connaissance du pays que vous aviez découvert en venant du Congo cinq ans plus tôt! En cinq ans, vous êtes passé de simple agent des Postes (manipulateur), parallèlement à vos activités au sein du Troisième Bureau (la Contre-Ingérence, sous l’autorité de Monsieur Luc IVANGA), à Président bis de la République (remaniement du 24 septembre 1965)!
Ainsi avez-vous ancré dans votre esprit, depuis ce temps-là, que vous étiez désormais le maître du monde et deviez le rester, avec le soutien inconditionnel du seul pays européen qui, à ce jour, vous a félicité pour votre prouesse électorale du 27 novembre 2005. Ainsi n’avez-vous jamais hésité, une fraction de seconde, à éliminer, d’une manière ou d’une autre, tous ceux qui pouvaient s’opposer à votre vision des choses ou risquaient de le faire. Et votre entourage s’est engouffré dans la brèche pour être toujours bien en cour!
Ma carrière administrative est clairement explicitée dans la lettre confidentielle N°00448/PR. du 20 août 1991, adressée par vous-même à Monsieur le Ministre de la Fonction Publique et de la Réforme Administrative. Je vous en donne copie.
Enfin, il est intéressant de noter que le 24 janvier 2001, Monsieur le Ministre d'Etat Jean PING, Ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et de la Francophonie, a délivré le passeport diplomatique N° D 001538, à Sylvestre RATANGA, Ambassadeur dignitaire. Le même Ministre d’Etat a prorogé le même passeport au même Ambassadeur dignitaire, le 23 juin 2004.
D'où vient-il qu'à présent, personne ne se souvient plus de tout cela? L’on a même oublié l’existence du décret N°349/PR/MAECF du 10 mai 2000 fixant le régime de délivrance, de prorogation et de renouvellement des passeports diplomatiques et des passeports de service! L’article 13 est, pourtant, on ne peut plus explicite sur les ayants droit tels que moi !
Oui, je sais. Vous allez me sortir l’éternelle rengaine : Je suis, moi aussi, l’une de vos créatures artificielles et je vous ai trahi. Non ! Monsieur le Président de la République! La marque d’origine est inscrite sur le front et dans la démarche de ceux que l’on fabrique et je n’en suis pas !
J’ai fait des études universitaires qui ont rendu possible mon intégration à la Fonction Publique. Je ne suis pas le seul dans ce cas.
Et, pendant plus de 25 ans, j’ai servi loyalement le Gabon, sous votre autorité, sans avoir jamais signé un acte d’adhésion à votre parti, le P.D.G. et sans avoir jamais défilé le 12 Mars, fête du parti, sauf en 1976. Je ne suis pas, non plus, le seul dans ce cas. Le hasard a fait que j’étais là où il le fallait quand il le fallait. Quel autre choix y avait-il que de me prendre ? Et rien n’indique que je n’aurais pas fait la même carrière ou une autre à l’extérieur comme au Gabon sous un autre Chef d’Etat, si vous n’étiez pas resté si longtemps au pouvoir.
En France, pour ne prendre que cet exemple, le Président François MITTERRAND a propulsé la Gauche au pouvoir en 1981. Mais, avant cette date, nombre de hauts cadres de Gauche servaient déjà la République depuis longtemps, sous des Présidents de droite !
Nous étions deux garçons pour cinquante filles dans ma classe à l’Université de Bordeaux, en 1966.
Mon collègue, Sénégalais, est, depuis quelques années, représentant (ambassadeur) de l’Unesco. Il était en poste en Europe quand nous nous sommes vus la dernière fois.
Un autre de mes amis de Bordeaux, Burkinabé, était, tout comme moi, ambassadeur en Allemagne et à la même période que moi.
L’on dénombre, parmi mes 24 collègues d’Université à Nice, en 1974 :
- Un ambassadeur (Français) ;
- Le responsable (Néerlandais) d’une institution ayant plus de mille agents ;
- Plusieurs ministres (Europe centrale et de l’Est).
- Un ancien ministre gabonais ( J.B. NGOMO OBIANG ), décédé.
Vous savez bien que l’UNESCO était d’accord pour me prendre après votre refus d’accepter que M. Jean PING, ancien fonctionnaire à l’UNESCO, regagne, comme l’aurait souhaité M. Amadou MAHTAR M’BOW, cette institution où il a débuté sa carrière. M. MAHTAR M’BOW vous avait dépêché à cet effet, en mars 1981, son directeur de cabinet M. CHIK BEKRI. M. Martin BONGO, Ministre des Affaires Etrangères, n'a pas voulu me laisser partir et m’a fait nommer Secrétaire Général du Ministère une semaine plus tard.
Lorsque je vous ai remis, le 5 mai 1997, en mains propres, en présence d’un de vos proches collaborateurs, ma démission de mon poste d’ambassadeur en Allemagne, car j’en avais assez d’avoir l’impression de tourner en rond, j’avais des propositions d’emploi ailleurs. Lorsque vous m’avez reçu après, en présence de M. Martin BONGO, pour me demander où en étaient mes dossiers, j'ai compris que vous teniez à ce que je poursuive ma mission. Pourquoi ? Pourquoi avez-vous encore écrit au Ministre de la Fonction Publique à mon sujet, le 30 mai 2001 ?
Nous sommes trois universitaires arrivés à la Centrale des Affaires Etrangères en 1975.
- Le premier (Mme DOSSOU), par ordre d’arrivée, m’a précédé au poste de Directeur de la Coopération, avant d’être nommé Directeur adjoint de cabinet du Président, Délégué ministériel, Secrétaire d’Etat (1980), Conseiller du Chef de l’Etat, puis Ambassadeur (1994) et à nouveau Ministre (2002).
