PAUVRE GABON, TOUJOURS ET ENCORE FOLKLORIQUE
Le patron du groupe Francafrique, Nicholas Sarkozy, vient de passer voir comment vont les choses dans la succursale Gabon. Il est venu "s'édifier" (comme diraient les génies de la RTG1) sur la posture du nouveau gouverneur territorial, et esquisser un pas de danse kounabelique avec Patience Dabany, cette femme extraordinaire qui a mis au monde Ali Bongo à l'âge de 11 ans. Quel contraste avec les images de la visite de Barack Obama au Ghana!
Obama a choisi le Ghana parce que ce pays est parmi ceux qui représentent ce qui se fait de mieux en ce moment en Afrique. Il a une des économies de marchés les plus dynamiques du continent, et c'est une démocratie parlementaire à part entière avec des présidents qui font leurs mandats constitutionnels et quittent le pouvoir pour laisser le pays se régénérer politiquement. Sarkozy, par contre, vient renforcer les clichés de mon enfance où on voyait les présidents Français venir chasser au Gabon comme Giscard qui aimait chasser l'éléphant à Setté-Cama. On a vu Sarkozy au Gabon en terrain conquis, comme Napoléon faisant le tour du propriétaire. Racontant des blagues avec Ali Bongo, visitant l'usine de contre-plaqués de Rougier à Owendo, en compagnie d'une foule d’affairistes, de « chargés de missions », de "monsieur Afrique", de conseillers techniques, plus soucieux de conserver comme captif, le Gabon et ses matières premières.
Pendant qu'Obama rencontrait les parlementaires Ghanéens et tenait un discours plein de prescriptions pour un futur équilibré pour les Africains, nous avec Sarkozy avons eu droit à un insipide théâtre de bas étages à la cite de la démocratie où Sarkozy encensait un président NON-ELU, et promettait de venir en aide à ce président et l'assister à consolider son pouvoir. Mais a quelle fin? Celle de la continuation du pillage du Gabon, car c'est ce dont il s'agit. Ali Bongo sait bien plus que tout le monde que la règle première de la Francafrique est la docilité et la sensibilité aux intérêts de la France. Les présidents qui ont observé ces règles, comme son père, ont eu de très longues carrières. Les autres ont été débarqués sans ménagement et sans état d’âme. L'univers impitoyable de la Francafrique.
Et la rupture tant proclamée par Sarkozy? Du pipo! Il est évident qu'à l’heure où Pékin débarque en force sur l'Afrique, Paris semblent bien décidée à lutter pour conserver sa zone d’influence. Mais Sarkozy a pourtant juré la main sur le cœur qu'il n'y avait plus de pré-carré. Ne soyons pas ridicules, car les actes de Sarkozy et la Francafrique démontrent que si le pré-carré était mort, la France n'aurait pas accepté de soutenir les présidents « amis » du Niger, ou du Tchad qui tripatouillèrent la constitution pour consacrer leur statut de président à vie. Si le pré-carré était décédé, la France n'aurait pas soutenue les mouflets des «amis», et les aider à succéder à leur père à la tête du Togo et du Gabon, devenues des républiques monarchiques. Enfin, si le pré-carré était inanimé et enterré, Jean Marie Bockel aurait toujours son emploi.
Nous sommes donc à la case départ, avec à la tête du Gabon des satrapes, prêts à mettre le pays sur les rotules pour conserver le pouvoir à tout prix. Comme nous l'indique la visite et le message de Sarkozy au Gabonais, le proconsul Ali Bongo aura les coudées franches pour mener la vie dure aux Gabonais. Plus que jamais, nous serons livrés à nous-mêmes, clochardisés à l'extrême, et de temps en temps, c'est-à-dire tous les 7 ans, Ali Bongo viendra nous donner quelques ailes de dinde.
La comparaison est cruelle pour le pauvre Nicolas Sarkozy et le Gabon, car alors qu'Obama rendait visite à l’un des rares pays du continent qui connaisse une alternance démocratique régulière et une croissance économique soutenue. La France renforce son soutient à des régimes autoritaires et corrompus, avec à la clé des contrats portant sur de fabuleux gisements d’uranium, de pétrole, et autres minerais. Pour la France, cette politique affairiste passe par un appui sans faille à des dictateurs, et cette réalité n'est pas prête de changer.
Mais au moins on peut encore rire de tout ça car, alors qu'Obama prononça un discours de très haut vol sur la gouvernance, devant le parlement Ghanéen, Sarkozy lui s’accroche à des pratiques déshonorantes pour la France, comme son mot pour l'auditoire, trillé sur le volet, de la cité de la démocratie, dont la pertinence fut résumée par un tonitruant "ON DIT QUOI?" lancé par Sarkozy pour les sous-fifres d'Ali Bongo qui adorèrent. Le tout se termina par des incantations de "laissez nous avancer; laissez nous avancer". Pauvre Gabon!
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