LETTRE Á M. MOUITY-NZAMBA ET SES COLLÈGUES: INUTILE D’IMPLORER LE POUVOIR, PARTICIPEZ PLUS VIGOUREUSEMENT Á CATALYSER LE CHANGEMENT
C’est avec beaucoup d’intérêt que nous avons pris connaissance de votre « Déclaration de la CPPA et Autres Partis Politiques de l'Opposition » à propos des incohérences de tout l’appareil du pouvoir gabonais. Nous vous adressons cette lettre car nous vous savons quelqu’un de volontaire qui cherche depuis 1990 à faire naitre un autre Gabon, malgré les nombreuses difficultés que vous rencontrez depuis 20 ans. Nous vous adressons aussi ce modeste message car nous vous savons attachés au Gabon, non seulement à cause de vos origines légales, d’état civil, qui ne souffrent d’aucune zone d’ombre (nous savons que vous au moins, pouvez nous sortir votre acte de naissance de l’AEF sans problème), mais aussi et surtout à cause de votre profession d’enseignant qui a vu nombreux d’entre nous être vos élèves, et aussi ceux de votre épouse.
Mais la lettre est motivée essentiellement par le contenu de votre déclaration qui semble vouloir implorer le gouvernement et les organes qui lui servent d’alibis comme la cour constitutionnelle, de revenir à la raison sur plusieurs dossiers épineux. Nous sommes étonnés de votre appel, car nous savons que vous avez l’expérience pour mesurer les dégâts faits par ce pouvoir après 43 ans à présider sur la pauvreté des gabonais, tout en encourageant la prolifération galopante et conquérante de la corruption comme moyen de gouvernement. Alors, quand dans votre déclaration, vous dites : «de nombreux actes que le pouvoir pose plongent de plus en plus le pays dans la confusion et un désordre inquiétants », nous ne pouvons qu’être d’accord avec vous, car en même temps que les autorités du pouvoir n’en finissent pas de jurer, la main sur le cœur, que leurs actions sont destinées à améliorer l’existence des gabonais, nous assistons à des actes qui viennent de manière brutale et avec une régularité quasi mécanique ou horlogère, détruire de manière irréversible les carrières de beaucoup de gabonais qui se retrouvent accusés de faits dont on ne connait pas souvent les détails, ni les modalités d’investigation ayant permis d’aboutir à ces décisions. Vous mentionnez justement dans votre déclaration qu’Ali Bongo a décidé en dehors des procédures légales prévues par les statuts de la Fonction Publique gabonaise, de se débarrasser dans un premier temps de tous les agents du Ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et du Cadastre, sauf quelques uns. Vous nous informez que manu militari, l’accès à leurs bureaux leur a été interdit par les forces de défense et que des scellés aient été apposés à ces édifices. Voici un exemple d’acte voyou dont se permet Ali Bongo, certains qu’il est qu’il puisse se permettre n’importe quoi sans nullement être inquiété par qui que ce soit ou quelle qu’institution que ce soit au Gabon. Ainsi, cher compatriote, après chaque coup de tête d’Ali Bongo résultant en pertes d’emplois et désolation dans plusieurs familles, ce sont des centaines sinon des milliers de citoyens gabonais qui sont envoyés dans l’incertitude dans des conditions infrahumaines. Par conséquent, votre interpellation des instances du pouvoir et de la cour constitutionnelle sur les questions d’élections et de biométrie, nous laissent pensez que vous comme des milliers de gabonais, refusiez de croire que tout se passe comme dans le meilleur des mondes dans notre Gabon aux mains des Bongo.
Devant ce constat contenu de manière limpide dans votre déclaration, nous osons vous suggérez de remettre vos attentes de meilleurs sentiments de la part du régime, dans les placards de la langue de bois et d’explorer des voies plus réalistes et plus susceptibles d’impact dans un pays complètement verrouillé par un pouvoir quarantenaire qui a pris des habitudes. Dans votre position d’éducateur, il serait bon de mettre vos qualités et capacités pédagogiques directement au profit de la population, en leur expliquant et traduisant les contraintes structurelles qui limitent leur capacité à mieux appréhender les enjeux de l’avenir du Gabon et leur permettre d’efficacement faire face à un régime dont la seule raison d’exister est de demeurer au pouvoir le plus longtemps possible. En plus bref, nous pensons qu’il soit illusoire pour vous de chercher à dialoguer avec un pouvoir qui n’en fait qu’à sa tête et avec une cour constitutionnelle dont la mission est d’aider à la pérennisation de ce pouvoir. Vous rendriez plus service aux Gabon et aux gabonais, si vous vous orientez plus vers la transformation de la culture politique de la population locale, de manière à lui permettre de réaliser qu’elle n’est pas obligée de subir les Bongo, qu’elle a des options.
Avec votre aide et celle de nombreux autre gabonais à l’intérieur et à l’extérieur du pays, le changement de culture politique au Gabon devrait permettre au pouvoir de se rendre compte que la population a l’option de développer des mécanismes contre-hégémoniques.
Nous pensons qu’une amorce de changement au Gabon soit possible, mais elle nécessite la prise de conscience de la population de sa propre capacité à s’auto-définir. Tant que les gabonais considérerons les Bongo comme omnipotents et incontournables dans le pays, l’attentisme sera toujours la norme. Il faut une autre dissidence au Gabon qui offre une véritable option d’alternative pour la population et non seulement d’accompagner le pouvoir en faisant des propositions à ce régime, rôle qui est celui de « l’opposition » au Gabon. Des personnes de bonne volonté comme Luc Bengono-Nsi du monde politique ou encore Marc Ona du monde de la société civile (parmi d’autres), sont des exemples de personnes qui n’hésitent pas à aller au devant de la scène sociale et politique, pour informer les gabonais et tenter de catalyser le changement social et politique qu’attendent les gabonais. Nous pensons et affirmons fermement que la multiplicité de ce genre de personnes sur place au Gabon, peut être un catalyseur dans le pays, qui ouvrirait la voie vers non seulement des modes alternatifs de gouvernance, mais aussi des véritables changements de gouvernants.
Monsieur Mouity-Nzamba, votre déclaration démontre bien que L'idée d'un pluralisme contrôlé sous le couvert de la « démocratie » ait échoué dans notre pays, car le régime n’en fait qu’à sa tête, sans tenir compte des avis des gabonais. Tant que vous continuerez à aller vers ce régime et lui demander de gentiment changer de méthode, il continuera à vous ignorer et faire des ravages dans la vie des gabonais en toute impunité et sans conséquence. Les vies des gabonais continuerons à connaitre le chaos et la désintégration. C'est pourquoi nous vous suggérons d’envisager sérieusement de suppléer le genre de déclaration que vous avez faite la semaine dernière dans les medias, par des rencontres avec les populations en conformité avec vos attributions d’homme politique ; rencontres qui insuffleraient une autre dynamique à la compréhension des gabonais de leur environnement politique qui est trop pollué par les dons et autre pacotille qu’on distribue de manière à obstruer l’éveil des consciences. Nous pensons que de cet éveil pourrait naître et murir une forte culture de participation communautaire dans les domaines d'importance sociale et politique.
Nous vous en savons tous capables.
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