ALI BONGO OU LA GOUVERNANCE DE LA PEUR, PAR LA PEUR ET POUR LA PEUR






Après les dernières sorties d'Ali Bongo, vous vous êtes certainement interrogés sur les volontés réelles de la conduite des affaires du Gabon, qui animaient ce bonhomme. Quand vous dépassez les slogans vains et le folklore, quelle est la méthode de gouvernance d'Ali Bongo? Nous remarquons que pour s'imposer aux gabonais qui le rejettent, Ali Bongo veuille entretenir la peur à tous moments, afin de s’assurer le contrôle de leur dévotion. Il organise la peur de la perte d'emplois pour entretenir les gabonais dans un état de doute permanent et un état de transe existentielle qui les rendra malléables à souhait. Pour Ali Bongo, gouverner par la peur est un bon moyen d’asservir les populations. Il pense que sous la pression de la peur, il peut faire accepter n'importe quoi aux gabonais.

1. De toutes parts au Gabon, on veut faire monter le discours de la peur
Au Gabon, on a peur; on veut que les gens aient peur, on souhaite leur faire peur. Les gens ont peur de l'insécurité; les enfants sont assassinés pour prélever des "pièces détachées". On a peur de la précarité, du chômage; une étude récente vient de révéler que 60% des jeunes gabonais étaient au chômage. On a peur de la violence, les forces de l'ordre peuvent décider comme ça de tabasser qui elles veulent. Peur de la marginalisation, la conséquence de la précarité est que de nombreuses familles se disloquent et on voit certains membres complètement marginalisés. Peur de l'ouvrier étranger; les gabonais qui connaissent le chômage chronique ne comprennent pas que les étrangers viennent leur damer le pion chez eux. Peur de son collègue de travail; dans le climat politique qui prévaut au Gabon, on ne sait plus qui est prêt à vendre qui et pour combien? On se méfie de tous. Peur aussi de ce que l'on mange, de ce que l'on boit; avec ces histoires d'empoisonnements on ne sait plus s'il faut aller manger chez les gens ou boire un verre entre "amis". On a surtout peur du changement; les gens s'inquiètent des différences, ne veulent pas prendre de risque, n'osent rien changer et surtout pas de s'exprimer tout haut afin de faire bouger les choses. Les gens s’accrochent à ce qu’ils ont, si menu soit-il; ils osent peu, et sont prisonniers de leurs petits contrats de travail, ont peur de faire des vagues, de se faire remarquer comme troubles fêtes. Il y a au Gabon, une obsession de maintenir le statu quo. Le maintient du peuple gabonais dans l'angoisse et l'exploitation de ses peurs, est l'œuvre du régime en place. Les clans qui s'opposent au changement au Gabon s'activent avec énergie à maintenir les gabonais dans un état de doute permanent. Ils se lancent dans des offensives médiatiques avançant que le pays se trouve sur la bonne direction depuis l'avènement d'Ali Bongo, que les contestataires sont une minorité égarée et influencée par des vendeurs d'illusion qui veulent plonger le pays dans le chaos. Ceux qui vivent dans l'abondance ne veulent pas que la situation change, car profitant de l'immobilisme, ils savent qu'un changement en bonne et due forme serait synonyme de la fin de certains privilèges. Ils sont prêts à tout faire pour contrer ce changement. Pour ce clan dont Ali Bongo est la partie la plus visible, il est tellement plus simple de gouverner lorsque leurs administrés ont peur. Ils pensent que la peur est leur meilleur allié. C'est à ce titre qu'Ali Bongo utilise le châtiment de la perte d'emploi comme moyen de pression pour se faire respecter et mettre les gabonais au pas. L'apogée de ce principe consiste à ces licenciements collectifs qu'on a vu avec le tsunali et que viennent encore de vivre les fonctionnaires du ministère de l'Habitat.

