D'APRÈS LE DERNIER RAPPORT DE LA BAD, UN AFRICAIN SUR TROIS APPARTIENDRAIT Á LA CLASSE DITE MOYENNE. VRAIMENT? MÊME AU GABON?
Une étude publiée récemment par la Banque africaine de développement (BAD), annonce que sur le continent africain, environ un tiers de la population, c'est à dire 313 millions de personnes sur le milliard que compte l'Afrique, feraient désormais partie de la classe moyenne. D'après les critères de la BAD, la classe moyenne dans le contexte africain est appliquée à ceux qui dépensent en moyenne entre 2 et 20 dollars par jour, c'est-à-dire entre 1000 et 10000 francs CFA. Sur une base mensuelle, la fourchette s'établie donc entre des dépenses de 30000 et 300000 francs CFA par mois. Chers lecteurs, dans le cas du Gabon, cette fourche est très problématique car si nous pouvons accepter que 300000 de dépenses ou revenus puissent maintenir à un individu un certain niveau de vie au Gabon, quelqu'un qui dépense seulement 30000 par mois ne peut avoir accès aux services qui feraient de lui un membre de la classe moyenne, c'est-à-dire éducation, santé, logement etc. Si on n'a accès qu'à 30000 francs par mois, au Gabon, on est très pauvre et aucunement membre de la classe moyenne.
1 La classe moyenne existe-t-elle au Gabon?Dans son ouvrage: "Le Gabon, Un Pays Si Riche… Mais Très Pauvre", Bertrand Feumetio écrit: "La mauvaise répartition des richesses est à relever avec force. Car, le système fonctionne de manière a ce que les riches doivent rester de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres. Résultat, la pauvreté s'installe et sévit. Lorsque vous sortez du boulevard du bord de mer, ou du boulevard triomphal et entrez dans les quartiers populaires de Libreville, vous mesurez l'ampleur de la pauvreté abjecte dans laquelle vit l'écrasante majorité des gabonais. Du quartier Derrière la Prison au quartier Diba Diba, en passant par Mindoubé, Petit Paris (comme son nom ne l'indique pas), Plein Ciel, PK5 et Venez-Voir, la misère ambiante est vivace, implacable et asphyxiante. Des gabonais vivent dans des huttes en ruine, parqués comme du bétail, sans toilettes, sans eau et parfois sans électricité. Lorsque vous sortez de Libreville, Port-Gentil et dans une certaine mesure Franceville, vous êtes en plein cœur de la misère made in Gabon, c'est-à-dire misère créée ex nihilo par le système de gouvernance en place"
Nous vous conseillons vivement de lire ce remarquable ouvrage, car vous vous apercevrez qu'il soit impossible que le tiers des gabonais soient classifiés dans la classe moyenne. Le Gabon est un pays où les plus grandes injustices économiques sont faites aux populations les moins bien pourvue. C’est sans doute une politique voulue, car tous les mécanismes d’extraction de recettes sont à la faveur de ceux qui détiennent exclusivement le pouvoir. Plusieurs études et ouvrages ont apporté la preuve statistique que pas plus de 5 à 10% de la population détenait la quasi totalité des richesses du pays. Dans ce contexte on ne peut pas dire qu'un tiers des gabonais appartient à la classe moyenne.
2 La BAD classe le Gabon et le Botswana en tête des pays subsahariens sauf Afrique du SudLe rapport de la BAD indique que la Tunisie, le Maroc et l’Egypte sont les pays où l’on retrouve le plus grand nombre de classes moyennes en Afrique. Dans la région au sud du Sahara, c'est le Botswana et le Gabon qui tiennent la palme. Encore une fois, nous voulons nuancer le débat car nous pensons que le Gabon n'offre pas statistiquement ce dont parle la BAD. Dans son livre, Bertrand Feumetio affirme explicitement: "Le paradoxe qu'offre le modèle gabonais est que d'un côté il y a une minorité de privilégiés vivant dans une opulence insolente (moins de 2%), une classe moyenne engluée dans une vie où la débrouillardise et précarité s'alimentent mutuellement (23%) et ceux du bas de l'échelle (75%) qui croulent sous le poids de la misère et mangent à peine." Nous pensons que ce passage est plus proche de la réalité que vivent les gabonais, car il nous est inconcevable que 33% des gabonais soient issues de la classe moyenne d'après la BAD. Le pays qui avec le Gabon arrive en tête des pays au sud du Sahara dans le pourcentage d'habitant étant issue de la classe moyenne, est le Botswana. Mais toute comparaison avec le Gabon s'arrête là. D'abord, le Botswana est un pays véritablement stable et assurément démocratique. Il est indépendant depuis 1966 et est plus connu pour ses institutions et son économie que par ses premiers ministres ou hommes et femmes de pouvoir. Tout l'inverse du Gabon. Le Botswana a une démocratie parlementaire authentique, c'est-à-dire un parlement dont le tiers des sièges sont occupés par l'opposition, une justice et une presse indépendantes. Le Botswana n'a ainsi jamais interdit aucun parti, aucun journal et ne connaît pas de prisonniers politiques. Au lendemain de l'indépendance en 1966, le Botswana, où les Britanniques n'avaient effectué aucun effort de développement, était classé parmi les 20 pays les plus pauvres du monde. En ces temps, 93 % de la population active était employée dans l'agriculture dans un pays désertique là 80%, et le pays n'était pas autosuffisant en matière alimentaire et les revenus des travailleurs botswanais employés dans les mines sud-africaines constituaient l'essentiel de ses maigres ressources économiques. En 40 ans, le PIB a été multiplié par 22. Le Botswana est connu pour appliquer une politique macroéconomique très prudente. Sa manne diamantifère a été exceptionnellement bien gérée : le Botswana a largement échappé à la « maladie hollandaise » qui affecte la plupart des économies rentières et se manifeste par un endettement gagé sur les ressources futures, l'hypertrophie du secteur public, une inflation élevée, ce qui empêche le développement du secteur privé. Le train de vie du Gouvernement botswanais est modeste et les bâtiments officiels (présidence, ministères, Parlement) ne présentent aucun faste. Le Botswana n'a construit aucun « éléphant blanc » et, malgré des réserves diamantifères abondantes (45 ans d'exploitation), la politique macroéconomique est demeurée extrêmement prudente. Depuis près de 30ans, le budget de l'état a été excédentaire chaque année. Le Botswana n'a presque pas de dette et autofinance entièrement son développement par l'épargne intérieure (25 % du PIB), tant publique que privée. Vous voyez chers lecteurs, rien à voir avec le Gabon. Le Botswana produit annuellement 35000 tonnes de viande d'excellente qualité, dont la moitié est exportée vers l'Union européenne. Nous vous le disions plus haut, rien à voir avec le Gabon.
Vu que l'économie de notre pays, le Gabon, reste encore basée sur le modèle de l'exploitation coloniale essentiellement caractérisée par l’expropriation des matières
Premières, produits bruts tirés du sol, du sous-sol et de la nature. Il n'est pas étonnant que nous balbutiions encore en ce qui concerne les performances économiques susceptibles de nous fournir une classe moyenne conséquente. Quand on classe le Gabon près du Botswana dans les classements comme ceux de la BAD, c'est une insulte au Botswana. La preuve est qu'en 2010, l'indice Mo Ibrahim classait le Botswana troisième pays Africain en termes de performances, alors que le Gabon n'était que 27ieme. Arrêtons la comédie!
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