NON MESSIEURS DE "PLURIEL", EN DÉPIT DE VOS AFFIRMATIONS DU CONTRAIRE, LA PRESSE N'EST PAS LIBRE AU GABON





Ce weekend écoulé, les 3 courtisans de "Pluriel", dans un élan hystérique, ont voulu commémorer la journée internationale de la liberté de presse, en démontrant combien la presse était libre au Gabon. Dans leur magnanimité et disponibilité, ils se sont livrés en cobaye pour la démonstration, en invitant les téléspectateurs gabonais à répondre en direct aux questions: "la liberté d'expression existe-t-elle au Gabon?" Ou encore: "la presse est-elle libre au Gabon?". Ils posaient ces 2 questions par intermittence, comme si elles étaient synonymes. Mais bon, ils n'en sont pas à un cafouillage prêt. On ne va pas leur en tenir rigueur. Néanmoins, suite à ce petit exercice au cours duquel on a pu se rendre compte du scepticisme du public gabonais quand à la liberté de presse au Gabon, nos 3 gougnafiers ont tout simplement proclamé unilatéralement que la liberté de presse existait bel et bien au Gabon; que la presse était LIBRE! La preuve, ils ont ouvert leur Blackberry de 500000 francs CFA en direct à la télé et ont laissé les intervenants s'exprimer. Du jamais vu au Gabon. Donc la presse est libre, car personne ne les en a empêché. Non mais ils rigolent ces mecs! Au début des années 80, il y a eu les dossiers de la RTG ; pouvait-on conclure que la presse gabonaise était libre ? Ils sont débiles ces gens !

1. Faire des micros-trottoirs et des call-in shows ne signifie en rien avoir une presse libre
Penser que la liberté de presse se résume à ouvrir son téléphone portable en direct à la télévision est d'une profonde ânerie! La liberté de presse s'exprime et s'apprécie dans le contenue de cette presse. Au Gabon, tout le monde déplore l'absence d'un journalisme d'investigation, d'un journalisme critique (au sens cartésien du terme), et d'un journalisme d'opinion. Tout le monde ou presque s'accorde du fait universel en démocratie, qui veuille que la critique même lorsque très désagréable, soit absolument nécessaire au bon fonctionnement d'un pays et d'une presse. La confrérie bongoïste a peut être quelques soucis avec la critique; mais sans elle, point de liberté de presse. Attention, on parle ici de critique et non d'insultes ou menaces, notions dont sont aussi très adeptes les bongoïstes; habitués qu'ils sont à agir sous impunité. Que vaut un micro-trottoir ou un call-in show, dans un pays où les journalistes sont constamment harcelés et intimidés par les autorités? Les présentateurs de "Pluriel" sont-ils prêt à nier que le pouvoir crée une atmosphère d'intimidation qui fait que les journalistes aient peur et s'autocensurent? Les présentateurs de "Pluriel" sont-ils prêt à nier que le pouvoir continue de faire des descentes au domicile de certains journalistes, de séquestrer leurs ordinateurs, de les mettre sous enquête, etc.? Les présentateurs de "Pluriel" sont-ils prêt à nier que le pouvoir et le PDG exercent un monopole sur les media d'états dont ils se servent pour matraquer la population sur les faits et gestes d'Ali Bongo? Tiens, pas plus tard qu'hier, l'émission Gabon-Hebdo sur la RTG1 avait pour invités pour toute l'émission, 2 membres du "Comité de l'émergence" du quartier Kinguélé. Mais il y a de quoi devenir fou. Qu'est que cette association de quartier à avoir avec l'intérêt général des gabonais? Est-ce de l'information? Les présentateurs de "Pluriel" sont-ils prêt à nier que les journaux télévisés de la RTG1 ne contiennent quasiment pas d'information à proprement parlé? On continue d'appeler « journal télévisé » ce qui devrait en réalité être appelé un « magazine sur la vie et les faits et gestes d'Ali Bongo et du PDG». Sur un J.T. de 30 minutes, il n'est pas rare d'avoir 20 minutes d'Ali Bongo, 3 minutes de Biyoghe-Mba, 3 minutes de Laure Ngondjout visitant les sièges de la "presse" gabonaise, et 4 minutes de tournée d'Angélique Ngoma dans la Nyanga, avec tamtam, bougeage de fesses et marche de soutient. Non, messieurs de "Pluriel", comme vous le voyez, la presse est loin d'être libre au Gabon. "Reporter Sans Frontières" ne se trompe pas, le Gabon est mal classé dans ce chapitre.


