CE BONHOMME SAIT-IL SEULEMENT CE QU’EST L’EXCELLENCE ?




Les résultats du BEPC et du bac défraient la chronique nationale en ce moment. Ce blog a voulu prendre du recul et rattacher l’éducation au Gabon à son environnement social, culturel et politique. Nous nous sommes demandés si un personnage fantasque comme Ali Bongo était un porte parole crédible pour l’excellence intellectuelle. Si les élèves et étudiants voient en Ali Bongo la personnification de l’effort et l’incarnation du mérite. Nous osons penser que non. Alors, le désastre éducatif gabonais est peut être aussi alimenté par des mauvais modèles, des mauvais exemples et une trop forte dose d’imposture.

1. Ceux qui investissent dans l’éducation obtiennent les meilleurs resultats. Ce n’est pas sorcier.
Dans l'ensemble, les statistiques mondiales démontrent que les pays riches tendent à obtenir de meilleurs résultats que les pays pauvres en matière d'éducation. Les études laissent penser que les élèves tout comme les écoles réussissent le mieux dans un contexte caractérisé par de fortes ambitions qui sont aussi catalysées par des relations saines, étroites et de partenariat entre enseignants et élèves. C’est dans ce contexte que les élèves trouvent de meilleures dispositions à s'investir dans leurs études avec sérieux, d’être moins anxieux, et sont prêts à observer les règles disciplinaires nécessaires à une excellente éducation. Dans la plupart des pays qui ont réussi à établir un système éducatif performant, les intellectuels locaux jouent un grand rôle dans la définition du contenu de l'enseignement, dans l’évaluation des ressources nécessaire à cet enseignement et dans l'utilisation de ces ressources. Mais il y a des réalités accablantes qui démontrent qu’au Gabon nous sommes loin du compte. Par exemple nous savons que le statut économique d’un foyer a une forte incidence sur les résultats scolaires des enfants de ce foyer. Ainsi, les élèves dont les parents possèdent un emploi bien rémunéré, un bon niveau d'instruction et, à la maison, des biens "culturels", ont en moyenne, dans tous les pays, des résultats bien meilleurs que ceux qui n'ont pas ces avantages. Au Gabon, quel est le taux de foyers qui correspondent a cette description ? S’il n’y a que 10% des foyers gabonais offrant aux enfants des conditions économiques, culturelles et sociales propices, alors ne nous étonnons pas que cette même proportion soit celle qui réussie au Bac dans les conditions actuelles du pays. Quand on s’attaque aux élèves ou aux professeurs, demandons-nous dans quel environnement social opèrent ces derniers ? Nous voulons qu’ils soient des surhommes et fasse des miracles académiques dans un climat où tout est fait pour que l’échec scolaire soit la sentence la mieux partagée. Quand Ali Bongo parle d’excellence, il ne connait vraisemblablement rien des préalables qui devraient faciliter cette excellence.

2. Plus que jamais, comme le dit le proverbe, pour mieux éduquer les jeunes gabonais, il faut « un village » entier.
Nous l’avons dit et redit sur ce blog, nous nous répétons encore ; il faut arrêter avec les slogans creux et faire les choses de manière systématique avec le plus grand professionnalisme. On ne peut pas éduquer les gabonais avec la légèreté dont fait preuve le gouvernement d’Ali Bongo. Les choses sont tellement bancales au Gabon, que nous sommes persuadés que la majorité des gabonais ne sauraient pas répondre a la question de savoir : « quel est le but d’une éducation scolaire ? » Nous osons même nous avancer a prédire qu’après 42 ans de bongoïsme, la majorité des gabonais répondraient que l’éducation servirait pour être embauché dans une entreprise bien cotée, ou encore dans un bon ministère juteux avec des fonds communs. Mais ils se trompent, parce que le but d’une éducation, d’après les sociologues, est : « d’améliorer et de faire avancer les intérêts de sa communauté, de sa ville, de son pays, de l’humanité, et assurer sa survie ». Quand on étudie les civilisations africaines, nos ancêtres l’avaient clairement compris. S’il fallait un village entier pour élever un enfant, c’était parce que nos ancêtres travaillaient comme un seul groupe et qu’ils avaient compris qu’en arrivant à l’âge adulte, l’enfant ferait, à son tour, tout pour favoriser les intérêts de sa société. Rien n’interdit l’enrichissement, mais les motivations des jeunes japonais, américains, allemands, etc., sont d’abord sociétales. Un jeune américain rêve d’aller dans l’espace pour faire quelque chose de grand pour son pays. Un jeune Japonais est dévolu à Toyota ou Sony parce que ce sont les symboles d’un Japon fort. Ce sont ces genres de pays et sociétés qui produisent des Martin Luther King qui sont prêt à se sacrifier pour faire changer les choses, pour améliorer le sort du plus grand nombre. La société gabonaise ne saurait produire la même émulation car on dit au jeune gabonais qu’une Lexus est plus importante qu’un dispensaire. Ce concept est renforcé quand on voit Ali Bongo étaler ostentatoirement ses biens matériels dans un pays qui manque de tout. Comment quelqu’un dont la famille possède des dizaines de propriétés immobilières dans les endroits les plus chers du monde, tout ceci obtenu en pillant le Gabon et non par l’effort, viendra nous dire que seul le travail paie ? De qui se moque t-on ?

Nos ancêtres n’ont jamais laissé l’éducation de leurs enfants au hasard, parce que la cohésion de leur société était d’une importance primordiale. Il y avait des critères stricts d’avancement hiérarchique dans la société. Cette société avait un mode de fonctionnement qui était régulé et qui était applique à tous sans distinction. Aujourd’hui, peut-on dire que les économistes, éducateurs, sociologues, médecins, artistes, avocats, bref les instruits gabonais, ont une quelconque place dans l’élaboration des systèmes éducatifs en vigueur chez nous? Nous pensons que non. Alors pourquoi s’étonner que nous ayons le pire système d’éducation? Vu que notre éducation n’a jamais été conçue pour favoriser nos intérêts sociaux ou nationaux, ce système est complètement désorganisé et ne répond en rien aux besoins des étudiants nationaux. Ne nous étonnons donc pas que ce système éducatif montre des signes d’autodestruction. Dans ce contexte, de quelle excellence parle donc Ali Bongo ?

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