L’UN DES GRANDS QUOTIDIENS DE L’ÉTAT DE L’OREGON, AUX USA, S’EXPRIME SUR LE CONTRAT SIGNÉ ENTRE LA PRÉSIDENCE GABONAISE ET L’UNIVERSITÉ PUBLIQUE DE CET ÉTAT






On vous a annoncé en grande pompe, la signature d’un contrat entre la présidence gabonaise, désormais siège de la gestion des bourses et stages, et l’université de l’Oregon. Le quotidien, The Register-Guard, de cet état du nord-ouest américain, dans un éditorial publié ce dimanche, analyse et donne son avis sur ce contrat. Nous osons espérer que les membres du Conseil National de la Communication qui sévissent au Gabon, prendront la peine de lire l’éditorial de ce journal, car c’est ce genre d’éditoriaux que le CNC sanctionne au Gabon car considérés comme des crimes de lèse majesté. Heureusement pour nous que ce journal est hors de portée des griffes du CNC. Nous osons croire que le CNC gabonais comprendra, en lisant cet éditorial, ce que signifie liberté d’informer et liberté de presse. Ce quotidien s’adresse sans prendre de gants, aux responsables de cette université qui ont signé un accord avec un chef d’état sulfureux et peu recommandable.

Ci-dessous, la traduction française de l’éditorial paru dans The Register-Guard, de ce dimanche. Traduction faite par «Gabon Enervant ».


S’engager ne devrait pas signifier être permissif. Le partenariat de l'Université de l’Oregon avec le Gabon a besoin de surveillance

Le Gabon a deux visages - l'un qui semble prometteur, un autre qui montre l'autoritarisme et la corruption. Dans leur nouveau partenariat avec la nation ouest-africaine, l'Université de l'Oregon (UO) et ses institutions sœurs doivent s'assurer que leurs ressources et expertises serviront à favoriser l'émergence d’un Gabon prometteur, plutôt que de fournir un masque ou écran pour l’autoritarisme et la corruption.
Le président de l’UO, Richard Larivière, a rencontré le président gabonais, Ali Bongo Ondimba récemment à Washington, DC, pour signer un accord destiné à créer le centre Gabon-Oregon de recherche transnationale sur l'environnement et le développement. Le centre, situé à Eugene (Oregon) et dans la capitale gabonaise de Libreville, va promouvoir la recherche, des stages et des échanges qui aideront la nation de Bongo à bénéficier de l’expertise de l'UO dans des domaines comme le développement durable, la gestion environnementale et l'éducation. L'UO dirigera un consortium d’études africaines qui comprendra quatre autres universités de l'Oregon.

Le Gabon, à cheval sur l'équateur, est légèrement plus grand que l'Oregon et a moins de la moitié de sa population. C'est le plus riche des nations d’Afrique de l'Ouest, principalement en raison de ses 2 milliards de barils de réserves de pétrole - Le Gabon est parfois appelé un émirat équatorial. C'est aussi l'un des pays les plus stables de la région, en grande partie parce que le père de l'actuel président, Omar Bongo Ondimba, a régné pendant 42 ans, pratiquement pendant toute la période depuis l'indépendance acquise de la France, jusqu'à sa mort en 2009.

Le Gabon sous Omar Bongo était une kleptocratie ouest africaine classique, avec la majorité des richesses pétrolières du pays, servant à enrichir la famille du président et une infime couche de la population. En 2010, une enquête du Sénat américain a révélé que le Gabon a blanchi de l'argent en contournant le système bancaire américain et ses règles commerciales, principalement au profit du président et de sa famille, dont certains membres vivent ou étudient aux États-Unis. Le Département d'Etat, dans son rapport 2010 des droits humains sur le Gabon, a trouvé des preuves de meurtres rituels, d’abus commis par la police, des conditions carcérales dures, de corruption, de violence contre les femmes, de restriction de liberté de presse et un système judiciaire sous l'influence du gouvernement.

