SERAPHIN MOUNDOUNGA CRIE BEAUCOUP; MAIS DANS SES DECIBELS, PAS BEAUCOUP DE RAISON
A écouter Séraphin Moundounga crier et vociférer comme un troubadour (il en est certainement un de l'émergence!), dans tous les sens, on se demande si ce bonhomme a vraiment réfléchi sur le problème de l'éducation au Gabon. Par exemple, il affirme á répétition que la valeur des examens gabonais a très fortement décliné depuis 10 á 15 ans, et que ce sont les syndicats et ceux qui ont refusé de cautionner Ali Bongo en quittant le PDG qui en sont á l'origine. Non Moundounga, Casimir Oye-Mba, Jean Eyeghe-Ndong ou même Mamboundou ou Mba Abessole, et encore moins les syndicats, ne sont à l' origine du naufrage éducatif du Gabon. Il ne faut pas raconter des bêtises, le système éducatif gabonais est pourri depuis longtemps car nous pouvons vous donner toutes les preuves du sabordage de l'éducation gabonaise par feu Omar Bongo Ondimba et affiliés depuis la fin des années 70.
1. Dans les années 70 on jeta la compétence aux orties en octroyant souvent des bourses d'études pour l'Amérique du Nord et la Roumanie, á de parfaits incapables
Le Gabon suit un système éducatif calqué sur le modèle français. Par conséquent, c'est un système dont la clé d'entrée à l'université est le baccalauréat. On mesure souvent au Gabon l'aptitude à réussir par le baromètre du Bac. On parle de Bac+2, Bac+5, Bac +7, Bac +12, pour définir les différentes catégories de diplômes et en déduire les types d'employés qui en découlent. Le Gabon étant démographiquement faible, il est très facile de recouper l'information et aller vérifier les performances scolaires de telle ou telle personne occupant un poste de haute responsabilité. Ce qui est important ici, n'est pas tant que ça de vérifier si un tel ou un tel a le Bac, mais plutôt de savoir á quel type d'étudiant avons-nous affaire, est-ce un cancre pendant 9 mois puis admis d'office au bac comme par miracle? C'est ce que nous avons fait et obtenu des informations relatives au systématique sabordage de l'éducation nationale par le pouvoir Bongo et ce depuis le milieu des années 70. En effet, nous avons de bonnes sources qui ont été au collège Bessieux, à l'Immaculée Conception, au collège Quaben, au lycée Léon Mba, au Lycée Technique d'Owendo, au Lycée d'état de l'estuaire, et à Raponda Walker. Si vous sortez d'un de ces établissements, il y a moyen de savoir si vous étiez un bon, moyen, ou minable élève, et si votre Bac peut être considéré comme suspect ou pas. D'après nos sources, c'est au milieu des années 70 qu'on a commencé à voir des gens ayant eu entre 5 et 7 de moyenne toute l'année dans nos lycées et collèges réussir brillamment comme par enchantement au Bac. A cette époque, il n'y avait aucun syndicat et tout le monde allait passer le Bac au lycée Léon Mba, et ni Oye-Mba, ni Eyeghe-Ndong, Mba-Obame ou Mamboundou et encore moins Mba-Abessole, n'étaient aux affaires. Il est aussi établi qu'a cette époque, tous ceux qui bénéficiaient de ces Bac miracles étaient invariablement "de la présidence" comme on disait par euphémisme. Nous avons eu un témoignage d'un ainé et ami de ce blog qui nous a affirmé qu'en terminale dans un établissement de la place, un de ses collègues de la "présidence" dont les notes dépassaient rarement les 5-6/20, se ventait de ne pas être inquiet car son Bac était une garantie et son départ pour le Canada une certitude. Nous avons vérifié et cette personne fait, en ce moment, une carrière exceptionnelle aux plus hautes sphères de l'état au Gabon. Nous ne voulons pas nous étendre mais c'est ce genre de comportement de la part de la présidence de la république, qui a tué l'éducation au Gabon. Ali Bongo lui-même est venu passer le Bac au Gabon, lors d'une session exceptionnelle de Septembre qu'avait décrété son père, exclusivement suite à son échec au Bac en France á la session de Juin. Vous vous rendez compte? On passe le Bac en France, on échoue; mais comme papa possède une république bananière, il décrète que fiston viendra réussir au Bac en Septembre dans la bananeraie. C'est ainsi qu'il est venu ramasser le Bac gabonais en septembre après avoir bringué tout l'été à Libreville à chanter avec Jimmy Ondo, ensuite il est reparti en France. C'est ce même Ali Bongo qui aujourd'hui parle d'excellence; mais qui est fou! Encore plus grave, dans le cadre de la coopération avec la Roumanie, des bourses d'études furent mise à la disposition du Gabon pour ce pays. Nous avons connaissance de personnes sans Bac qui bénéficièrent de bourses de catégories pour étudiants avec Bac. Nous ne voulons pas enfoncer inutilement le clou mais là encore le dénominateur commun était que les bénéficiaires de ces passe-droits étaient souvent en affiliation avec la présidence. Comment peut on croire que des gens dont l'existence dépend du dénie de la compétence, soient ceux par qui la compétence va être appliquée. Il ne faut pas se leurrer, ces gens de pouvoir se reserveront toujours la part du lion, dans tous les débouchés, compétences ou pas. Le vers est dans le fruit depuis longtemps et beaucoup de ceux qui crient à "l'émergence" aujourd'hui ont eux-mêmes bénéficiés du système de débasement de l'éducation gabonaise. Alors qu'on arrête la comédie!
