LES JEUX DU CIRQUE : POURQUOI LA CAN AU GABON NOUS LAISSE INDIFFÉRENTS !






Quand les dignitaires romains offraient au peuple les spectacles de l’arène, ils faisaient étalage de leur puissance et de leur richesse. Mais surtout, ils s’assuraient aussi une certaine paix sociale, en maintenant la plèbe hors du jeu politique. Juvénal résuma ce que le peuple de Rome demandait à ses dirigeants en deux mots: Du pain et des jeux (Panem et circensens). Plus de 2000 ans plus tard, les gladiateurs sont maintenant appelés des sportifs, et le spectacle qu’ils offrent dans des arènes spéciales et la télévision globale, sert souvent les dictatures qui ont cette volonté d’utiliser un évènement sportif de premier plan de manière à occulter une certaine réalité sociale et politique bien peu enviable. Le Ballon rond de nos jours remplace sabres et boucliers. Offrir au peuple des divertissements fait parti de la vie publique. La notion de propagande reste la même, car il faut absolument empêcher le peuple de penser. Chers lecteurs, pour ces raisons, cette CAN 2012 au Gabon, ne sera pas la notre.

1. Il faut endormir le bon peuple avec des futilités
Toute dictature veut pousser la population à se sentir incapable de quoi que ce soit, surtout incapable de se dresser droit devant elle. Dans le cas spécifique du Gabon, l’objectif de la dictature est que les populations se disent : «à quoi bon ! Ils nous ont tous déçu et c’est peut être moins grave d’avoir les Bongo au pouvoir, car de toute manière on ne peut faire confiance à personne». Nous entendons beaucoup ce refrain de la bouche des gabonais. Ce sentiment est la conséquence du fait que le Gabon ait été non seulement appauvri et exploité par ceux qui ponctionnent ses matières premières, mais surtout trahi par le comportement de la classe dirigeante. La population se sent trahi quand elle remarque que le journaliste qui devrait lui dire la vérité, ne lui dit que ce qui fait bien l’affaire du système. Le peuple se met en rogne, quand il voit que les gardiens de l’ordre judiciaire ne défendre que les intérêts du pouvoir. Le peuple désespère quand il doit se résigner à se voir imposer ses gouvernants parmi des membres interchangeables d’une famille prédatrice, qui ont tous pour programme de défendre le système tel qu’il est et de voir à ce que les choses ne changent jamais. Alors, la masse souffre de ne plus faire confiance à personne, ni croire en rien, car il a vu tout ce en quoi il croyait, défroqué par la volonté du régime, car tous ceux qui d’office servaient de balises à la société ont soit trahi massivement la confiance qu’on mettait en eux, soit été eux-mêmes calomniés et affaiblis par le régime, au point de ne plus offrir une alternative à l’ordre établi. Alors les gabonais sont comme des zombies. Ça consomme des quantités incalculables d’alcool, pour oublier. Avec les conséquences qu’on connait pour la société. Mais le pouvoir encourage cela et en rajoute. Il trouve que ce dont le Gabon a le plus besoin sont des jeux ; la CAN, l’évènement sportif africain ! Ça au moins donnerait un sentiment d’appartenance à la population et on s’en servira pour dire de manière subliminale que même si la gouvernance de Bongo père a été une terrible déception pendant 42 ans, il faut que son fils soit accepté comme successeur et les jeux peuvent aider à cela.

2. Le divertissement maintiendra les gabonais dans l’attentisme
Il faut empêcher la masse gabonaise de prendre conscience du fait que la corruption a été érigée en système et que les repères du passé n’existent plus. Le régime Bongo n’est entouré que de scandales. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à regarder ce qui tient les gabonais occupés de ces temps-ci: les différentes bêtises d’Ali Bongo. Sous le manteau, la grogne et la frustration sont à leur paroxysme dans la population. Pour s’assurer une paix sociale et éviter la révolte générale, la classe dirigeante doit fournir du pain et des jeux, comme à l’époque de Rome. On n’a certainement pas réinventé la roue, ni les principes de la propagande. Le sport et le divertissement constituent une soupape de sécurité pour éviter que la population explose de rage. Tout le système de gouvernance au Gabon, apparait comme un leurre, une entreprise de manipulation médiatique et de corruption pour garantir, la pérennité de la dictature d’un clan qui nous exploite tous. On se plaint – et nous les premiers – de l’apathie de la population face à son sort, à son évolution sociale, à ses choix politiques… Mais en toute franchise, vers qui la population pourrait-elle se tourner? Où sont les hommes de confiance? A quel « saint » pourrait-elle se vouer ? La population est perdue, car elle ne voit autour d’elle malheureusement, en général que des têtes qui mériteraient d’être coupées. Sachant cela, lisant le découragement des populations, le pouvoir met tout en place pour détourner la masse des choses sérieuses. Il faut absolument détourner le gabonais de l’essentiel et l’éloigner des problèmes propres à sa condition. Il faut empêcher le gabonais de réfléchir à son sort.
À voir ce dont les médias d’état parlent présentement au Gabon, la grande préoccupation de l’heure n’est pas la politique, l’économie ou encore la gangrène qu’est le régime Bongo. Non, on cherche plutôt à savoir si tout sera prêt pour la CAN 2012. On dirait qu’une bonne frange de la population opère tranquillement un transfert psychologique de leur malaise vers le sport. Les gens ont besoin de trouver des héros pour combler leur sentiment (injustifié) d’impuissance. Ainsi va le Gabon et voici pourquoi nous ne serons pas concernés par cette CAN.

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