2. Quand à donner des exemples, rassurer vous de leur exactitude
On dit que l'erreur est humaine car tout le monde en fait. Mais il y a des situations et des erreurs qui sont tellement grossières qu'il faille faire remarquer à leurs auteurs qu'ils soient dans l'égarement, surtout quand cette erreur monumentale est faite devant le public disséminé dans le monde entier, dans le cadre d’une émission qui veut célébrer la liberté de la presse au Gabon. C'est ainsi que ce weekend, en voulant argumenter que la presse, dans tous les pays, servait d'abord la politique nationale, le larron de droite sur l'écran de l'émission Pluriel (voir photo ci-dessus) se permit d'affirmer des choses inexactes. Il est impossible de savoir si cet individu a délibérément menti pour servir son argument, ou s'il n'est tout simplement pas informé, chose plus grave pour un journaliste que d'avancer quelque chose sans prendre la peine de la vérifier. Revenons à notre erreur; le chroniqueur de "Pluriel" dans son élan justificatif du journalisme partisan qui prévaut au Gabon, a affirmé ceci: "même aux Etats-Unis sur des chaines comme CNN, on ne dit jamais du bien des ennemis. Vous ne verrez jamais CNN dire ce qu'il y a de bien en Iran par exemple". Donc, implicitement, ce journaliste reconnaissait que les « ennemis » du PDG étaient aussi ceux des journalistes de la RTG. Cependant, si ce monsieur s'était donné la peine de faire une petite recherche, il aurait remarqué que dans le paysage audiovisuel américain, il y a des chaines de tous bords. Il y a des chaines de droite comme Fox-News, des chaines considérées de gauche comme MSNBC, et des chaines centristes comme CNN ou encore PBS. S’il est vrai qu’une chaine de droite comme Fox-News aurait tendance à présenter l’Iran comme une nation ennemie, les chaines centristes ou de gauche ne le feraient pas. En fait, le journaliste de pluriel devrait savoir que les chaines CNN et PBS ont fait d’excellentes séries de reportages sur l'Iran, sur la vie des Iraniens, sur le quotidiens des Iraniens. Si vous allez sur Youtube, vous pouvez les regarder et juger de votre plein gré. Sur ce lien (http://www.youtube.com/watch?v=aZdVpHspk-s), vous trouverez un très bon reportage de CNN qui présente l’Iran sous tous ses aspects et non sous un angle caricatural. Ce n’est pas un reportage qui diffame l'Iran, mais plutôt qui informent sur la situation en Iran. C'est ce que nous demandons à la RTG1. Moins de propagande et plus d'information. Même le président Iranien est régulièrement interviewé sur les chaines Américaines. Combien de fois avez-vous vu des opposants à Ali Bongo passer à la RTG1?

Le principe de base du journalisme méthode PDG consiste à ignorer les informations essentielles, et diffuser un déluge d'informations insignifiantes. Cette stratégie de diversion s'applique en premier lieu au journal télévisé, principale source d'information du public. Le journal télévisé au Gabon c’est de l’information sans information. Même les évènements importants sont traités par le petit bout de la lorgnette. Un gabonais remporte l’équivalent du prix Nobel pour le monde de l’environnement, et la RTG1 n’en parle pas. On tue les gens comme des lapins à Port-Gentil, pas un mot. Mais les zouaves du « comité de l’émergence » du quartier Kinguélé ont droit à 2 heures d’antenne. Ainsi, sur la RTG1, un sommet international donnera lieu à des images de limousines officielles et de salutations devant un bâtiment, mais aucune information ni analyse à propos des sujets débattus par les chefs d'états, sauf l’allocution d’Ali Bongo qui fera l’objet d’une édition spéciale avec une narration prédictible et « fleurie » d’Ali Radjoumba. De même, un fait de société sera traité par des micros-trottoirs sur les lieux de l’observation, avec les impressions et témoignages des passants, mais aucune interview de véritable expert reconnu en la matière qui pourrait faire une analyse exhaustive. Les compères de « Pluriel » ne le savent peut être pas, mais la structuration et la hiérarchisation de l'information sont aussi des principes de base enseignés à tous les étudiants en journalisme. Or les journaux télévisés de la RTG1 font exactement le contraire, en enchainant dans le désordre des sujets hétéroclites et d'importance inégale (la journée d’Ali Bongo, la journée de sa femme, un fait divers, un peu de politique, un sujet social, un autre fait divers, puis à nouveau de la politique, etc., et enfin du sport) , comme si le but recherché était d'obtenir la confusion du public. Une population mal informée et amnésique est en effet beaucoup plus facile à manipuler. Non messieurs, la liberté de presse n’existe pas au Gabon !

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