LES EFFETS D'ANNONCE NE SUFFISENT PLUS. LES COUPS D'ÉCLAT N'INTÉRESSENT PERSONNE (ÉPILOGUE)

Depuis plusieurs jours, nous analysons les annonces faites par Ali Bongo, son conseil des ministres et leur effectivité sur le terrain. Nous ne nous sommes limités qu’à la période allant de Septembre à décembre 2009, car nous voulions tabuler toutes ces annonces sur la base d’une revue près de 2 ans après. Le moins qu’on puisse dire est que sur le terrain, l’émergence d’Ali Bongo est dans une passe très difficile et chaque jour, elle succombe à la réalisation qu’entre la bouche et la fanfaronnade et l’acte sur le terrain, il y a souvent un pas. Notre décompte dénote qu’entre Septembre et Décembre 2009, de toutes les annonces faites par Ali Bongo, moins de 5% ont reçu une implémentation effective sur le terrain et fonctionnent avec des résultats probants. L’illustration de notre analyse est faite avec clarté par l’annonce de construction de plusieurs échangeurs à Libreville. Sitôt installé dans le fauteuil que son père avait tenu bien au chaud pendant 41 ans, Ali Bongo annonçait qu’il allait résoudre le problème des embouteillages dans certains points de Libreville en y faisant construire des échangeurs. Tambour battant, les travaux furent lancés, les courtisans se mirent à danser et les mecs de « Pluriel » ne retenaient plus leur jouissance. Les travaux furent confiés à l’entreprise du sérail dirigée par le beau-frère, SOCOBA-EDPTL et on promit aux gabonais la livraison des ouvrages dans un délais exactement de 2 ans. Mais ce délais de 2 ans est déjà là et les émergents sont en train d’être rattrapés par leur tendance à faire de faux serments car sur le terrain, les gabonais n’auront pas leurs échangeurs en 2 ans. Lorsque nous faisons la revue, presque toutes les annonces d’Ali Bongo présentent cette caractéristique de travaux inachevés, quand ils ne sont parfois, même pas entamés. L’histoire rocambolesque des 5000 logements sociaux par an est une autre affabulation à déposer aux pieds de l’empereur gabonais, qui est tout nu.

1. A défaut de permettre aux gabonais de se nourrir convenablement, Ali Bongo préfère nourrir quotidiennement les médias d’annonces bidons.
Ali Bongo, sur les conseils des consultants de l’UMP que lui prête Sarkozy, histoire que ces consultants s’enrichissent rapidement et facilement en Afrique vu que les africains ne soient capables d’aucun raisonnement politique, avait décidé de bombarder jusqu'à l’abrutissement, les populations gabonaises ; en faisant tellement d’annonces que personne ne s’y retrouverait. L’essentiel étant non pas le résultat, mais l’impression d’un président occupé et hyperactif. Il comptait caracoler sur les effets d'annonce, il espérait voltiger en permanence d’annonce en annonce et dans ce tourbillon la population n’y verrait que du feu et en oublierait même les difficultés de sa survie quotidienne, éprise qu’elle serait de toutes ces promesses d’une vie future meilleure. Un peu comme la religion qui promet aux gens le paradis dans l’au-delà en échange de la souffrance terrestre ; même si Mborantsuo la religieuse, a elle décidé d’avoir son paradis ici sur terre. Mais Ali Bongo n’a pas fait le calcul qui démontrait inexorablement qu’il allait être fatalement rattrapé par la réalité. En effet, quoiqu’on dise et quelque soit la puissance du pouvoir dans un pays comme le Gabon, il reste difficile à un régime d’échapper à la réalité du déficit du service public, des déficits sociaux, des promesses intenables et des inégalités croissantes. Les gens finissent toujours par comprendre qu’on les mène en bateau.

2. En dépit de la censure, beaucoup de gabonais prouvent qu’ils ont leur mot à dire
Ali Bongo comptait sur la redoutable arme dictatoriale qu’est la censure et le contrôle des médias d’état, pour faire subir aux gabonais ses diktats et enraciner encore plus profondément l’indéboulonnable pouvoir de sa famille. Les gabonais se sont organisés en dehors des carcans officiels et la mise à nu des projets vides d’Ali Bongo a été possible grâce aux ONG courageuses qui se lèvent à chaque fois que c’est nécessaire pour dire non, et des sites indépendants sur internet qui donnent aussi de la lettre avec aplomb et régularité. Voici une riposte à laquelle Ali Bongo était bien loin de s’attendre. Une coalition de vérité lui fait face, et cette dernière est faite de volontaires qui ne sont pas payés, qui ne reçoivent des T-shirts et des casquettes de personne et qui ne doivent leurs emplois ou gagne pain à aucun Bongo-Ondimba. Contre cette coalition, Ali Bongo ne sait comment réagir; ses conseillers aussi sont confondus. Leurs seules armes pour l’instant, les menaces qu’ils profèrent à l’endroit de ces « compatriotes qui salissent l’image du Gabon ». On peut en rigoler. Ali Bongo oublie que connexions et claviers peuvent devenir au fil du temps bâtons et pierres contre la dictature. Les arguments et les images frappent plus que les coups de poings, et dans un combat d’idées au Gabon, Ali Bongo part perdant. C’est pourquoi la censure y est omniprésente.

Le déclanchement d’un débat d’idées autour de la question des annonces d’Ali Bongo aboutit inévitablement à une conclusion d’échec. Quand il y a échec, il faut se remettre en question et la population est en droit de contempler toute alternative au pouvoir en place, même si ce scenario effraie ceux qui ont confisqué le pouvoir. En définitive, les annonces d’Ali Bongo ne furent qu’un épiphénomène ; qui ne dura qu'un temps. Aujourd’hui, les gabonais regardent autour d’eux et constatent que l’émergence a une belle gueule de bois. Quand on reprend toutes les déclarations et annonces d’Ali Bongo en 2009, on obtient une idée précise du vide de l’homme et de l’inutilité de la sincérité dans son offre politique. Pour lui et ceux qu’ils représentent, il s’agit d’être au pouvoir, un point c’est tout. Le reste n’a aucune importance. Un adage marin dit que c’est dans la tempête qu’on reconnait les bons capitaines et le Gabon traverse une mauvaise passe. Seulement, on se demande s’il y a un capitaine à bord !