2. Alors que sous d'autres cieux, un gouvernement doit rassurer le peuple, au Gabon Ali Bongo préfère terroriser
Dans la plupart des pays du monde, le pouvoir essaie autant que faire se peut, de rassurer les citoyens. Le peuple a besoin d’être conforté. Mais contrairement à cette norme, on constate qu'au Gabon, Ali Bongo devient la principale source d’angoisse des gabonais qui se demandent qui va avoir son emploi éliminé demain, qui verra la bourse de son enfant coupée sans explication, etc. Ali Bongo pense que si les gabonais ont peur de lui, ils deviendront tellement plus malléables, corvéables, maniables et manipulables. Il sait aussi que si les gabonais disent non à la peur, ils seraient à même de reprendre leur liberté. Il s'agit pour Ali Bongo et ses amis, de nous entretenir dans le sentiment qu'une menace pèse sur nous en permanence et surtout dans le sentiment de notre impuissance à tous vis-à-vis de cette menace. Si nous ne faisons pas comme ils nous le dictent, alors le malheur s'abattra sur nous, et ce collectivement. La preuve, regardez tous les gabonais assis à la maison suite au tsunali. Regardez tous les gabonais dont les enfants ont les bourses coupées. Regardez tous les agents du ministère de l'Habitat qui ne retrouveront plus d'emplois stables dans la fonction publique gabonaise. Par ce matraquage et par le type de punition collective qu'adore Ali Bongo, nous abandonnerons jusqu'à l'idée qu'il nous est possible de réagir. L'important pour eux est de nous maintenir dans la confusion, l'angoisse et le désespoir. L'important est d'entretenir le public dans le sentiment de son impuissance. Ainsi le peuple est soumis. Bien entendu, dans ses déclarations annonçant ses décisions d'invraisemblables licenciements collectifs, Ali Bongo essaie de s’innocenter au nom du Bien public. Paradoxalement et naturellement, il représente ces invraisemblables décisions comme la garantie même de ce bien public dans le futur. Les gabonais devaient accepter le tsunali car il fallait une administration plus efficace; les résultats nous montrent quoi aujourd'hui? Les mêmes gabonais doivent maintenant accepter que tout un ministère soit décimé pour soit disant permettre la construction des 5000 maisons par an; qui croit un seul mot à ces fadaises? Dans le même temps, la propagande médiatique en vigueur au Gabon, normalise les actes arbitraires d'Ali Bongo sous des termes sacralisés comme "décision courageuse". Mais y a-t-il un seul journaliste de la RTG capable de nous dire ce qu'il y a de courageux à anéantir d'un seul décret, les carrières de centaines de gabonais qui se demandent bien ce qu'ils ont fait pour être traités de la sorte? Les courtisans d'Ali Bongo sont-ils capables de nous énumérer les conséquences de la mise à la rue de gens par milliers?

Ironie pour ironie, dans sa dernière décision de limoger tout le monde du ministère de l'Habitat, Ali Bongo a révélé le coté cocasse de sa démarche et la vraie nature du pouvoir qu'il incarne. Il a renvoyé tout le monde sauf Blaise Louembé le ministre. Quand on prend connaissance de cette décision, l’injustice est tout à coup flagrante entre le sort fait aux patrons du clan au pouvoir et le désastre social généré par la gestion due à cette caste de privilégiés, un simple clan et pas même une élite. Chers lecteurs, tout en préservant les intérêts de son clan et de ceux qui le servent, Ali Bongo exerce sur les gabonais, un chantage économique qui brutalise leur vie publique et privée. Le licenciement massif et le chômage perpétuel sont ressentis comme des menaces qui invitent les gabonais à se mettre dans les rangs et obéir au doigt et à l'œil. N'oubliez jamais, chers lecteurs, que l'objectif des Bongo est l’encerclement psychologique des gabonais, afin de les épuiser pour que soit ils fuient le débat politique et laissent les Bongo gouverner tranquillement, soit ils se laissent domestiquer et deviennent des chiens de compagnie pour Ali Bongo comme le sont devenus Mba Abessole et Mamboundou, des toutous parfaitement dressés qu'on exhibe maintenant ici et là.

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