2. Quand les diplômes dument obtenus ne servent à rien, alors c'est toute l'éducation qui en perd de son prestige
Séraphin Moundounga n'ignore pas que le Gabon a des médecins formés au CUSS (á l'époque) qui sont très compétents et d'autres sortis du même établissement et en parallèle avec les autres, qui sont de véritables charlatans n'ayant obtenu le diplôme que grâce á une directive présidentielle spéciale qui exigeait que la réussite soit toujours á la clé. Nous sommes près à lui citer des noms si nécessaire. Alors, quand on parle de la culpabilité des syndicats et autres, commençons par le commencement et examinons de fond en comble le problème. De notre point de vue, si la valeur des diplômes a très fortement déclinée au Gabon de nos jours, par rapport à ce que ces diplômes auraient donné trente ans plus tôt, ce n'est pas tant que ça la faute des syndicats, mais celle de ceux qui ont donné ces diplômes á des non méritants. C'est ça l'origine du problème, car á quoi sert il de trimer pendant 7 ans pour être médecin, si un ou une collègue peut arriver comme vous á destination, sans avoir á réellement travailler? De la même façon, á quoi servent le patriotisme et l'amour de la nation, si les élections au Gabon restent systématiquement truquées? Pourquoi un enseignant devrait se motiver s'il sait qu'il vit dans un quartier sous intégré, avec des rats gros comme des chats, sans eau ni électricité? Pourquoi les jeunes au sein des nouvelles générations devraient-ils travailler durs, s'ils peuvent obtenir de meilleurs résultats en faisant la campagne d'Ali Bongo á coup de music rap? D'autant plus que ces jeunes savent que ce n'est pas en ayant des diplômes que l'on est sûr de se loger décemment, ou de trouver une place de choix dans la société. Le système de passe-droit est tellement établi dans la société gabonaise que beaucoup de diplômés légitimes ne peuvent pas trouver des emplois correspondant aux qualifications scolaires qu'ils ont reçues, car ces emplois sont gangrenés par des "ayant droits arrogants". Beaucoup de ces jeunes diplômés restent ainsi aux crochets de leurs parents jusqu'à des âges vénérables, en raison d'une correspondance décroissante entre leurs qualifications et les emplois réels disponibles dans la société. Ce phénomène structurel est très lourd à porter. Il donne un sentiment délétère chez les parents qui se disent que leurs enfants, avec de nombreuses années d'études en plus, se retrouvent plus bas qu'eux-mêmes dans la société.
Quand Moundounga accuse les syndiqués, il oublie d'avouer qu'au Gabon, tout est mis en œuvre pour que l’école ne produise pas de véritables fruits, car tout est manipulé; de l'attribution des bourses aux embauches une fois les diplômes obtenus. Il y a aussi la précarité des enseignants qui empiète sur leur vocation et met leur conscience professionnelle à rude épreuve. La qualité des enseignants ne peut que s'en ressentir. Comment peut-il en être autrement quand ces enseignants font généralement de mauvaises entrées dans la vie active avec de longues périodes sans salaire qui ont des conséquences de longue durée. La fracture de l'éducation est là, mais on ne voit pas les dispositifs permettant de pallier aux difficultés. C'est bien beau de venir accuser les gens sur la place publique, mais Séraphin Moundounga devrait pousser l'analyse et la réflexion plus loin au lieu de jouer simplement au ventriloque émergent.
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