L'INDISPENSABLE HUMILIATION DES PEUPLES DOMINÉS, UN OUTIL DE DOMINATION PSYCHOLOGIQUE HÉRITÉ DE LA COLONIALE



Chers lecteurs, les évènements en cours au Gabon et en Afrique nous font nous demander ce qui reste de notre respectabilité. En une phrase, sommes-nous respectables? Nous savons aussi que Pour être respecté, il faut au préalable être respectable. On ne peut exiger d'autrui qu'il nous respecte si nous ne nous respectons pas déjà nous-mêmes. Les gabonais et africains peuvent-ils inspirer du respect lorsqu'ils acceptent qu'on travestisse constamment des pans entiers de leur mémoire par crainte de heurter frontalement ceux qui n'ont cure de nos concessions? On nous dit qu'Ali Bongo est né á Brazzaville avec 3 actes de naissances confectionnés en 2009 et nous acceptons cela, á l'exception du seul Luc Bengone Nsi qui a eu le courage historique de dire publiquement que c'était faux et que l'imposteur venait du Nigeria. Notre attitude conciliante et en fait notre lâcheté, sont considérées par les Bongo, comme autant d'aveux de notre faiblesse et d'encouragement pour eux à persévérer dans la prédation du Gabon, car se disent-ils : "en face il n'y a personne". Chers lecteurs, à chaque fois que nous laissons nos prédateurs nous marcher dessus, nous devenons de moins en moins respectables et par voie de conséquence de moins en moins respectés.

1. La preuve de notre état de colonisé permanent
Dans un extrait tiré de "La Cause Des Peuples Colonisés", l'incomparable Frantz Fanon nous donne tous les indices de reconnaissances d'un milieu colonisé. Vous verrez que suivant les prescriptions de Fanon, vous n'aurez aucun mal à reconnaitre le Gabon. Le plus extraordinaire est que ce texte fut publié dans les années 60. Le texte nous dit:

a. Le monde colonisé est un monde coupé en deux. La ligne de partage, la frontière en est indiquée par les casernes et les postes de police. Aux colonies, l'interlocuteur valable et institutionnel du colonisé, le porte-parole du colon et du régime d'oppression est le gendarme ou le soldat.
En Effet au Gabon, le pouvoir place les forces de défense comme interface avec le peuple. Tous les prétextes sont bons pour mettre la soldatesque dans les rues pour intimider les gabonais.

b. Dans les régions coloniales, le gendarme et le soldat, par leur présence immédiate, leurs interventions directes et fréquentes, maintiennent le contact avec le colonisé et lui conseillent, à coups de crosse ou de napalm, de ne pas bouger. On le voit, l'intermédiaire du pouvoir utilise un langage de pure violence. L'intermédiaire n'allège pas l'oppression, ne voile pas la domination. Il les expose, les manifeste avec la bonne conscience des forces de l'ordre. L'intermédiaire porte la violence dans les maisons et dans les cerveaux du colonisé.
Cette dernière phrase de Fanon disant que la violence est portée directement dans le cerveau des colonisés pour les tenir á leur place, est la description la plus apte de la situation de tétanisation que vivent les gabonais aujourd'hui, apeurés qu'ils sont de se prendre en main, car craignant les représailles musclées du régime.

