“L’AFRIQUE FRANCOPHONE M’INQUIĖTE”. DIXIT, LE VICE PRĒSIDENT DE LA BANQUE AFRICAINE DE DĒVELOPPEMENT
Mthuli Ncube Vice-président et Chef Economiste à la BAD
Pendant que la françafrique était réunie sur les Champs à célébrer le passé glorieux de la France, des gens sérieux diagnostiquaient du devenir de cette Afrique, loin des sourires hypocrites et des politesses de circonstances. L’un de ceux qui nous livrent ce diagnostic, est sud-africain, et occupe l’un des postes de Vice-présidence à la BAD.
1. L’Afrique est la région qui a le mieux résisté à la crise mondiale
L’homme s’appelle Mthuli Ncube, il est professeur d’économie de nationalité Sud Africaine, Vice-président et Chef Economiste à la BAD. Il vient de publie un rapport dont le titre est : « African Economic Outlook 2010 », et c’est la revue « Engineering News » qui nous en parle. Dans ce rapport, l’illustre économiste nous apprend que l’Afrique serait la région qui jouirait de la croissance la plus rapide dans le monde en ce moment. En 2010, ce rapport de la BAD prédit une croissance globale de 4,5% pour l’Afrique, en 2011 elle serait de 5,5% et de 6% en 2012. En contrepartie, l’inflation en Afrique aurait un taux global de 6,3% et devrait encore chuter dans les 2 prochaines années. D’après cet économiste, l’environnement est propice pour un décollage économique en Afrique. D’après les analyses de cet économiste, les résultats positifs de l’Afrique aujourd’hui ont leurs origines dans les reformes prises par certains pays dans les années 90. Ces pays ont été disciplinés dans leur reformes économiques et ont maintenu des taux de croissance allant jusqu’à 2 chiffres, depuis plusieurs années. Plus important, cet économiste affirme encore qu’un autre aspect qui a aidé plusieurs pays africains a été la flexibilité de leur monnaie. Les pays ayant des monnaies flexibles ont été capables d’ajuster les taux de change face aux devises fortes étrangères comme le dollar ou l’euro, ce qui permit à ces pays de mieux absorber les chocs des fluctuations. Ici, il est important de noter que les pays de la zone franc ne disposent d’aucune flexibilité car leur monnaie est rigide avec des taux de change prédéterminés sur l’euro. Un autre facteur favorisant la croissance actuelle est que ces pays africains ont aborde la récession avec des surplus fiscaux, ce qui leur a permis de mieux résister face a la crise. En Afrique centrale, la Guinée-Equatoriale avait des surplus et n’a pas connu la récession alors que le Gabon était exsangue et a connu une « croissance négative ».
2. Toute l’Afrique n’a pas ces bons résultats ? Non, le pré-carré Français est la région la moins performante d’Afrique
La région la plus performante d’Afrique en termes de croissance serait, d’après ce rapport, l’Afrique de l’Est. L’Ethiopie avec ses 85 millions d’habitants a réussi ses reformes et connait une croissance en 2010 de 10%. Les pays comme la Tanzanie et le Rwanda ont de très impressionnants systèmes de management macroéconomiques. Le Rwanda serait le seul pays en Afrique qui a un département de planification stratégique sur le modèle de Singapour. En Afrique de l’Ouest, le Nigeria est en train de réussir son pari de diminuer sa dépendance économique envers le pétrole. En effet pour la première fois depuis les indépendances, ce pays qui dans les années 90 tirait 95% de ses revenus du pétrole, n’en tire plus aujourd’hui que 32,3%. Pour la première fois de son histoire, l’agriculture pèse plus lourd dans le produit intérieur brut du Nigeria que le pétrole ; l’agriculture est désormais à 36,5%. En Afrique du Nord, il ya des pays émergents comme l’Egypte qui ont développés une vraie culture de l’entreprenariat ; il y a l’Algérie et la Tunisie qui ont des matières premières mais aussi une bonne diversification grâce à l’agriculture et au tourisme. L’Afrique Australe n’a pas une croissance rapide en ce moment, mais ses économies sont stables et fortes avec l’Afrique du Sud, l’Angola, le Botswana, la Namibie. Notre économiste conclu son rapport avec ce qu’il appelle « the risk factors » (les facteurs de risques ». Dans cette catégorie, il range toute l’Afrique noire francophone, cette belle galette de défilants devant Sarkozy sur les Champs Elysées, dans le paragraphe suivant, dont nous vous donnons la version originale en Anglais pour vous communiquer avec fidélité la gravité du propos avant de vous le traduire en français :
“I am worried about French West Africa. It’s very closely tied to France and the eurozone. The four African countries whose economies shrank last year were all in Francophone West Africa – Chad, Gabon, Mauritania and Niger.”
