SO SPOKE GREGORY NGBWA MINTSA! AINSI PARLAIT GRÉGORY NGBWA MINTSA!

Gregory Ngbwa Mintsa (Photo: Transparency International)


English version

In the pursuit of our commemoration of the work of the late Gregory Ngbwa Mintsa, we republish here his speech made on November 12, 2010 at the Queen Sirikit National Convention Center in Bangkok, Thailand, when he received the Integrity Award of Transparency International.


Below is the speech by Gregory Ngbwa Mintsa


It is a great honor for me to be in this illustrious assembly to receive this noble distinction. I do not know if I deserve it more than others, because, worldwide, there are many who are fighting for a better world. Many are those who, like Sergei Magnitsky who should have been with us tonight, gave their life for equity and justice.

Ladies and Gentlemen, 

Faced with the multiple forms of totalitarian violence, an isolated action has very little chance of success, if it is not supported by solidarity forces. Without the unfailing support of international solidarity that you animate, I probably would not be here tonight. I could never thank you enough. I would like to thank particularly Transparency France and Sherpa for always maintaining relations based on respect for and for having been the working bees of a great victory.

In fact, this week, the Court ruled admissible the suit of the ill-gotten gains. This decision is a landmark victory. Furthermore it affirms the desire for independence of the French justice vis-à-vis the political powers and the power of money, it also foreshadows the end of impunity for the patrimonicide crime, the appropriation of public assets by individuals or groups of individuals.

Patrimonicide is indeed a crime. For sure, what difference is there between one who is being prosecuted for crimes against humanity for having decimated a village by fire and blood and one to whom the red carpet is rolled, despite the fact that they have appropriated the assets that would have allowed people to be born, to grow up, to be fed, educated, to be healed, to work, to love, to start a family, to raise their children, to leave them a better world and to die in peace? The difference is that, because it is less spectacular, the patrimonicide crime only indirectly interest the media and opinions only when it turns to famine, only when people dispossessed and desperate by poverty and death, take up arms or plant bombs.

It behooves us, therefore, to review our paradigms. Let us not be blinded by the cynicism of the dogma that the market, profit, money, are the only creeds of mankind, under the assumption that it cannot be otherwise. Yet it can be otherwise. Profit must serve life, and not the reverse. What is the human cost of a head of state, when they are directly responsible for the death of at least one person per day -365 deaths per year on the scale of a renewable term for life? Are they not guilty of a crime against humanity?

If I am here today, it is not only because we share a philosophy. If I am here today, it is, and I will never thank you enough, because I have received the active solidarity of the community present here and many other organizations. 

It is why, confident in your determination, I invite you to mobilize all our energies so that the patrimonicide crime is recognized by international law as a crime against humanity to the perpetrator of which there must no longer roll out the red carpet.




Version française

Dans la poursuite de notre commémoration de l’œuvre du regretté Gregory Ngbwa Mintsa, nous republions ici le discours qu’il prononça le 12 novembre 2010, au Queen Sirikit National Convention Center de Bangkok en Thaïlande, quand il reçut le Prix de l’Intégrité de Transparence International.


Le discours de Gregory Ngbwa Mintsa



Mesdames et Messieurs,

C’est un insigne honneur pour moi de me retrouver au sein de cette illustre assemblée afin de recevoir cette noble distinction. Je ne sais pas si je la mérite plus que d’autres, car, à travers le monde, nombreux sont ceux qui se battent pour un monde meilleur. Nombreux sont ceux qui, comme Sergei Magnitsky qui aurait dû être avec nous, ce soir, ont donné leur vie pour l’équité et la justice.

Mesdames et Messieurs,

Face aux multiples formes de la violence totalitaire, une action isolée a très peu de chance d’aboutir, si elle n’est pas soutenue par des forces solidaires. Sans le soutien sans faille de la solidarité internationale que vous animez, je ne serais probablement pas là ce soir. Je ne vous en remercierai jamais assez. Je voudrais remercier particulièrement Transparence France et Sherpa pour avoir toujours entretenu des relations basées sur le respect et pour avoir été la cheville ouvrière d’une grande victoire.

En effet, cette semaine, la Cour de Cassation a jugé recevable la plainte Bien Mal Acquis. Cette décision constitue une victoire historique. Outre qu’elle affirme la volonté d’indépendance de la justice française vis-à-vis des pouvoirs politiques et des puissances d’argent, elle préfigure également la fin de l’impunité du crime patrimonicide, appropriation du patrimoine public par des individus ou des groupes d’individus.

Le fait patrimonicide est bel et bien un crime. En effet, quelle différence y a-t-il entre celui qui est poursuivi pour crime contre l’humanité pour avoir décimé un village par le feu et le sang et celui à qui l’on déroule le tapis rouge, alors qu’il s’est approprié le patrimoine qui aurait du permettre à des gens de naître, de grandir, de se nourrir, de s’éduquer, de se soigner, de travailler, d’aimer, de fonder une famille, d’élever ses enfants, de leur laisser un monde meilleur et de mourir en paix ? La différence est que, parce qu’il est moins spectaculaire, le crime patrimonicide n’intéresse indirectement les médias et les opinions que lorsqu’il tourne à la famine, lorsque les peuples spoliés et désespérés par la misère et la mort, prennent les armes ou posent des bombes.

Il nous appartient, donc, de revoir nos paradigmes. Ne nous laissons pas aveugler par le cynisme du dogme selon lequel le marché, le profit, l’argent sont les seuls crédos de l’humanité, sous le postulat qu’il ne peut en être autrement. Pourtant, il peut en être autrement. Le profit doit servir la vie, et non l’inverse. Quel est le bilan humain d’un chef d’Etat, lorsqu’il est directement responsable de la mort d’au moins une personne par jour -365 morts par an- à l’échelle d’un mandat renouvelable à vie? N’est-il pas coupable de crime contre l’humanité ?

Si je suis ici, aujourd’hui, ce n’est pas seulement parce que nous partageons une philosophie. Si je suis ici aujourd’hui, c’est, et je ne vous en remercierai jamais assez, parce que j’ai joui de la solidarité active de la communauté ici présente et de bien d’autres organisations.

C’est pourquoi, confiant dans votre détermination, je vous invite à mobiliser toutes nos énergies pour que le crime patrimonicide soit reconnu par le droit international comme un crime contre l’humanité devant lequel il ne faut plus dérouler le tapis rouge.

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