L'UO croit, ou du moins espère, que le Gabon est en mutation. En effet, la mort d'Omar Bongo a créé la possibilité d'une transition politique. Ali Bongo, qui a un diplôme en droit de la Sorbonne à Paris, a prévalu lors d'élections multipartites, et bien que des plaintes de fraudes aient été faites, les résultats ont été confirmés par une cour constitutionnelle. Ali Bongo parle d’un programme appelé « Gabon émergent » qui a pour but de moderniser le pays, réduire la corruption et se préparer à une économie post-pétrolière.

"Ce que nous voyons à ce jour en termes de bonne gouvernance, de lutte contre la corruption et mise en place d’un développement durable et équitable, sont des signes prometteurs», a déclaré Dennis Galvan, un professeur d'études internationales de l'UO, qui a dirigé le développement du partenariat avec le Gabon.
Avec la production du pétrole en baisse depuis 1997, Ali Bongo a une forte incitation à rompre avec la tradition de son père. Le Gabon a besoin d'une économie plus diversifiée basée sur ses autres richesses - notamment grâce un écosystème tropical relativement intact et plusieurs ressources minières encore inexploitées. L'UO entend aider le Gabon à capitaliser sur ces atouts, tout en offrant à ses étudiants et professeurs un laboratoire pour l'application de leurs connaissances.

L'UO et les autres membres du consortium doivent faire ce qu'ils peuvent pour aider le Gabon à progresser, tout en restant alertes face au danger de servir de couverture pour des pratiques autoritaires. Il est inquiétant qu’Ali Bongo n’ait encore pris aucune mesure pour rapatrier et restituer une partie de l’immense fortune de sa famille au peuple gabonais, y compris une série de villas en France. Le Gabon continue d’occuper le bas du tableau sur les indices économiques internationaux, les libertés politiques et de presse.

L'UO pourrait être fier d'avoir un rôle qui aiderait le Gabon à s’éloigner de la corruption pétrolière. Mais le changement au Gabon doit être réel et durable pour justifier une relation à long terme.

Vous pouvez lire plus de documents pertinents à l'affaire Université de l’Oregon-Gabon au lien suivant: http://www.uomatters.com/search/label/Gabon

L'accord a été signé il y a plus d'une semaine mais nous ne savons pas pourquoi l’UO n'a toujours pas rendu public les termes de cet accord. Les aspects les plus inquiétants de cette situation sont le manque de communication avec les professeurs de l’UO au sujet de l'accord, malgré les communiqués de presse mièleux de l'UO. Ces déclarations publiques passent sous silence les problèmes évidents de l'élection de Bongo - il est le fils de l'ancien président à vie - et la corruption continue. Qu'est-ce que cette convention cache?
Il semble que des lobbyistes de Washington DC, aient promis à Ali Bongo qu’il pourrait améliorer son image en France et aux Etats-Unis s’il commençait à s’exprimer comme un écologiste. Cela semble fonctionner. Les déclarations de l’UO aussi utilisent les termes «vert» et «durable» comme s’ils étaient plus importants que la démocratie et l’état de droit.
Cet accord a mis l’UO dans le lit d’un kleptocrate notoire dont la famille a volé le Gabon depuis 40 ans, laissant 50% de la population ayant moins de deux dollars par jour, et eux-mêmes avec des maisons à Paris, en Côte d'Azur et Beverly Hills. Ce n’est pas le genre de décision d’accord qui aurait dû être prise sans discussion.




Chers lecteurs, si vous allez sur le lien que nous donne ce journal, vous irez directement sur un site appelé « UO Matters » ou en français « Les Affaires de L’UO ». Si vous lisez l’anglais, vous pourrez voir écrit noir sur blanc sur ce site, que pour la signature de cet accord, Dennis Galvan, qui a piloté cet accord pour l'UO, a obtenu un don de 20 millions de dollar d'un membre du cercle intime d’Ali Bongo. C’est l’un des plus grands dons, fait par un particulier, de toute l'histoire de l'UO. Le site ne s’étonne pas que le président de l’UO essaie de tenir cette donation secrète.

Chers lecteurs, nous devons en tant que gabonais, demander que toute la lumière soit faite sur ces 20 millions de dollar soit 10 milliards de franc CFA qui auraient été payés au président de l’université de l’Oregon. Brian Ross de ABC-News, ou Michel Martin de NPR devraient rendre visite au président de l’UO. Affaire à suivre…

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