Ce qui donne en français: “Je suis très inquiet de l’Afrique francophone. Elle est très liée à la France et à l’Euro. Les 4 pays africains dont les économies se sont réduites l’année dernière (2009), étaient tous des pays francophones d’Afrique de l’ouest, le Tchad, le Gabon, la Mauritanie et le Niger".
Chers lecteurs, pendant que les cigales françafricaines chantent, dansent et se font tout belles sur les champs pour le plaisir de Sarkozy, les autres pays africains eux s’activent vers les vrais enjeux et se prennent en mains. Un classement publié par le Forum Economique Mondial a répertorié les 10 économies les plus performantes d’Afrique. Seriez vous surpris d’apprendre que sur la liste il n y avait pas un seul pays de la françafrique sub-saharienne ? Le «Rapport sur la compétitivité en Afrique 2009», dont les résultats ont été publiés par le Forum économique mondial, la Banque africaine de développement et la Banque mondiale, avait donné le classement suivant :
1. Tunisie
2. Afrique du Sud
3. Botswana
4. L’Ile Maurice
5. Maroc
6. Namibie
7. Egypte
8. Gambie
9 Kenya
10 Nigeria
Voici le genre de réalités sur lesquelles les émergents ne veulent pas que les gabonais s’attardent. Il est plus facile de vous promettre une émergence qui n’est que de la poudre aux yeux. Les chiffres sont là, dans toute leur crudité. La françafrique est lamentable, point barre.
Qui est Mthuli Ncube?
Il est né en 1965
Diplômée d’un doctorat de l’université de Cambridge en Angleterre
Avant la Vice-présidence de la BAD, il fut Doyen de la Business School, et Professeur de Finances à l’université de Witwatersrand, à Johannesburg (le Harvard de l’Afrique du Sud).
Pendant que la françafrique était réunie sur les Champs à célébrer le passé glorieux de la France, des gens sérieux diagnostiquaient du devenir de cette Afrique, loin des sourires hypocrites et des politesses de circonstances. L’un de ceux qui nous livrent ce diagnostic, est sud-africain, et occupe l’un des postes de Vice-présidence à la BAD.
1. L’Afrique est la région qui a le mieux résisté à la crise mondiale
L’homme s’appelle Mthuli Ncube, il est professeur d’économie de nationalité Sud Africaine, Vice-président et Chef Economiste à la BAD. Il vient de publie un rapport dont le titre est : « African Economic Outlook 2010 », et c’est la revue « Engineering News » qui nous en parle. Dans ce rapport, l’illustre économiste nous apprend que l’Afrique serait la région qui jouirait de la croissance la plus rapide dans le monde en ce moment. En 2010, ce rapport de la BAD prédit une croissance globale de 4,5% pour l’Afrique, en 2011 elle serait de 5,5% et de 6% en 2012. En contrepartie, l’inflation en Afrique aurait un taux global de 6,3% et devrait encore chuter dans les 2 prochaines années. D’après cet économiste, l’environnement est propice pour un décollage économique en Afrique. D’après les analyses de cet économiste, les résultats positifs de l’Afrique aujourd’hui ont leurs origines dans les reformes prises par certains pays dans les années 90. Ces pays ont été disciplinés dans leur reformes économiques et ont maintenu des taux de croissance allant jusqu’à 2 chiffres, depuis plusieurs années. Plus important, cet économiste affirme encore qu’un autre aspect qui a aidé plusieurs pays africains a été la flexibilité de leur monnaie. Les pays ayant des monnaies flexibles ont été capables d’ajuster les taux de change face aux devises fortes étrangères comme le dollar ou l’euro, ce qui permit à ces pays de mieux absorber les chocs des fluctuations. Ici, il est important de noter que les pays de la zone franc ne disposent d’aucune flexibilité car leur monnaie est rigide avec des taux de change prédéterminés sur l’euro. Un autre facteur favorisant la croissance actuelle est que ces pays africains ont aborde la récession avec des surplus fiscaux, ce qui leur a permis de mieux résister face a la crise. En Afrique centrale, la Guinée-Equatoriale avait des surplus et n’a pas connu la récession alors que le Gabon était exsangue et a connu une « croissance négative ».