- Le deuxième (moi) a fait toute sa carrière, d’abord à la Centrale (1975-1987), puis dans le service extérieur (1987-2001) comme sus indiqué.
- Le troisième (Marcel NGUEMA MBA), aujourd’hui décédé, était Ambassadeur, lui aussi. Il avait choisi de servir à l’extérieur, dès son arrivée.
Les universitaires qui nous ont suivi, de 1976 à 1979, et qui, à l’une ou l’autre exception près, ont tous été mes collaborateurs à la Centrale, y occupent encore ou y ont occupé de hautes fonctions pour certains. D’autres sont Ambassadeurs, en poste à l’extérieur.
Dans les années 1980, sous le ministère de M. Martin BONGO qui n’a jamais considéré ses collaborateurs comme des êtres inférieurs et ne les a jamais humiliés, ni publiquement, ni en privé, nous avons envoyé en stage de perfectionnement, des agents qui étaient arrivés au département en 1974 et qui méritaient d’être promus par cette voie.
L’un d’entre eux est Ambassadeur du Gabon, Secrétaire Général du Ministère depuis cette année 2005. Lui posera-t-on, demain, la question qu’il a demandé à l’un de ses adjoints de me poser (la preuve de ma ‘‘dignité’’ d’Ambassadeur du Gabon)?
Vous ne pouvez pas prétendre avoir fabriqué tous ces cadres-là et tous les autres de la Fonction Publique, ou en avoir fait des privilégiés!
En attendant que soient développés d'autres arguments spécieux et fallacieux contre l'un de ceux dont vous avez écrit dans votre lettre de 1990 au Ministre de la Fonction Publique qu'ils "ont contribué positivement à la promotion du Gabon" et vous "ont toujours représenté dignement et loyalement", (mon épouse de l’époque et moi), permettez-moi de vous faire remarquer que si vous me privez de passeport diplomatique ou ordinaire, peu m'en importe la nature, vous et vos proches faites de moi un prisonnier politique dans mon propre pays, puisque vous me refuser le droit d'en sortir pourtant garanti par la Constitution. C'est le sort inique que vous avez réservé, de 1990 à 1993 au Sénégal, et de 1993 à 2005 au Gabon, à Monsieur Pierre MAMBOUNDOU, Président de l'UPG (Union du Peuple Gabonais). Vous n’avez aucun droit de m’empêchez d’aller passer les fêtes de fin d’année avec ma compagne et ma dernière fille à l’étranger où elles vivent puisque ma femme y travaille, alors que vous les passerez avec les vôtres où vous voudrez ! Quel être humain trouverait normal un tel "déni de justice"?
Je suis au regret de vous faire savoir, Monsieur le Président de la République, que si je ne dispose pas d’un passeport, le mercredi 21 décembre 2005, au plus tard, j’entame une grève de la faim jusqu’à ce que mort s’ensuive.
Vous n’avez jamais reconnu votre responsabilité dans la mort d’opposants au Gabon. On lit, sur l’une de vos affiches, que vous mettez le Gabon entre les mains de Dieu. Je vous donne une bonne occasion de m’envoyer vers lui à moindres frais! Vous-même, le Ministre des Affaires Etrangères et le Directeur Général de l’Emi-Immigration ne pourrez pas nier votre responsabilité dans ma mort, d’autant que, dans votre haine, c’est le sort que vous me réserviez, semble-t-il, par des moyens plus subtils et plus sordides encore, en votre qualité de Maître ès qualité en toutes choses.
Vous connaissez mon état de santé et savez ce qu’il adviendra irrémédiablement de moi si, en sus de la grève de la faim, je me privais de mon traitement médical quotidien comme j’ai bien l’intention de le faire. Ainsi, aurai-je le privilège de vous permettre de sabler enfin le champagne après la mort publique d’un néo opposant, traître de surcroît à votre cause providentielle! N'avez-vous pas déclaré que vous enterreriez tous vos contradicteurs?
Je fais une large diffusion de la présente correspondance au Gabon – y compris et surtout dans ma province d’origine - comme à l’étranger, pour que vous n’ayez aucun doute sur ma détermination et pour que vous et vos affidés en assumiez les conséquences. Nous sommes en 2005 et non en 1990, année de l’assassinat de Joseph RENDJAMBE, originaire, lui aussi, de l'Ogooué Maritime, tout comme votre Ministre des Affaires Etrangères (son cousin). Mais, beaucoup de choses ont changé depuis sa mort et son oubli et vous semblez ne pas le savoir. J’en suis heureux pour vous-même et tous les vôtres qui avez passé un pacte avec l'éternité!
En vous remerciant de l'attention qu'il vous plaira de porter à la présente, je vous prie d'agréer, Monsieur le Président de la République, l'assurance de la très haute et respectueuse considération d'un homme de 60 ans, blessé, depuis trop longtemps déjà, dans sa dignité d’homme par vous-même et vos affidés, y compris ceux de sa province.
Je ne suis le valet de personne, je ne l'ai jamais été et ne le serai jamais. Je ne fais rien d'autre que revendiquer mes droits, comme d’autres le font partout de par le monde, et de tous temps. Mais rassurez-vous, contrairement à ceux qui seraient prêts à tout, y compris au crime, pour maintenir leurs privilèges et barrer la route à ceux dont ils ont peur ou qu’ils haïssent, je n’ai pas d’autre arme que le droit, la fierté, pour revendiquer mon droit à la dignité, à la liberté.
SYLVESTRE RATANGA
(1), (2) Conseil Economique et Social, Commission sur la bonne gouvernance au Gabon, Rapport du 31 juillet 2004, pp.3 et 7.
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