c. La zone habitée par les colonisés n'est pas complémentaire de la zone habitée par les colons. Ces deux zones s'opposent, mais non au service d'une unité supérieure. Elles obéissent au principe d'exclusion réciproque : il n'y a pas de conciliation possible, l'un des termes est de trop. La ville du colon est ville en dur, toute de pierre et de fer. C'est une ville illuminée, asphaltée, où les poubelles regorgent toujours de restes inconnus, jamais vus, même pas rêvés. Le pied du colon ne sont jamais aperçus, sauf peut-être dans la mer, mais on n'est jamais assez proche d'eux. Des pieds protégés par des chaussures solides alors que les rues dans leur ville sont nettes, lisses, sans trous, sans cailloux. La ville du colon est une ville repue, paresseuse, son ventre est plein de bonnes choses à l'état permanent. La ville du colon est une ville de blancs, d'étrangers. La ville du colonisé, ou du moins la ville indigène, le village nègre, la médina, la réserve est un lieu mal famé. On y naît n'importe où, n'importe comment. On y meurt n'importe où, de n'importe quoi. C'est un monde sans intervalles, les hommes y sont les uns sur les autres, les cases les unes sur les autres. La ville du colonisé est une ville affamée, affamée de pain, de viande, de chaussures, de charbon, de lumière. La ville du colonisé est une ville accroupie, une ville à genoux, une ville vautrée. C'est une ville de nègres, une ville de bicots. Le regard que le colonisé jette sur la ville du colon est un regard de luxure, un regard d'envie. Rêves de possession. Tous les modes de possession : s'asseoir à la table du colon, coucher sur le lit du colon, avec sa femme si possible. Le colonisé est un envieux. Le colon ne l'ignore pas qui, surprenant son regard à la dérive, constate amèrement mais toujours sur le qui-vive : "Ils veulent prendre notre place."
Chers lecteurs, vous aurez reconnu dans cette description, la juxtaposition entre les hauts lieux comme la présidence de la république et des bas fonds insalubres comme "La Baie Des Cochons"; ou encore le palais de Bongo au Camp De Gaulle et les bidonvilles juste a un jet de pierre de la ou s'entassent les "militants" du parti de masse. Mais qui oublierait la dichotomie notoire entre Batterie IV et derrière la Prison? Sacré Fanon!

2. Une Nation ne peut être constituée que par des citoyens éduqués à la citoyenneté
Chers lecteurs, sur ce site nous sommes plus que convaincus que l'éducation gabonaise est maintenue á un bas niveau par la volonté des gouvernants, pour se perpétuer au pouvoir. Dans toutes les vraies démocraties, on éduque la population sur ses droits et ses devoirs. Comme il faut un permis pour conduire une moto, il en faut un autre pour conduire une voiture, un bateau ou un avion, bref même pour pêcher, il faut un permis; pour être citoyen au Gabon, il ne faut absolument rien savoir. La plupart des électeurs de rendent aux urnes en ignorant quelles sont les attributions et surtout les limites des pouvoirs de celles et ceux qu'ils vont élire. Les prises de position lors des campagnes électorales relèvent la plupart du temps d'un intérêt catégoriel aveuglant et rarement d'un raisonnement construit et calmement argumenté. Si vous demandez á un gabonais militant du CLR d'Asselé de vous dire ce que signifie la notion de "Centre des Libéraux Réformateurs" dans le contexte sociopolitique gabonais, vous ne recevrez aucune réponse. Même Asselé ne peut répondre à cette question, car tout ça c'est du vent, du bruit pur, du rien du tout. Pour qu'il y ait une Nation, il faut d'abord qu'il y ait un Peuple. Les américains sont un peuple, parce que leur constitution et leurs droits civiques le déterminent. Si vous voulez devenir américain, il y a une démarche académique à suivre et un examen à passer. Les français sont un peuple, de la même façon que les américains, mais avec en plus une longue histoire commune qui les lie et leur donne ce sentiment d'appartenance. Mais nous les gabonais, qui sommes nous? Si ce n'est un assemblage hétéroclite de consommateurs égocentriques, croquant jusqu'à l'héritage de nos enfants, peu soucieux de qui nous gouverne, qui nous domine, qui s'approprie nos richesses, nos terres, nos forêts.

(Á suivre demain avec le billet: "UN PEUPLE DOIT SE FAIRE RESPECTER)

Comments

Popular posts from this blog

GAGAN GUPTA’S MASTERFUL TRICK! LA MAGISTRALE ENTOURLOUPE DE GAGAN GUPTA !