2. Toute l’Afrique n’a pas ces bons résultats ? Non, le pré-carré Français est la région la moins performante d’Afrique
La région la plus performante d’Afrique en termes de croissance serait, d’après ce rapport, l’Afrique de l’Est. L’Ethiopie avec ses 85 millions d’habitants a réussi ses reformes et connait une croissance en 2010 de 10%. Les pays comme la Tanzanie et le Rwanda ont de très impressionnants systèmes de management macroéconomiques. Le Rwanda serait le seul pays en Afrique qui a un département de planification stratégique sur le modèle de Singapour. En Afrique de l’Ouest, le Nigeria est en train de réussir son pari de diminuer sa dépendance économique envers le pétrole. En effet pour la première fois depuis les indépendances, ce pays qui dans les années 90 tirait 95% de ses revenus du pétrole, n’en tire plus aujourd’hui que 32,3%. Pour la première fois de son histoire, l’agriculture pèse plus lourd dans le produit intérieur brut du Nigeria que le pétrole ; l’agriculture est désormais à 36,5%. En Afrique du Nord, il ya des pays émergents comme l’Egypte qui ont développés une vraie culture de l’entreprenariat ; il y a l’Algérie et la Tunisie qui ont des matières premières mais aussi une bonne diversification grâce à l’agriculture et au tourisme. L’Afrique Australe n’a pas une croissance rapide en ce moment, mais ses économies sont stables et fortes avec l’Afrique du Sud, l’Angola, le Botswana, la Namibie. Notre économiste conclu son rapport avec ce qu’il appelle « the risk factors » (les facteurs de risques ». Dans cette catégorie, il range toute l’Afrique noire francophone, cette belle galette de défilants devant Sarkozy sur les Champs Elysées, dans le paragraphe suivant, dont nous vous donnons la version originale en Anglais pour vous communiquer avec fidélité la gravité du propos avant de vous le traduire en français :
“I am worried about French West Africa. It’s very closely tied to France and the eurozone. The four African countries whose economies shrank last year were all in Francophone West Africa – Chad, Gabon, Mauritania and Niger.”
Ce qui donne en français: “Je suis très inquiet de l’Afrique francophone. Elle est très liée à la France et à l’Euro. Les 4 pays africains dont les économies se sont réduites l’année dernière (2009), étaient tous des pays francophones d’Afrique de l’ouest, le Tchad, le Gabon, la Mauritanie et le Niger".
Chers lecteurs, pendant que les cigales françafricaines chantent, dansent et se font tout belles sur les champs pour le plaisir de Sarkozy, les autres pays africains eux s’activent vers les vrais enjeux et se prennent en mains. Un classement publié par le Forum Economique Mondial a répertorié les 10 économies les plus performantes d’Afrique. Seriez vous surpris d’apprendre que sur la liste il n y avait pas un seul pays de la françafrique sub-saharienne ? Le «Rapport sur la compétitivité en Afrique 2009», dont les résultats ont été publiés par le Forum économique mondial, la Banque africaine de développement et la Banque mondiale, avait donné le classement suivant :
1. Tunisie
2. Afrique du Sud
3. Botswana
4. L’Ile Maurice
5. Maroc
6. Namibie
7. Egypte
8. Gambie
9 Kenya
10 Nigeria
Voici le genre de réalités sur lesquelles les émergents ne veulent pas que les gabonais s’attardent. Il est plus facile de vous promettre une émergence qui n’est que de la poudre aux yeux. Les chiffres sont là, dans toute leur crudité. La françafrique est lamentable, point barre.
Qui est Mthuli Ncube?
Il est né en 1965
Diplômée d’un doctorat de l’université de Cambridge en Angleterre
Avant la Vice-présidence de la BAD, il fut Doyen de la Business School, et Professeur de Finances à l’université de Witwatersrand, à Johannesburg (le Harvard de l’Afrique du Sud).
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