L'Avenir Sans Confiance: Presque Pas de Prof Gabonais au Lycée Berthe et Jean
Ah mon enfance, je me rappelle de ces jours sous la chaleur de Mars à Libreville, arpentant le macadam chaut avec sous mes pieds, une paire de sandales en caoutchouc communément appelée «sans confiance». Pourquoi ce nom? Parce que ces sandales sont proverbialement imprévisibles et vous lâcheront à un moment ou un autre. Achetées neuves, elles peuvent aussi bien s’abîmer au premier pas qu'au millième. Les lanières se coupent et vous voici obligé de continuer le chemin pieds nus, à la merci des vieux clous usés et tessons de bouteilles; et en ruminant que jamais vous n'aurez à nouveau confiance en ces objets de caoutchouc, même au prix abordable de vente, vous ne prendrez plus le risque. Ce souvenir m'est revenu en lisant certains rapports des actions des apôtres de "l'émergence" au Gabon. Ces gens sont des vrais "sans confiance". On parlera ici des actions au pied du mur, de la chérie de la république, Marie Madeleine Mborantsuo.
Vous êtes sans ignorer que la chérie de la république s'est lancée dans l'éducation au Gabon, en créant un lycée dit "d'élite" dénommé "Berthe et Jean". Qui est Berthe, qui est Jean, who cares? Cet établissement qui reçu en 2008 pour ses finitions, un financement de la Banque de Développement des Etats d'Afrique Centrale (BDEAC) d'un montant d'1 milliard de francs CFA, se trouve à Essassa sur la route de Kango. C'est le 26 Mars 2009 qu'Omar Bongo, sur décret n°0191/PR/MENIC attribua à ce lycée le statut d'établissement d'utilité publique. La chérie de la république aime tellement les enfants Gabonais, qu'elle a mis les petits plats dans les grands, pour leur offrir un cadre d'étude paradisiaque qui, nul doute la dessus, contribuera à rendre ces petits Gabonais très "émergents". L'établissement se veut sur le modèle des "boarding schools" Anglo-Saxonnes, avec l'uniforme blazer à écusson. A défaut d'aller à Eton en Angleterre ou à Exeter aux USA, les petits Gabonais "émergents" pourront aller rouler des mécaniques à "Berthe et Jean". Elle a prévu 48 salles de classe, un internat de 500 lits, 21 villas pour le personnel, un parc animalier, and last but not least (ce lycée est quand même bilingue) des aires de jeux avec stade de football, des cours de tennis, des terrains de volley-ball, de basket-ball, et un gymnase. On vous a dit le rêve.
Tout ceci est beau, très beau, trop beau. Car, comme d'habitude, the devil is in the details (je vous ai dit que ce lycée est supposé bilingue). En effet, sous les projecteurs, on s'aperçoit très facilement que la chérie nationale a appliqué au lycée Berthe et Jean, le même principe connu de la famille Bongo; c'est-à-dire: LA NON CONFIANCE AUX GABONAIS DE SOUCHE. Du plus haut des responsables de ce lycée jusqu'au plus bénin des professeurs, on y retrouve que des étrangers. Le proviseur de ce lycée a été importé du Sénégal. Bon peut être qu'il n'y a aucun Gabonais capable d'être proviseur dans un lycée "émergent", vu que le Sénégal soit déjà "émergent". Bon OK, on accepte. Son adjoint est un toubab car rien ne dit "E_M_E_R_G_E_N_C_E" comme une peau bronzée par le soleil agnangoulé du Gabon. Encore une fois, on accepte vu que les toubab ont tout inventé et nous rien (c'est ce que les toubab ont toujours dit, et comme ils savent tout…) OK, on a compris. Mais l'affaire se complique quand on se rend compte que le moindre prof d'histoire-géo ou d'anglais, est lui aussi importé du Burkina ou du Mali. Quand même! N'y a-t-il pas un misérable petit Gabonais sorti d'une université Londonienne ou Madrilène, qui ait des qualifications pour enseigner aux enfants des "émergents" l'Anglais ou le Spanish? Pour une structure éducative qui se veut "d'élite", quel est le message envoyé aux Gabonais quand il n'y a presque pas de Gabonais dans le corps enseignant? Comment les "émergents" peuvent expliquer cela? Surtout qu'ils ne viennent pas nous dire que cette structure est privée et en tant que telle n'est pas obligée d'engager de Gabonais (le lycée Blaise Pascal de LBV applique déjà cette règle), car bien que privée, elle reçoit de grosses subventions de l'état de manière officiel. Et de manière officieuse, nous savons tous d’où est venu l'argent pour la construction de cet établissement, alors pas de fuite en avant. En plus par les fonctions occupées par la chérie nationale, cette réticence à engager des nationaux est plutôt tragique, quand bien même révélatrice d'un état d'esprit ignoble.
Non, le vrai problème est que les Bongo, car c'est d'eux dont il s'agit, ne font pas confiance aux nationaux. Ils nous l'on prouvé à maintes occasions. On l'a vu avec le père qui confia la gestion du brut Gabonais à un Béninois. On voit le fils qui s'entoure d'étrangers comme chef de cabinet ou comme responsables de nos forêts millénaires. Les negrillons de Gabonais ne peuvent même pas protéger les éléphants, nous dit-on! Mais quand je leur demande à ces émergents de me dire qui protégeait nos forêts avant les colons? Ils fuient. Quand je leur demande de me dire pourquoi les colons ont trouvé des forets luxuriantes sans pollution à leur arrivée en Afrique, les émergents qui ne jurent que par Lee White et Michael Fay détalent.
Il faut bien se rendre à l'évidence que les Bongo se méfient des Gabonais de souche, et n'ont aucune confiance en ces Gabonais de souche. Nous leur devons donc la réciprocité. Nous devons leur démontrer que nous ne leur faisons pas confiance non plus et ne voulons plus composer avec eux comme dirigeants de notre pays.
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