SAMUEL ETO’O UTILISÉ PAR ALI BONGO COMME MAX SCHMELING FUT UTILISÉ JADIS PAR HITLER
L’utilisation de vedettes du sport, par les dictatures, n’est pas nouvelle. En fait, au début du 20ième siècle, le nazisme fut le premier mouvement politique des temps modernes à associer dans sa stratégie de propagande, les vedettes de cinéma et surtout celles du sport. Sur ce plan, quand on voit un Ali Bongo flanqué de Samuel Eto’o, faire des visites de chantiers et se livrer à des conférences de presse, on ne peut s’empêcher de sourire car la scène aurait pu être tirée du précis de propagande de Goebbels, qui conseilla à Hitler d’utiliser au maximum la célébrité du boxeur allemand Max Schmeling, pour faire adhérer le plus grand nombre du petit peuple allemand à la politique du 3ième Reich.
1. Max Schmeling fur choisi par Goebbels et Hitler, pour les mêmes raisons que Samuel Eto’o a été choisi par Ali Bongo
Max Schmeling était une célébrité, un héros national pendant l’ascension du nazisme ; Samuel Eto’o est une célébrité footballistique continentale et mondiale pendant qu’Ali Bongo essaie d’assoir son pouvoir. Max Schmeling était un personnage attachant pour les allemands, car il fut le premier européen champion du monde des poids lourds en 1930 ; Samuel Eto’o est avec Didier Drogba, l’africain le plus en vue sur les pelouses mondiales dans les clubs les plus prestigieux. En 1936, Max Schmeling bat l’américain noir Joe Louis au 12ième round. Cette victoire sera récupérée par les Nazis et décrite comme une victoire idéologique. L’Allemagne nazie verra dans cette victoire la suprématie de son idéologie ainsi que celle de la race aryenne sur les inferieurs noirs. Les Nazis organiseront un tapage médiatique autour du nouvel héros, dont le retour au pays se fera à bord du prestigieux Zeppelin Hindenburg, le plus grand dirigeable (aéronef) jamais construit dans l’histoire de l’aviation. De la même façon, nous voyons Ali Bongo essayer de capitaliser sur la célébrité de Samuel Eto’o pour s’attirer les sympathies des amateurs du ballon rond au Gabon et franchement de tous ceux qui aiment simplement voir les célébrités et sont impressionnés par elles. Le sport allemand était la vitrine populaire de l’idéologie Nazie. Max Schmeling était à sa façon, un soldat du nazisme, envoyé sur le front de la propagande, par le régime. Dans les journaux Allemands, on voyait régulièrement des photos de lui, dinant avec Hitler et le couple Goebbels. De la même façon qu’Ali Bongo et Samuel Eto’o se prêtent à une conférence de presse totalement bidon, où ils disent des choses sans intérêts, car l’important est d’être vu ensemble, et non nécessairement d’être entendu. Les journaux gabonais placarderont ces photos en première page, et le petit peuple qui n’a pas véritablement de culture politique, verra Ali Bongo avec Samuel Eto’o et sera raisonnablement impressionné (du moins, c’est ce sur quoi compte Ali Bongo comme résultat).
2. Mais la vérité reste que la propagande sportive n’a jamais sauvé aucune dictature
Nous l’avons vu en URSS, en Allemagne de l’Est, en Yougoslavie, en Roumanie, dans l’Argentine des Péron ou encore le Brésil des juntes militaires ; les prouesses sportives et les victoires peuvent être utilisées avec insistance par les dictatures en mal de propagande, le peuple finira toujours par comprendre que tout ça n’est que farces-et-attrapes et que les vrais enjeux sont ailleurs. Les nageuses est-allemandes n’empêchèrent jamais le peuple de demander sa liberté, malgré leurs nombreuses moissons de médailles aux différents jeux olympiques. Les exploits des gymnastes et haltérophiles soviétiques n’empêchèrent jamais l’Union Soviétique de s’écrouler. Les jeux olympiques de Sarajevo n’empêchèrent pas l’éclatement de la Yougoslavie. La coupe du monde 1978 et les exploits de Mario Kempes, n’empêchèrent pas l’effondrement des régimes militaires argentins et ainsi de suite. De la même manière, chers lecteurs, la tenue de la CAN 2012 au Gabon, ne pourra pas changer la nature du régime d’Ali Bongo dans les cœurs et les têtes des gabonais, même si Ali Bongo appelait à la rescousse, dix mille Samuel Eto’o. La notoriété des sportifs n’est que relative quand à leur capacité à masquer les vraies souffrances des populations. Ces sportifs peuvent faire oublier aux gens pendant un temps, disons 90 minutes, leurs problèmes. Mais une fois le match de foot terminé, ce n’est pas Samuel Eto’o qui va mettre la bouffe sur la table du gabonais moyen qui se fait narguer tous les jours par Ali Bongo.
Comme nous vous le disions hier, la CAN 2012 ne représente rien de significatif pour nous et nous ne pensons pas que les gabonais qui cogitent se sentiront concernés par cet évènement. Les sentiments qu’on a des héros du sport sont très subjectifs et aussi éphémères. On les aime bien, mais pas suffisamment pour en faire le centre de sa vie, ni même le guide de ses convictions. Alors comme Max Schmeling n’empêcha pas la déchéance du nazisme, la présence de Samuel Eto’o aux cotés d’Ali Bongo n’empêchera pas les gabonais de remarquer que l’empereur soit tout nu.
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