QUESTION BY JEAN-GASPARD NTOUTOUME-AYI: WHAT IS THE OPPOSITION? QUESTION DE JEAN-GASPARD NTOUTOUME-AYI : QU’EST-CE QUE L’OPPOSITION ?

Jean-Gaspard Ntoutoume-Ayi



English version

The question of Mr. Ntoutoume-Ayi was originally formulated as follows:


Opposition?

In the Gabonese political debate, there are many who claim to be the Opposition, to proclaim themselves Opponents. So it has become difficult to know exactly what this refers to exactly.

Opposition: Is it an ideology? Is it a school of thought?

If this exchange could contribute to enlighten us, we would be richer for it. Intellectually.

Thanks in advance.



Here is this blog’s contribution:

First, let us set the scene: here we are talking about political opposition and not philosophical opposition, whose field of study would be clearly broader and more complex. We must also distinguish political opposition in mature democracies from political opposition in dictatorships. We shall speak above all of the political opposition in a dictatorship.

We must for starters note that in a dictatorship such as Gabon, power is predicated on the ability of those holding it to successfully eliminate political rivals, not just temporarily but permanently because every dictatorship sees itself as eternal. In a dictatorship the distribution of power among state’s agencies is destroyed to allow for its accumulation in the hands of the dictator who uses this concentration to reward his friends and punish his foes. In a dictatorship, power is heavily centralized and unidirectional, from top to bottom.

Within every dictatorship, there are people of good will who eventually determine that the ruling regime is incompatible with the survival and development of the nation as they conceive it, and the only way to avoid the extinction of their nation is to change this regime and put in place a more progressive form of government. This is not an ideology; it is a necessity, it is an urgency. The opposition movement that started in Gare-Routiere in 1981 was of this kind.

However, the ruling regime is also aware of the fact that some people are very unsatisfied with the way things are and aspire to better tomorrows for their country. To neutralize them and the threat they pose if they were to convince more and more people to join them, the autocratic regime such as that of Ali Bongo, or his father before him, frequently rely on nominally plucking people from their opposition and incorporating them via cushy patronage positions into the mechanisms of power. This is a way for the Bongos to invest members of the opposition with a stake in the ruling regime’s survival. By broadening their basis of support into a part of the opposition, the Bongos have significantly lengthened their tenure in power.

So in short, being an opposition member in Gabon can be: 1) by conviction (a strong belief that the country deserves better); 2) by convenience (this is what is in vogue at the moment); or 3) by opportunism (to position oneself to be coopted by the regime). We all know who are in which category.

In our opinion this is where things are in Gabon today.

We will not give up!


Version française

La question de Monsieur Ntoutoume-Ayi se formulait à l’ origine comme suit :


Opposition ?

Dans le débat politique Gabonais, ils sont nombreux à se réclamer de l'Opposition, à se proclamer Opposant. De sorte qu'il est devenu difficile de savoir exactement à quoi cela renvoi exactement.

Opposition : Est-ce une idéologie ? Est-ce un courant de pensée ?

Si cet échange pouvait participer à nous éclairer, nous en sortirions plus riches. Intellectuellement.

D'avance merci.



Voici la contribution de ce blog :

D’abord, plantons le décor : ici il est question d’opposition politique et non d’opposition philosophique dont le champ d’étude serait nettement plus large et complexe. Nous devons aussi distinguer l’opposition politique en démocratie mature de l’opposition politique en dictature. Nous parlerons ici surtout de l’opposition politique en dictature.

Il faut d'abord noter que dans une dictature comme celle qui dirige le Gabon, le pouvoir est basé sur la capacité de ceux qui le tiennent à éliminer avec succès les rivaux politiques, non seulement temporairement mais en permanence ; parce que chaque dictature se considère éternelle. Dans une dictature, la répartition du pouvoir entre les organes de l'Etat est détruite, pour permettre son accumulation entre les mains du dictateur qui utilise cette concentration pour récompenser ses amis et punir ses ennemis. Dans une dictature, le pouvoir est fortement centralisé et unidirectionnel, du sommet vers la base.

Au sein de chaque dictature, il y a des gens de bonne volonté qui finissent par déterminer que le régime au pouvoir soit incompatible avec la survie et le développement de la nation telle qu'ils la conçoivent, et le seul moyen d'éviter l'extinction de leur nation consiste à changer ce régime et à mettre en place une forme de gouvernement plus progressiste. Ce n'est pas une idéologie; c'est une nécessité, c'est une urgence. Le mouvement d'opposition qui a commencé à la Gare-Routière en 1981 était de ce type.

Cependant, le régime au pouvoir est également conscient du fait que certaines personnes sont très insatisfaites de la façon dont vont les choses et aspirent à de meilleurs lendemains pour leur pays. Pour les neutraliser la menace qu'ils représentent s'ils devaient convaincre de plus en plus de gens de se joindre à eux, les régimes autocratiques comme celui d'Ali Bongo, ou son père avant lui, s'appuient souvent sur la cooptation nominale de personnes issues de leur opposition ; et les incorporent via des positions clientélistes, dans les mécanismes du pouvoir. C'est un moyen pour les Bongos d'investir les membres de l'opposition d’un intérêt dans la survie du régime au pouvoir. En élargissant leur base de soutien à une partie de l'opposition, les Bongos ont considérablement allongé leur longévité au pouvoir.

En bref, être membre de l'opposition au Gabon peut être : 1) par conviction (une certitude forte que le pays mérite mieux) ; 2) par convenance (c'est ce qui est en vogue à l'heure actuelle) ; ou 3) par opportunisme (se positionner pour être coopté par le régime). Nous savons tous qui appartient à quelle catégorie.

À notre avis, c'est là où en sont les choses au Gabon aujourd'hui.

Nous ne lâchons rien!

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