LE PEUPLE SÉNÉGALAIS A-T-IL FAIT RECULER LES AMBITIONS MONARCHISTES DE WADE, OU EST-CE PARTIE REMISE? LEÇONS POUR LES GABONAIS

Dans un récent billet, "La Lettre du Continent" nous apprend que face et grâce à la détermination des manifestants sénégalais contre le projet de loi instituant un ticket présidentiel qui aurait été le cheval de Troie conduisant Karim Wade au pouvoir, le camp françafrique au centre duquel se trouve Bougi, a été pris de panique, au point que le cannibalisme politique y fait désormais rage, entre les Wade et sieur Bourgi. Mais cette victoire d'étape du peuple sénégalais sera-t-elle définitive ou simplement comme nous l'avons vu en Côte d'Ivoire, l'écueil qui permettra à la françafrique de reculer pour mieux sauter?

La leçon pour nous gabonais est bien simple. Si nous tenons ce blog, c'est pour, à notre manière vous faire savoir et partager ce que nous pensons de la situation dans notre pays; mais nous savons aussi que ce blog et tous les autres espaces où des gabonais LIBRES s'expriment, ne sont que des outils, certes utiles, mais des simples outils ni plus ni moins. L'espace sénégalais aussi a ses blogs en tout genre et toute opinion. Mais quand il s'est agi de défendre la liberté du sénégalais moyen face au profilement monarchique, nos frères sénégalais ont été d'une rare efficacité. La mobilisation a été totale et les revendications ne souffraient d'aucune ambigüité. Devant ce mur de sénégalais absolument en phase avec eux-mêmes et avec une cohésion qui manque chroniquement aux gabonais, la françafrique a reculé et Karim Wade a essuyé un ultime camouflet en voyant Bourgi étaler sur la place publique la requête faite par Karim Wade auprès de la mère patrie (la France, pas le Sénégal, soyons sérieux), d'intervention militaire.

Nous pouvons nous réjouir de ce dénouement. Mais si nous nous referons à notre triste histoire, nous nous rappellerons que déjà dans le années 80, Bongo père avait envoyé Bongo fils auprès de l'ami Jacques Chirac, demander que le Gabon devienne un royaume avec Bongo père comme roi et le fils comme prince héritier. Dans les mémoires de Jacques Foccart qui relate les faits, il est écrit que Chirac et Foccart rigolèrent de cette suggestion et renvoyèrent Ali Bongo à ses bringues et voitures de luxes. Mais n'empêche, chers lecteurs, que ce plan ne fut jamais oublié, car en 2009, la monarchisation du Gabon devint effective. Même si un tel statut ne fut jamais été adopté pour le Gabon, dans les faits et la marche du pays de tous les jours, c'est tout comme! Le Gabon est désormais une monarchie et les gabonais l'ont dans le derrière (comme dirait Coluche). Néanmoins, il est inconcevable que notre pays reste sur cette trajectoire, car nous avons la faiblesse de penser que la majorité des gabonais, y compris ceux qui font semblant de soutenir Ali Bongo dans ses conneries, savent au plus profond d'eux-mêmes, que ce qui arrive à notre pays soit une tragédie. Si nous nous accordons sur ce point et même si ce point est l'unique sur lequel nous nous accordions, alors chers gabonais, il nous appartient d'apprendre des sénégalais et de savoir que notre liberté devrait s'arracher. Le messie n'arrivera pas. Zorro n'est pas gabonais, Superman et Batman non plus. Ce Gabon que nous voulons, c'est à nous de le créer.