IL N'EST PAS DONNÉ Á N'IMPORTE QUI DE GOUVERNER. ON NE PEUT PAS SIMPLEMENT CONSIDÉRER QUE PAPA A ÉTÉ, DONC JE SERAIS…

Beaucoup de grands esprits, de chez nous et d'ailleurs, se sont penchés au fil des âges sur la question de savoir quelles étaient les capacités que se devaient de posséder un bon leader, un bon homme/femme d'état. Bien que les grands penseurs soient divisés sur la question, on peut néanmoins en distinguer des dénominateurs communs évidents. Pour être un bon leader il faut:

1. Etre mentalement mûr et se connaitre intérieurement de manière à projeter et insuffler la stabilité.
2. Avoir une formation et un vécu qui suscite le respect, sinon l'admiration.
3. Avoir un sens directionnel de ses ambitions pour le pays, c'est dire être capable d'articuler et de convaincre par la clarté de ses explications, ses compatriotes, des mérites de son projet pour le collectif. Etre apte à éclairer la population.
4. Avoir un profond sens de la justice pour tous.
5. Avoir une connaissance précise et juste de ce dont le pays a le plus besoin et un sens des priorités qui est en phase avec ce dont le pays a le plus besoin.

Quand on regarde ce qui précède, on ne peut pas vraiment dire qu'Ali Bongo arrive assez proche de ce qui pourrait être l'archétype du leader. Par ses actions, son vécu et son présent, il y a une ample documentation qui tendrait à supporter le fait qu'Ali Bongo n'ait pas du tout l'étoffe du leader.

A propos de la maturité requise, on ne peut pas vraiment entrevoir en Ali Bongo un leader mature, Car l'observation nous dit qu'Ali Bongo tient plus à avoir une vie sociale de jet-setter, que de vivre comme un chef d'état d'un pays qui manque de tout. En effet, même s’il sait que son statut a changé, Il adore toujours être au milieu des célébrités et des paillettes. Ce n’est pas un leader, c’est plutôt quelqu’un qui cherche la reconnaissance. Il pense que la reconnaissance s'achète et qu'aller à St Tropez le place au même rang que les grands de ce monde. Il fait tout pour être confronté à la célébrité.

A propos de la formation et du vécu, y a-t-il quelqu'un dans ce bas monde qui pourrait nous affirmer qu'à quel que niveau que ce soit, Ali Bongo fut un bon élève, appliqué et motivé? Y a-t-il quelqu'un capable de nous dire que si Ali Bongo n’avait pas été fils de président, il aurait pu réussir des études sans trop de problème? Si en ayant tous les moyens d'état, il a besoin de passe-droits pour avoir des diplômes académiques, qu'aurait-il été si son père n'avait pas été président? Y a-t-il quelqu'un qui puisse nous dire en termes de culture générale, quel est le sujet qu'Ali Bongo maitrise le mieux? Est-il à l'aise en relations internationales? En histoire des peuples et des états? En sciences humaines et exactes? Aime t-il la discussion abstraite, les concepts philosophiques? Nous savons déjà qu'il aime le luxe, spécialement les voitures de luxe. Mais est-ce le genre d'attributs que devrait avoir le chef d'état d'un pays comme le Gabon qui a besoin de vision, de direction et d'inspiration?

Les gabonais, jeunes et moins jeunes, pour la plupart rêvant de l’espoir d’un avenir meilleur, aimeraient bien pouvoir regarder leur dirigeants, et ne pas se voir renvoyer des images de tyrannie et de corruption. Ils aimeraient voir s'arrêter le manque de représentativité du peuple dans les instances gouvernantes, l’absence d’emplois, l’injustice économique et la répartition inégale des richesses, qui restent des sujets du jour sous Ali Bongo, comme naguère sous son père. Si les gabonais aujourd'hui, comme hier, sont toujours en quête d’un pouvoir qui tienne compte de leurs besoins, renforce l’action judiciaire juste et favorise l'amélioration des conditions économiques, alors qu'est-ce qui a bien changé au Gabon? Rien du tout! Où est le leadership censé régler ces questions? Préoccupé à acquérir les Pozzo Di Borgo et se prélasser la bedaine sur le pont des yachts à St Tropez!

A cause du manque de justice sociale, pour se faire entendre, les gabonais doivent tenir des grèves et des sit-in quotidiens. Ce qui plonge le pays dans un climat de tension sociale permanente. On peut, par ailleurs, constater qu'une partie de la jeunesse gabonaise commence à se montrer plus avertie et intellectuellement plus mature que ses dirigeants. Mais la jeunesse gabonaise doit elle être encore le témoin d’autres sacrifices personnels et sociétaux de la part d'une population dont les dirigeants n'ont pas encore conscience que les besoins des nationaux sur le territoire soient plus important que le luxe du Pozzo Di Borgo ou de la "uber" résidence des Kennedy? Comment un peuple peut-il vivre avec succès sous la coupe de dirigeants qui n'ont aucun sens des priorités? Comment des gens qui n'ont aucun sens des priorités pour leur nation, peuvent se penser être des leaders appropriés pour le devenir de cette nation, pour "l'émergence" de ces nations? Comment des gens dont le comportement se caractérise par l’irresponsabilité fiscale et politique, peuvent-ils traduire concrètement par des actes, les vœux des gabonais sur le long terme ? Comment des gens qui agissent comme s’ils ignoraient totalement ce qui est utile et pressant pour les gabonais, peuvent-ils se présenter comme la clé de voute de notre accession au statut de pays émergent ? Tout le monde n’est pas apte à diriger un état. Etre fils de président n’est pas une condition nécessaire, ni suffisante comme semble le penser Ali Bongo, pour prétendre aussi à la fonction. Ali Bongo semble penser que ce qu’il trouve beau et prestigieux, est nécessaire pour le Gabon. Pozzo Di Borgo est prestigieux, et hop on demande à Accrombessi d’acheter, même si les gabonais crève de misère. La résidence de Kennedy est à vendre, quelle aubaine ! Accrombessi, va acheter, vite vite vite ; bon on va leur dire à ces naïfs que c’est pour en faire une ambassade comme d’habitude ! Un chef d’état doit être quelqu’un qu’une certaine éducation ne permet pas de faire certaines choses, et Ali Bongo est loin d’avoir le profil.

Nous vous offrons pour illustrer ce billet, des sketches de Dieudonné Mbala-Mbala, le célèbre humoriste franco-camerounais, car vous y décèlerez certains des aspects traités ici. Nous préférons en rire, car en pleurer serait trop douloureux.