IL Y A ENCORE DES GENS COURAGEUX AU GABON: CHAPEAU BAS Á MONSIEUR JONAS MOULENDA



La vérité a toujours profondément exaspéré les dictatures. En plus de la vérité, le courage est l’autre trait de caractère dont le totalitarisme s’accorde mal. Dans un Gabon dont la profession de journaliste se confond souvent au griotisme, le cas Jonas Moulenda est rafraichissant et nous redonne espoir quand à la probité morale et professionnelle de certains, trop peu certainement, de nos journalistes. Ce compatriote est journaliste à L’Union, l’écho par excellence du pouvoir bongoïste. Mais malgré cet entourage plutôt équivoque, Jonas Moulenda a prouvé plusieurs fois, et ce en dépit de menaces sur sa vie, qu’il était tributaire d’une impeccable éthique journalistique et que les tentatives d’intimidations du pouvoir n’influeraient pas sur le contenu de ses écrits.

1. Les massacres de Port-Gentil
Suite à l’élection frauduleuse d’Ali Bongo, des compatriotes manifestent dans les rue de Port Gentil. Ali Bongo y envoie ses milices et une répression sanglante s’en suit. La présidente par intérim, Rose Rogombé, qui chauffait le siège présidentiel en attendant que le simulacre électoral prenne forme et que l’ayant droit naturel soit déclaré président, fait une déclaration annonçant seulement 3 morts et n’attribuant aucune de ces victimes aux forces militaires. Jean-François Ndongou, le ministre de l’intérieur, passera aussi sur les ondes des chaines de télévision pour professer la thèse des 3 morts. Un comité de l’opposition sera formé autour du docteur Kombila qui ira sur place recueillir des témoignages et publiera un rapport indiquant la possibilité d’un nombre allant au delà des 55 victimes, qui était évidemment beaucoup plus lourd que celui publié par le pouvoir. Dans un article publié le 23 septembre 2009 dans L’Union, Jonas Moulenda livrait son bilan, sans complaisance, des violences qu’a connues Port-Gentil. Dans cet article, le journaliste situait le nombre de victimes à un minimum vérifiable de 22 personnes. Faisant donc mentir le pouvoir qui continuait de faire croire à la fiction des 3 morts. En plus, l’article de M. Moulenda faisait explicitement état d'exactions commises par les milices, qui auraient fait disparaître des cadavres. Sitôt l’article de L’Union publié, que la campagne d’intimidation du pouvoir commença. Le 25 septembre, Albert Yangari, directeur de L’Union, était interpellé, placé en garde à vue et sommé de s'expliquer sur la ligne éditoriale de son journal. Le 26 Septembre, le domicile de Jonas Moulenda fut perquisitionné par des hommes en armes, pendant qu’un hélicoptère faisait la ronde au dessus de la maison et qu’une fraction de « bérets rouges » fermait la rue. Suite à ces intimidations, M. Jonas Moulenda craignant pour sa vie, se réfugia dans une ambassade.

2. L’assassinat de René Ziza
Le 25 Novembre 2008, dans le Gabon émergent d’Ali Bongo, le tout nouveau directeur du Conseil Gabonais des Chargeurs, René Ziza, était sauvagement assassine à l’arme blanche, en plein centre-ville. Le 28 Novembre, dans L’Union, M. Moulenda comme bon journaliste faisant son travail d’investigation, formula l’hypothèse que l’assassinat de M. Ziza aurait pu avoir pour origine, l’audit de ses services qu’il venait de commander. Encore une fois, aussitôt l’article publié, aussitôt que M. Yangari et M. Moulenda étaient sommes d’apparaitre devant les forces de l’ordre. M. Nguia-Banda, l’ancien directeur du Conseil Gabonais des Chargeurs et grand « émergent », dont le nom n’apparu a aucun moment dans l’article de M. Moulenda, porta plainte pour diffamation. Peut-être que comme le dit l’adage : « qui se sent morveux, se mouche ». La plainte de Nguia-Banda était sans objet car l’article ne le diffamait nullement. Suite à cet épisode, M. Moulenda reçu des menaces de mort par SMS sur son portable.



3. La lettre à Paul Biyoghe-Mba
M. Jonas Moulenda vient encore de frapper très fort. Il vient de publier une lettre de révolte et de détresse à Paul Biyoghe-Mba (lettre ci-dessus). Lettre dans laquelle notre journaliste parle plus en citoyen qu’en professionnel des media. Il est consterné de ce qui se passe au Gabon. Il demande au Premier Ministre d’agir au plus vite pour endiguer les violences et l’insécurité qui minent le quotidien des Gabonais. Cette lettre se lit comme un réquisitoire en la mémoire de toutes les disparitions dues à la violence au Gabon. Ce sont pour la plupart des personnes innocentes qui sont massacrées avec une barbarie sans égale, dans une indifférence totale de la part des autorités Gabonaises. M. Moulenda fustige l’alliance et le lien entre violence, brutalité et impunité au Gabon. Tous ces ingrédients lui font dire au Premier Ministre que notre pays est très malade et qu’il faille intervenir le plus rapidement possible pour éviter un drame à grande échelle. Mais on peut s’attendre à ce que la seule réponse que reçoive M. Moulenda soit un très folklorique: « le pays est géré ».

Dans un pays où le climat journalistique est particulièrement funeste, et où les journalistes sont victimes de harcèlement et de chantage, nous devons féliciter M. Jonas Moulenda qui continue de croire en son rôle de journaliste, malgré les déboires judiciaires et les diverses menaces délirantes dont il est l’objet. Grâce à cet homme engagé, courageux, patriote et talentueux, beaucoup d’entre nous apprennent ainsi un peu plus sur les maux qui minent notre Gabon et jusqu’où sont près à aller certains pour nous maintenir dans l’ignorance, l’esclavage et la torpeur.

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